Le président sénégalais Diomaye Faye a dissous le parlement ce jour et convoqué des élections législatives anticipées pour le 17 novembre 2024. Cette décision intervient dans un contexte politique complexe, marqué par la collaboration étroite entre Faye et Ousmane Sonko, mais aussi par la persistance du parti de l’ancien président Macky Sall, l’Alliance pour la République (APR). Ces élections, à haut risque, pourraient définir l’avenir du pouvoir de Faye, mais aussi influencer la dynamique politique globale au Sénégal.
Les forces en présence
Le camp Faye-Sonko : Une alliance stratégique
Diomaye Faye et Ousmane Sonko, bien qu’alliés, incarnent deux figures distinctes de la scène politique sénégalaise. Faye, successeur de Macky Sall à la présidence, et Sonko, leader du PASTEF, partagent une vision commune du renouveau politique, mais leur alliance n’est pas à l’abri de tensions. Leur coopération vise à stabiliser le pouvoir et à répondre aux attentes d’une population désireuse de changement.
Cependant, Faye doit naviguer habilement pour consolider ce partnership tout en affirmant son autorité personnelle. Sonko, de son côté, reste un acteur clé, malgré les défis judiciaires et politiques qu’il a affrontés récemment. Il continue de jouir d’un soutien populaire, notamment parmi les jeunes et les électeurs mécontents du système traditionnel.
Le parti de Macky Sall : Un acteur toujours influent
L’Alliance pour la République (APR), le parti de l’ancien président Macky Sall, reste une force politique redoutable au Sénégal. Bien que Sall ait quitté la présidence, son parti conserve une base solide, notamment dans les régions rurales et parmi les élites économiques. L’APR peut capitaliser sur les tensions au sein de l’alliance Faye-Sonko et tenter de regagner des sièges au parlement. Un retour en force de l’APR constituerait un sérieux contrepoids pour Diomaye Faye et son allié.
L’opposition traditionnelle : Le Parti démocratique sénégalais (PDS) et Wallu Sénégal
Le Parti démocratique sénégalais (PDS) d’Abdoulaye Wade et la coalition Wallu Sénégal représentent l’opposition historique. Ils cherchent à se repositionner comme une alternative aux deux camps dominants (Faye-Sonko et l’APR). Le PDS espère rallier les électeurs fatigués des récents bouleversements et convaincus que la stabilité repose sur un retour aux figures politiques traditionnelles.
Les enjeux pour chaque camp
Diomaye Faye : La consolidation du pouvoir en jeu
Pour Diomaye Faye, ces législatives anticipées représentent un enjeu fondamental. Il doit non seulement s’assurer une majorité parlementaire favorable, mais aussi démontrer sa capacité à maintenir une coalition stable avec Sonko. Si Faye échoue à obtenir un soutien solide à l’Assemblée nationale, il pourrait être contraint de gouverner en minorité ou de composer avec des opposants, ce qui réduirait considérablement son pouvoir et l’obligerait à des compromis majeurs.
Ousmane Sonko : Une opportunité de renforcement
Bien qu’il ne soit pas directement candidat aux législatives, ces élections constituent un enjeu majeur pour Ousmane Sonko. Son influence dépendra en grande partie du nombre de sièges que le PASTEF pourra obtenir. Si le parti parvient à renforcer sa présence au parlement, Sonko pourrait regagner en légitimité politique et jouer un rôle clé dans la gouvernance. Cela lui permettrait également de revenir sur le devant de la scène après les récentes turbulences, tout en consolidant l’alliance avec Faye.
Le parti de Macky Sall : Un retour en force ?
L’APR pourrait tirer profit des imperfections potentielles entre Faye et Sonko pour se repositionner en tant que force parlementaire incontournable. Bien que Macky Sall ait quitté la présidence, son parti pourrait utiliser ces élections pour préparer un retour à plus long terme. Si l’APR réussit à obtenir une majorité ou à se placer dans une position de force, cela compliquerait considérablement la tâche du duo Faye-Sonko.
Les possibles alliances et stratégies
Le paysage politique sénégalais pourrait être marqué par des alliances stratégiques avant et après les élections.
• Diomaye Faye et Ousmane Sonko : Leur alliance, bien que solide, devra être testée par les résultats des législatives. Faye pourrait être tenté de rechercher des alliés supplémentaires pour garantir une majorité stable, y compris en dehors du PASTEF, tout en maintenant Sonko dans un rôle clé.
• Le parti de Macky Sall : L’APR pourrait chercher à s’allier avec des partis de l’opposition traditionnelle, comme le PDS, pour affaiblir l’alliance Faye-Sonko. Des négociations avec d’autres partis modérés pourraient également être envisagées pour constituer une coalition de circonstance.
• L’opposition traditionnelle : Le PDS et Wallu Sénégal pourraient former une large coalition d’opposition pour capitaliser sur la fragmentation du pouvoir actuel. Cependant, cette alliance risquerait d’être fragile, compte tenu des divergences idéologiques au sein des différents groupes.
Scénarios et implications possibles
- Une majorité pour Faye et Sonko : Si l’alliance entre Faye et Sonko parvient à obtenir une majorité solide, cela consolidera leur pouvoir et renforcera leur coopération pour mener des réformes structurelles. Une telle victoire renforcerait également la position de Sonko, qui pourrait occuper un rôle plus central dans le gouvernement.
- Un retour en force de l’APR : Si le parti de Macky Sall parvient à regagner une influence significative au parlement, cela mettrait Faye dans une situation difficile. Il serait alors contraint de composer avec une opposition puissante, ce qui limiterait ses marges de manœuvre politiques et l’obligerait à des compromis majeurs.
- Une opposition plus large : Si l’opposition traditionnelle réussit à former une large coalition et à obtenir une majorité, le paysage politique sénégalais pourrait être bouleversé. Cela entraînerait une cohabitation complexe entre Faye, Sonko, et un parlement dominé par leurs adversaires.
Conclusion
Les élections législatives du 17 novembre 2024 sont cruciales pour l’avenir politique du Sénégal. Diomaye Faye devra non seulement naviguer dans une compétition féroce avec le parti de Macky Sall, mais aussi gérer l’équilibre délicat de son alliance avec Ousmane Sonko. Une victoire aux législatives consoliderait son pouvoir et celui de son allié, mais une défaite pourrait le contraindre à négocier avec une opposition renforcée. Quel que soit le résultat, ces élections redessineront profondément la trajectoire politique du Sénégal pour les années à venir.
Leave a comment