Dans un entretien exclusif accordé à AFO Média, publié le 16 octobre 2024, Laurent Gbagbo est revenu sur un épisode financier controversé qui continue d’agiter les relations entre Paris et Abidjan. Cette affaire, impliquant une somme de 2 milliards de francs CFA remise à Jacques Chirac, est de nouveau sous les projecteurs suite aux révélations de Robert Bourgi, ancien conseiller officieux de l’Élysée pour l’Afrique.
C’est dans le cadre de la promotion de ses mémoires, “Ils savent que je sais tout – Ma vie en Françafrique”, que Bourgi a révélé l’existence de ce transfert d’argent, jetant ainsi un pavé dans la mare. Mais pour l’ancien président ivoirien, cette information n’a rien de nouveau. “Je suis étonné que ça paraisse comme quelque chose de nouveau aujourd’hui, parce que depuis 2014, dans le livre que j’ai écrit, je l’ai dit à l’intérieur”, a affirmé Gbagbo lors de l’entretien.
Le livre auquel fait référence l’ex-chef de l’État, Pour la vérité et la justice, publié en 2014 alors qu’il était incarcéré à La Haye, mentionnait déjà cette transaction. Gbagbo précise que la remise de cette somme avait été effectuée suite à une demande explicite de Jacques Chirac, alors président de la République française. “C’est parce que Jacques Chirac me l’a demandé que j’ai donné l’argent”, a-t-il déclaré.
Avec une certaine stupéfaction, Gbagbo se souvient de cet événement marquant. “C’était un étonnement pour moi de voir un président français me demander de l’argent”, a-t-il souligné, rappelant l’influence persistante de l’ancienne puissance coloniale sur certains dirigeants africains. Selon Gbagbo, cette demande de fonds symbolise la dépendance financière qui a souvent caractérisé les relations entre la France et ses anciennes colonies, un état de fait qu’il dénonce avec fermeté.
Au cours de l’entretien, Gbagbo a également révélé que Jacques Chirac n’était pas le seul chef d’État à lui avoir fait une telle demande. “Ce n’est pas le seul chef d’État qui m’a demandé de l’argent”, a-t-il précisé, tout en s’abstenant de nommer d’autres dirigeants concernés.
Une affaire qui secoue la Françafrique
Cette affaire met en lumière une nouvelle fois les zones d’ombre des relations entre certains pays africains et la France, où les pratiques de financement occulte et de soutien politique semblent avoir perduré longtemps après la fin des colonisations. Si ces révélations ne surprennent pas les observateurs les plus aguerris, elles posent toutefois la question de la transparence et de l’intégrité des dirigeants politiques, tant en Afrique qu’en France.
Alors que les relations entre Paris et Abidjan ont traversé des périodes de tension ces dernières décennies, ce nouvel épisode pourrait de nouveau raviver les débats autour des pratiques de la Françafrique et de l’influence française en Afrique. Les autorités françaises n’ont pour l’heure fait aucun commentaire sur ces nouvelles révélations, tandis que l’opinion publique africaine suit de près cette affaire.
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