Par AN | Lementor.net
Le gouvernement malien a durci le ton sur le plan diplomatique. Dans une note rendue publique le 10 novembre, les autorités de transition ont annoncé que tout ressortissant d’un pays ayant officiellement demandé à ses citoyens de quitter le Mali sera désormais considéré comme persona non grata dès son départ effectif. Une décision que Bamako justifie par le « principe de réciprocité diplomatique » et la volonté de défendre « la dignité et la souveraineté de l’État malien ».
Cette annonce intervient après une série d’avertissements émis par plusieurs chancelleries occidentales – notamment la France, l’Allemagne, l’Italie, le Canada et les États-Unis – qui ont recommandé à leurs ressortissants de quitter le pays face à la dégradation du climat sécuritaire.
Le communiqué, signé par le ministre de l’Administration territoriale et porte-parole du gouvernement, le général de division Abdoulaye Maïga, souligne l’attachement du Mali à des relations internationales fondées sur « le respect mutuel et la non-ingérence ».
Crise énergétique et pressions sécuritaires
Depuis septembre, le Mali traverse une situation d’urgence inédite. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, a imposé un blocus pétrolier sur une large partie du territoire. Les attaques contre les convois de carburant se multiplient, causant incendies, enlèvements et pertes humaines.
Cette stratégie, que plusieurs observateurs qualifient de « djihad économique », vise à asphyxier le pays par la pénurie. Le Timbuktu Institute estime que le JNIM « cherche désormais à paralyser le pays en frappant ses nerfs vitaux : le carburant, l’électricité et le commerce ».
Les conséquences sont lourdes : stations-service à sec, coupures d’électricité récurrentes, hausse des prix, ralentissement des transports et tensions sociales dans plusieurs grandes villes, notamment Mopti et Bamako.
Un isolement diplomatique assumé
Pour les autorités de transition, la fermeté diplomatique est une réponse à ce qu’elles perçoivent comme des pressions extérieures. La mesure annoncée ce 10 novembre s’inscrit dans la continuité d’une politique d’affirmation souveraine engagée depuis le retrait des forces françaises de Barkhane et celui de la MINUSMA.
Bamako entend désormais repositionner le Mali comme un acteur indépendant dans ses choix sécuritaires et stratégiques, privilégiant de nouveaux partenaires, dont la Russie, pour son appui militaire et logistique.
Cependant, cette posture de réciprocité comporte des risques. Si elle séduit une partie de l’opinion nationale, qui y voit une marque de fierté et d’indépendance, elle inquiète d’autres Maliens, conscients que l’isolement international pourrait accentuer la crise économique et humanitaire.
Entre souveraineté et dépendance
Alors que le pays subit les effets d’un blocus énergétique et d’un ralentissement économique, la question reste entière : comment concilier affirmation souveraine et nécessité de coopération internationale ?
Le gouvernement malien, en appliquant une diplomatie de fermeté, veut défendre sa dignité sur la scène mondiale. Mais le prix de cette souveraineté assumée pourrait être élevé, dans un contexte où les besoins humanitaires et logistiques du pays nécessitent toujours un appui extérieur.
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