Par CB
Avant d’être une affaire diplomatique, Alino Faso était une voix. Une voix cassante, engagée, parfois confuse, mais assurément suivie. Sur Facebook, Telegram ou encore TikTok, Traoré Alain Christophe, alias Alino Faso, avait bâti une communauté fidèle autour de vidéos virulentes, souvent critiques des régimes en place en Afrique de l’Ouest.
Un homme, une image : celle du “militant tout-terrain”
Derrière l’allure modeste, le débit rapide et l’accent mêlant ivoirien et burkinabè, se cachait un personnage atypique. Autodidacte et sans affiliation politique déclarée, Alino Faso se voulait libre, en marge des circuits traditionnels de l’opinion publique. Il s’exprimait sur tout : conflits armés, coups d’État, mauvaise gouvernance, corruption, justice sélective. En pleine transition politique au Burkina Faso, puis en Côte d’Ivoire, ses vidéos faisaient parfois des dizaines de milliers de vues.
Figure des réseaux sociaux ou agitateur politique ?
Pour ses partisans, il était “le porte-voix des sans-voix”, un lanceur d’alerte courageux. Pour d’autres, y compris certains observateurs des questions de sécurité, il s’agissait d’un activiste radicalisé, parfois manipulé, souvent mal informé, dont les propos alimentaient la désinformation ou la haine.
Son positionnement tranché sur la présence militaire étrangère, les transitions politiques en Afrique de l’Ouest ou encore les tensions ethno-politiques, en faisait une cible potentielle mais aussi un danger pour l’ordre établi. En janvier 2025, son arrestation en Côte d’Ivoire pour espionnage, complot et diffusion de fausses nouvelles est perçue comme la fin brutale d’un activisme numérique devenu incontrôlable.
Un parcours resté flou, entre zones d’ombre et légendes numériques
Peu de choses filtrent sur sa vie privée. L’homme serait né au Burkina Faso, aurait vécu en Côte d’Ivoire et voyagé à plusieurs reprises dans la sous-région. Il n’était ni journaliste, ni officiellement rattaché à un mouvement politique ou une ONG. Sa légitimité, il l’avait construite par le verbe, et c’est par ce même verbe qu’il s’était attiré des adversaires redoutables.
Une fin énigmatique, à l’image du personnage
Le 24 juillet 2025, Alino Faso est retrouvé mort dans sa cellule à Abidjan. Les autorités parlent de suicide. Mais pour ceux qui l’ont suivi, aimé, critiqué ou redouté, cette disparition soulève plus de questions qu’elle n’en résout. Sa mort signe la fin d’un chapitre numérique brûlant… et laisse en suspens une multitude d’interrogations sur ce qu’il savait, sur ce qu’il disait… ou sur ce qu’il représentait.
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