Par Bakary Cissé | lementor.net
À moins de deux mois de l’élection présidentielle prévue le 25 octobre 2025, la Côte d’Ivoire vit au rythme d’une tension politique savamment entretenue. L’arrestation récente d’Ibrahim Zigui, jeune cyberactiviste pro-Gbagbo, en est une illustration frappante. Dans une vidéo diffusée en ligne, il appelait à la révolte si le Conseil Constitutionnel rejetait la candidature de son leader. Un geste lourd de conséquences, qui révèle la mécanique implacable d’une opposition où les leaders se gardent bien de prendre des risques, préférant déléguer la « sale besogne » à une jeunesse exaltée et manipulée.
La stratégie du « Front Commun »
Laurent Gbagbo, radié de la liste électorale depuis 2020 pour sa condamnation dans l’affaire du braquage de la BCEAO, et Tidjane Thiam, frappé d’inéligibilité après avoir perdu sa nationalité ivoirienne, sont aujourd’hui hors course. Pourtant, ils multiplient les manœuvres pour revenir dans le jeu politique. De leur alliance opportuniste est né un « Front Commun » dont l’objectif est clair : peser sur les institutions en charge du processus électoral. Déclarations incendiaires, accusations de complot, mobilisation de la rue et pressions sur la CEI et le Conseil Constitutionnel, tout y passe. Mais ce sont rarement ces leaders qui montent en première ligne.
Le rôle des cyberactivistes
Les appels à la confrontation directe sont confiés à de jeunes militants galvanisés derrière leurs écrans. Ibrahim Zigui n’est pas un cas isolé : il incarne une génération sacrifiée, transformée en bras armé virtuel d’une opposition qui s’abstient prudemment d’assumer ses propres discours. Les réseaux sociaux deviennent alors le terrain de jeu où se construisent des menaces, des rumeurs et des incitations à l’insurrection. Pendant ce temps, les cadres du PDCI et du PPA-CI se retranchent derrière leurs immunités, veillant à ne jamais franchir la ligne rouge du code pénal ivoirien.
Une jeunesse instrumentalisée
La réalité est crue : ces jeunes militants, présentés comme les soldats d’une cause démocratique, ne sont en fait que les dindons de la farce. Quand les arrestations tombent, ce sont eux qui en paient le prix : procès, condamnations, carrières brisées. Leurs mentors, eux, poursuivent tranquillement leur stratégie, brandissant le discours de la démocratie bafouée tout en se dégageant de toute responsabilité pénale. La manipulation est totale et cynique.
Le prix d’un jeu dangereux
Ce cycle de violence symbolique et réelle mine la démocratie ivoirienne. L’opposition, en choisissant de faire de la jeunesse un bouclier sacrificiel, nourrit une spirale d’instabilité dont le pays a déjà trop souffert. Les cyberactivistes croient se battre pour une révolution, mais ils ne sont que les pions interchangeables d’un jeu politique impitoyable. Le message est clair : les leaders doivent cesser de sacrifier une génération entière sur l’autel de leurs ambitions personnelles.
La Côte d’Ivoire mérite mieux qu’un théâtre où l’idéalisme de sa jeunesse est exploité sans scrupule. Les cyberactivistes doivent ouvrir les yeux : ils ne sont pas les héros d’une cause, mais les victimes d’une manipulation qui les dépasse. Quant aux leaders, ils ont le devoir d’assumer leurs actes plutôt que de se cacher derrière des écrans, des slogans ou des foules instrumentalisées.
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