À mesure que l’élection présidentielle approche en Côte d’Ivoire, le spectre de la crise identitaire refait surface, menaçant de raviver des tensions profondément ancrées dans l’histoire politique du pays. Pourtant, le poids de ce passé devrait nous pousser à la réflexion plutôt qu’à la division.
L’histoire récente nous rappelle l’amertume des polémiques identitaires qui ont précipité la nation dans une guerre civile meurtrière. Deux figures politiques emblématiques en sont les symboles : Djéni Kobina Georges Kouamé, fondateur du RDR, et Alassane Ouattara, actuel Président de la République. Tous deux ont vu leur nationalité contestée, malgré leurs fonctions publiques au service de la Côte d’Ivoire. Leur parcours démontre à quel point le déni de patronyme a été instrumentalisé à des fins partisanes.
Pourtant, la Côte d’Ivoire est un pays de brassage ethnique et culturel. De l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud, elle témoigne d’une diversité qui devrait être célébrée comme une richesse et non utilisée comme une arme politique. Le code de la nationalité est clair, et l’héritage de Félix Houphouët-Boigny, père fondateur de la nation, prône l’unité. Celui qui a su réunir les Ivoiriens autour d’un idéal commun a lui-même incarné cette vision en naturalisant des fils d’immigrés, ouvrant ainsi la voie à une nation inclusive.
Le cas de Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA et petit-fils de Félix Houphouët-Boigny, en est un exemple criant. Remettre en question son identité ivoirienne revient à nier l’essence même du projet de société voulu par son grand-père. Un projet fondé sur l’ouverture, le métissage et le vivre-ensemble.
En Afrique de l’Ouest, les frontières coloniales ont tracé des lignes artificielles à travers des peuples liés par des langues, des cultures et des patronymes communs. Les Ouattara, Koné, Touré ou Kouamé traversent les frontières du Mali, du Burkina Faso, du Ghana et du Togo, tissant un réseau de liens familiaux au-delà des États-nations modernes.
Alors que d’autres nations valorisent la diversité comme un levier de progrès – à l’image des États-Unis avec Barack Obama – pourquoi la Côte d’Ivoire persiste-t-elle à en faire un sujet de discorde ?
Il est temps d’élever le débat politique en Côte d’Ivoire. Les enjeux actuels dépassent largement les questions identitaires. Les Ivoiriens aspirent à des discussions constructives sur le bien-être social, le développement économique, la création d’emplois et l’amélioration des infrastructures. Ce sont là les véritables défis à relever pour assurer un avenir prospère à la jeunesse ivoirienne.
La classe politique doit faire preuve de maturité et de responsabilité. Les discours identitaires doivent être strictement encadrés, et des sanctions exemplaires doivent être appliquées en cas de dérive. Nous ne pouvons plus nous permettre de replonger dans les heures sombres de la division et de la haine.
Le développement amorcé sous la présidence d’Alassane Ouattara ne pourra être consolidé que par une stabilité politique durable et des élections inclusives, dont les résultats seront acceptés par tous. Cette stabilité est essentielle pour attirer les partenaires techniques et financiers ainsi que les investisseurs étrangers, moteurs de croissance et d’opportunités pour les jeunes générations.
Si la Côte d’Ivoire veut figurer parmi les grandes démocraties africaines, elle doit transcender les querelles identitaires pour se concentrer sur son développement socio-économique. Les leaders politiques doivent agir avec responsabilité, tandis que la société civile doit jouer son rôle de vigie pour dénoncer toute manipulation identitaire.
Il est temps de tourner la page des divisions pour écrire ensemble un avenir de paix, de prospérité et d’unité nationale.
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