Par Jean Pierre Assa
Le 20 mai 2025, la ville de Korhogo, capitale du grand nord ivoirien, accueillera un événement inédit : le forum de l’Union Inter-Partis et Société Civile (Unipop). Cette plateforme hybride, née d’une volonté de plusieurs acteurs politiques et civils de dépasser les clivages partisans, ambitionne de jeter les bases d’un « pacte de gouvernance inclusif », à quelques mois de l’élection présidentielle.
Conçu comme un espace de dialogue libre et citoyen, le forum réunira une cinquantaine de partis politiques, des organisations syndicales, des ONG, des chefferies traditionnelles, des représentants religieux ainsi que des associations de jeunes et de femmes issues des différentes régions du pays. Trois jours durant, des panels thématiques, ateliers participatifs et séances plénières aborderont des sujets de fond : réforme électorale, accès équitable aux ressources publiques, gouvernance locale, indépendance des institutions et représentativité des minorités.
Selon Dr. Armand Ouattara, coordinateur général de l’Unipop, « l’objectif est de co-construire un engagement solennel entre les forces vives de la nation pour instaurer un nouveau contrat social, fondé sur la transparence, la justice, la solidarité et la participation ». Il ajoute que ce forum n’est pas un meeting politique déguisé, mais bien un laboratoire d’idées citoyennes, ouvert à toutes les tendances.
Ce rassemblement à Korhogo n’est pas anodin. La ville, bastion symbolique du nord, a souvent été perçue comme éloignée des grands débats nationaux, dominés par les dynamiques d’Abidjan. En organisant ce forum dans cette localité, les initiateurs veulent marquer leur volonté de décentralisation du dialogue politique et de valorisation des régions dans la refondation de l’État.
Le clou de l’événement sera la proposition d’un « Pacte de Korhogo », un document programmatique et éthique que les signataires s’engageront à respecter, indépendamment de leur position électorale. Ce pacte comprendra notamment des engagements concrets en matière de reddition des comptes, d’inclusion sociale, de respect des droits humains, de transition écologique et de stabilité institutionnelle. Il devrait ensuite être soumis à l’Assemblée nationale pour examen.
Plusieurs personnalités politiques de premier plan ont annoncé leur participation ou leur soutien, à l’instar de Mamadou Koulibaly, Henriette Lagou, Alain Lobognon, ainsi que des leaders de mouvements citoyens tels que Y’en a marre Côte d’Ivoire, Générations Debout et le Réseau des Femmes Leaders. L’ambassade de l’Union européenne, le PNUD et l’Union africaine seront également représentés à titre d’observateurs.
L’initiative, bien qu’ambitieuse, n’échappe pas aux critiques. Certains responsables politiques du RHDP y voient une tentative voilée de fédérer l’opposition sous un habillage citoyen. D’autres déplorent l’absence d’une méthode de suivi contraignante pour s’assurer du respect des engagements à moyen terme. Les organisateurs assurent, quant à eux, que le forum sera suivi de mécanismes de veille citoyenne.
Alors que le climat préélectoral devient de plus en plus tendu, l’initiative de l’Unipop pourrait, si elle réussit, offrir une respiration démocratique bienvenue. Le véritable défi résidera dans la capacité à transformer ce moment de dialogue en leviers concrets de changement et en pacte sincère entre gouvernants et gouvernés.
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