L’ancien président guinéen Moussa Dadis Camara, détenu à la Maison centrale de Conakry depuis plus d’un an, a été la cible d’un commando armé qui a tenté de le faire évader samedi 4 novembre 2023. Selon son avocat, maître Pepe Antoine Lamah, il ne s’agit pas d’une évasion, mais d’un enlèvement.
Dadis Camara est poursuivi pour son rôle dans le massacre du 28 septembre 2009, qui avait fait près de 160 morts et une centaine de femmes violées au stade de Conakry, lors d’une manifestation contre sa candidature à l’élection présidentielle. Il est incarcéré depuis octobre 2022, avec trois autres officiers de la junte : les colonels Blaise Goumou, Claude Pivi et Moussa Thiègboro Camara.
Le commando, composé d’une dizaine d’hommes en tenue militaire, est arrivé à la prison vers 3h30 du matin. Il a neutralisé les gardes et a exigé que les quatre détenus sortent de leur cellule et montent dans un pick-up. Selon l’avocat de Thiègboro Camara, Jean Moussa Sovogui, les ravisseurs ont dit être venus chercher le président Dadis Camara.
Les quatre prisonniers ont été emmenés vers une destination inconnue, mais ils ont réussi à s’échapper en cours de route. Ils se sont rendus de leur propre chef à la Maison centrale, où ils ont été accueillis par les autorités pénitentiaires. Le procureur général près la Cour d’appel de Conakry, Mory Doumbouya, a confirmé leur retour en détention et a annoncé l’ouverture d’une enquête pour identifier les auteurs de l’opération.
L’enlèvement raté de Dadis Camara et de ses co-accusés soulève de nombreuses questions sur la sécurité de la prison et sur les motivations des commanditaires. Certains observateurs y voient une tentative de déstabilisation du pouvoir en place, à quelques mois de l’élection présidentielle prévue en juin 2024. D’autres y voient une manoeuvre pour retarder le procès du massacre du 28 septembre, qui n’a toujours pas commencé malgré les promesses des autorités.
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