Par Jean Pierre Assa | Lementor.net
Bamako, dimanche soir. Alors que la ville s’enfonce dans l’obscurité, une inquiétude diffuse se répand dans les rues. La capitale malienne, déjà habituée aux soubresauts politiques, vit un moment suspendu. Les échos d’une tentative de coup d’État agitent les cercles politiques et militaires, et l’information, bien que non encore confirmée officiellement, se propage à vive allure.
Selon plusieurs sources proches de l’armée, des officiers supérieurs figureraient parmi les principaux suspects dans cette affaire. Les noms qui circulent sont lourds de symbole dans la hiérarchie militaire : les généraux Didier Dacko, Cheick Fantamandy Dembélé, Jean Elisé Dao, Abass Dembélé et Nema Sagara. Des figures connues, respectées ou redoutées, désormais au cœur d’une tempête politique qui pourrait rebattre les cartes du pouvoir.
Une tension palpable
Dans les quartiers centraux comme dans les faubourgs, la tension se lit sur les visages. Les commerces ont fermé plus tôt que d’ordinaire, les terrasses de café se sont vidées, et dans les conversations feutrées, le mot « coup » revient comme une antienne. Les réseaux sociaux s’embrasent, mêlant informations avérées et rumeurs infondées, tandis que les Maliens s’interrogent sur ce que réserve le petit matin.
L’armée malienne, déjà fragilisée par des années de lutte contre les groupes armés et par de profondes fractures internes, se retrouve une nouvelle fois sous les projecteurs. Cette situation met en lumière les tensions persistantes entre différents clans militaires, tensions souvent alimentées par les choix politiques du pouvoir en place et les ambitions personnelles au sein de la haute hiérarchie.
Un contexte politique déjà instable
Depuis la prise de pouvoir par les militaires en 2020, le Mali vit au rythme de transitions prolongées et de promesses de retour à l’ordre constitutionnel. Ces dernières années, les relations entre la junte et ses alliés régionaux et internationaux ont connu des hauts et des bas, entre rapprochements stratégiques et isolements diplomatiques. L’hypothèse d’un nouveau coup d’État, même avorté, ravive les craintes d’une instabilité prolongée et d’une perte supplémentaire de crédibilité sur la scène internationale.
Le spectre du chaos
Pour de nombreux observateurs, la situation actuelle illustre la fragilité des équilibres au Mali. Un pays où les forces armées jouent un rôle politique central, parfois au détriment des institutions civiles. Si les accusations portées contre les officiers cités se confirment, le pays pourrait connaître une nouvelle vague de purges militaires et d’arrestations, accentuant encore les divisions au sein de l’appareil d’État.
En attendant une communication officielle, Bamako reste sur le qui-vive. Les heures à venir seront décisives pour savoir si la capitale se réveillera dans la continuité ou au contraire au cœur d’un nouvel épisode d’instabilité. Pour l’instant, la nuit avance, et avec elle l’incertitude.
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