Par AN | Lementor.net
L’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo a annoncé, dans une lettre ouverte rendue publique le lundi 8 décembre 2025, avoir mandaté son avocat pour introduire à nouveau un dossier auprès de la Cour pénale internationale (CPI). Sa démarche, selon lui, vise à obtenir un examen complet des faits ayant marqué les crises politico-militaires en Côte d’Ivoire, en particulier entre 2000 et 2011.
Considérant que son acquittement, en 2021, n’a pas permis de répondre à toutes les questions demeurées en suspens, l’ancien chef d’État estime qu’« une affaire partiellement jugée devient une injustice ». Il souhaite que la juridiction internationale revisite l’ensemble des événements, de l’insurrection armée de 2002 à la crise postélectorale de 2010, en passant par le rôle joué par les dirigeants politiques et militaires de premier plan.
Dans ce texte dense, Gbagbo revisite plusieurs épisodes marquants de ces décennies de tensions, notamment la découverte d’un charnier à Yopougon en 2000 et les attaques armées perpétrées depuis le nord du pays en 2002. Il affirme que la rébellion qui s’ensuivit était dirigée par Guillaume Soro et un cercle d’officiers dont il cite les noms, ouvrant la voie à la partition du territoire et à des négociations sous médiation régionale et internationale, jusqu’aux accords de Ouagadougou en 2007.
« Le désarmement n’a jamais été réalisé avant l’élection »
Abordant la présidentielle de 2010, Laurent Gbagbo assure avoir accepté la candidature d’Alassane Ouattara pour favoriser la paix, mais déplore que l’étape du désarmement qu’il jugeait indispensable n’ait pas été menée avant le scrutin.
Il insiste sur le fait que sa victoire avait été proclamée par le Conseil constitutionnel, avant que la reconnaissance internationale ne bascule en faveur de son adversaire. L’ancien président réitère ses accusations à l’encontre de la France et de l’ONU, qu’il rend responsables d’une intervention militaire ayant permis l’installation d’Alassane Ouattara au pouvoir.
Laurent Gbagbo évoque également son arrestation, le 11 avril 2011, et son transfert à La Haye, jusqu’à son acquittement définitif en 2021, après neuf années de procédure.
« Que les vrais responsables soient identifiés »
Contestant à nouveau son implication dans l’insurrection, il affirme être « présenté à tort comme le parrain de la rébellion », et réclame que la CPI enquête sur « ceux qui ont conçu, financé et coordonné » le mouvement armé.
Il demande en particulier des investigations sur les violences perpétrées dans l’Ouest du pays dont le massacre des populations Wê et sur le rôle des acteurs internationaux dans l’organisation du scrutin de 2010, qu’il juge entachée par « l’absence de désarmement et le maintien d’un pays divisé ».
Pour l’ancien président, la reprise des enquêtes est indispensable afin de « rendre justice aux victimes » et de restaurer la paix durablement. Il conclut son message en invitant les autres protagonistes de la crise à « assumer leur part de responsabilité ».
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