Dans une déclaration qui risque de secouer profondément le paysage politique ivoirien, Diabaté Bêh, vice-président du Front Populaire Ivoirien (FPI) dirigé par Pascal Affi N’Guessan, a explicitement rejeté l’appel de Bonoua. Ce bastion historique de résistance semble désormais hors du radar du FPI dans sa configuration actuelle. En affirmant publiquement que cet appel « ne concerne en aucune manière » le parti, Diabaté Bêh a tracé une ligne claire entre le FPI d’Affi et son passé contestataire, tout en renforçant le partenariat avec le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). Mais à quel prix ?
Le choix de maintenir une alliance avec le RHDP en vue des élections de 2025 n’est pas sans risques. Certes, la consolidation de ce partenariat permettrait au FPI d’Affi de rester pertinent sur la scène politique nationale. Mais ce calcul stratégique pourrait aussi se retourner contre le parti, menaçant son identité politique. Historiquement, le FPI s’est construit autour d’une critique acerbe du pouvoir en place, sous les régimes précédents. Cette alliance avec le RHDP, perçu comme le détenteur du pouvoir, pourrait aliéner une partie de sa base militante.
En tournant le dos à Bonoua, souvent vue comme le symbole de la résistance, le FPI se distance de ses racines. Cette décision, perçue par certains comme une soumission aux forces en place, pourrait affaiblir la légitimité du parti auprès de ses soutiens traditionnels.
La question clé ici est de savoir si les militants du FPI accepteront de suivre cette ligne de conduite. Alors que certains cadres du parti prônent la realpolitik et une stratégie pragmatique pour les échéances de 2025, d’autres craignent une dilution de l’identité du FPI. Cette posture d’alliance avec le RHDP pourrait également exacerber les tensions internes, en particulier avec les partisans plus radicaux qui ne voient dans cette manœuvre qu’une abdication face au pouvoir.
La stratégie du FPI sous la direction d’Affi N’Guessan vise à se repositionner comme un acteur majeur en se rapprochant du RHDP. Mais ce virage stratégique laisse planer des doutes sur l’avenir du parti et sa capacité à concilier les attentes de sa base avec ses ambitions politiques. Peut-il réussir cette manœuvre délicate sans perdre son âme contestataire ?
Si le message du vice-président Diabaté Bêh est clair, l’avenir du FPI est moins certain. En se ralliant au RHDP, le FPI d’Affi semble faire le choix d’une stabilité politique à court terme. Toutefois, à mesure que l’échéance de 2025 approche, la question cruciale demeure : combien de militants seront prêts à sacrifier l’esprit frondeur du FPI pour une alliance avec le pouvoir ?
Dans ce contexte, l’appel à ignorer Bonoua pourrait se révéler être une erreur stratégique, un signe que le parti est prêt à tout pour rester dans la course présidentielle, quitte à délaisser une partie de sa base historique. Le FPI d’Affi N’Guessan se trouve à un tournant décisif. Sa survie politique dépendra de sa capacité à équilibrer les intérêts de ses militants avec ses alliances. La présidentielle de 2025 pourrait bien être un test de cette stratégie. Mais à force de s’aligner sur le pouvoir, le FPI pourrait risquer de s’effacer dans le paysage politique ivoirien, perdant ainsi l’essence qui a forgé son identité.
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