La Rédaction
À mesure que l’échéance présidentielle de 2025 approche, le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) se trouve confronté à une question stratégique de première importance : comment assurer sa participation effective à une élection dont l’enjeu dépasse largement la seule symbolique d’un retour de la gauche au pouvoir ? La récente déclaration du Secrétaire National Technique du PPA-CI, Fernand Ahile, apporte un éclairage précieux sur les tensions internes, les calculs prudents, et la quête d’efficacité politique qui agitent les hautes sphères du parti.
En rejoignant publiquement la proposition du ministre Ahoua Don Mello en faveur d’une candidature de précaution, Fernand Ahile ne se contente pas de soutenir un camarade critiqué. Il prend position pour une stratégie de sauvegarde électorale, dans un contexte juridique et institutionnel où la candidature de Laurent Gbagbo reste incertaine. L’idée, aujourd’hui débattue, consiste à déposer d’autres candidatures au nom du parti, qui deviendraient automatiquement caduques si celle du président fondateur venait à être validée. Une stratégie simple dans sa forme, mais profondément politique dans sa portée.
Le soutien exprimé par Fernand Ahile marque un tournant. En tant que membre du Secrétariat Général, en charge de la communication et des manifestations, il apporte au débat interne une légitimité organisationnelle forte. Son intervention révèle aussi une inquiétude partagée au sein d’une frange du parti : celle de voir le PPA-CI répéter les erreurs de 2020, en misant tout sur une candidature unique, vulnérable à une disqualification institutionnelle.
Ce positionnement met en lumière un dilemme fondamental pour le PPA-CI. Faut-il rester dans une logique de fidélité exclusive à la figure historique de Laurent Gbagbo, au risque d’être une nouvelle fois exclu de la compétition électorale ? Ou faut-il ouvrir, temporairement et tactiquement, une porte à d’autres figures, garantes de la continuité de la vision et capables d’incarner l’offre politique du parti en cas d’empêchement juridique ?
Le débat, bien que sensible, n’est ni un signe de division ni une remise en cause du leadership de Laurent Gbagbo. Au contraire, il témoigne de la maturité d’un parti qui aspire à gouverner à nouveau et qui comprend que l’attente populaire dépasse les symboles. Comme l’écrit Fernand Ahile, Laurent Gbagbo est déjà « entré dans l’histoire », y compris au-delà des frontières ivoiriennes. Le vrai défi, aujourd’hui, est d’écrire l’avenir.
Le Parti a, certes, ses traditions, ses codes de loyauté, et son histoire. Mais il fait aussi face à un contexte politique mouvant, dans lequel la prudence tactique ne doit plus être vue comme une trahison, mais comme un signe de lucidité. La suggestion d’Ahoua Don Mello, relayée et consolidée par Fernand Ahile, mérite donc d’être examinée avec sérieux, sans procès d’intention ni anathèmes.
Ce débat pourrait être salutaire. Il appelle le PPA-CI à réaffirmer son engagement pour l’alternance, en se dotant d’un plan B crédible. Il invite à faire confiance à l’intelligence collective du parti pour éviter une nouvelle déception électorale. Et il interpelle le leadership pour qu’il donne à la base militante, nombreuse et impatiente, les moyens de rester mobilisée.
La candidature de précaution ne vise pas à affaiblir une autorité, mais à garantir une présence. C’est, en cela, une démarche éminemment politique, mais aussi profondément responsable. Il appartient désormais au PPA-CI d’en débattre avec hauteur et sens des réalités.
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