Par Dohotani Yeo | Lementor.net
La gestion des finances publiques en Côte d’Ivoire continue de démontrer une capacité de résilience et de performance. Entre janvier et fin juin 2025, le Trésor public ivoirien a réussi à lever 8 243,5 milliards de FCFA, soit près de 14,77 milliards de dollars US, sur le marché de la dette, hors comptes spéciaux. Ce chiffre, en forte progression par rapport aux années précédentes, illustre la solidité de la signature ivoirienne et la confiance renouvelée des investisseurs dans la trajectoire économique du pays.
Cette mobilisation intervient dans un contexte international pourtant marqué par des tensions financières, des taux d’intérêt élevés et un resserrement du crédit sur les marchés mondiaux. Malgré cela, l’État ivoirien a su capter des ressources conséquentes, confirmant son statut de référence en Afrique de l’Ouest. Selon des sources proches du Trésor, cette performance représente une augmentation de plus de 58 % par rapport à la même période en 2024, preuve d’une stratégie proactive et d’une crédibilité renforcée.
L’utilisation de ces fonds est orientée vers le financement des dépenses courantes de l’État, la consolidation des grands projets d’infrastructures, ainsi que le soutien aux secteurs stratégiques tels que l’énergie, l’agriculture et la transformation industrielle. Ces ressources permettent également de renforcer la stabilité budgétaire en période pré-électorale, garantissant la continuité de l’action publique et le respect des engagements sociaux.
Derrière ces chiffres se dessine une politique assumée d’accès accru aux marchés financiers régionaux et internationaux. Abidjan s’impose désormais comme une place incontournable pour les investisseurs, avec un marché sous-régional de plus en plus dynamique. Les émissions de titres publics ivoiriens, qu’il s’agisse de bons du Trésor ou d’obligations, affichent des taux de souscription élevés, parfois supérieurs à 120 % de l’offre, ce qui traduit un appétit certain des investisseurs pour la dette ivoirienne.
Toutefois, cette dynamique soulève aussi des interrogations sur la soutenabilité de la dette à moyen terme. Si les autorités mettent en avant un ratio dette/PIB contenu à environ 55 %, largement en dessous du seuil de 70 % fixé par l’UEMOA, certains économistes appellent à la prudence. La hausse continue des besoins de financement impose de maintenir une discipline budgétaire stricte, afin d’éviter tout dérapage qui pourrait fragiliser la croissance.
En définitive, cette levée record de fonds traduit à la fois la vitalité et la crédibilité de l’économie ivoirienne, tout en rappelant la nécessité de transformer ces ressources en investissements productifs et durables. La réussite de ce pari dépendra de la capacité de l’État à orienter efficacement ces financements vers des projets porteurs de croissance inclusive, capables de réduire les inégalités et de renforcer la cohésion sociale.
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