La rencontre de haut niveau entre les présidents Alassane Ouattara et Mamadi Doumbouya, ce mardi 17 juin 2025 à Abidjan, s’est achevée sur une déclaration conjointe marquée par la gravité des enjeux sécuritaires en Afrique de l’Ouest. Lors de la conférence de presse qui a suivi leur entretien, le président ivoirien a lancé un appel fort en faveur d’une solidarité sous-régionale renforcée, soulignant l’urgence de réponses concertées face à la détérioration de la situation dans la bande sahélienne.
Dans un ton grave mais résolument tourné vers l’action, Alassane Ouattara a rappelé que « la situation sécuritaire, politique et humanitaire au Sahel menace la stabilité de l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest ». Pour lui, les répercussions de l’insécurité dans les pays du Sahel ne s’arrêtent pas à leurs frontières : elles alimentent les trafics, la migration irrégulière, les tensions communautaires et les vulnérabilités économiques dans les pays côtiers, dont la Côte d’Ivoire et la Guinée. Il a appelé à « une réaction collective, solidaire, structurée et durable », au-delà des simples déclarations d’intention.
Dans ce contexte, le président ivoirien a annoncé la relance des réunions ministérielles de l’Union du fleuve Mano, longtemps en sommeil. Cette organisation sous-régionale, qui regroupe la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone, jouera à nouveau un rôle central dans la coordination des efforts communs en matière de sécurité, de renseignement, de développement et de diplomatie préventive. Un sommet des chefs d’État de l’Union est en cours de préparation et devrait se tenir dans les semaines à venir.
Pour sa part, le président Mamadi Doumbouya a salué l’initiative ivoirienne et exprimé la volonté de la Guinée de contribuer activement à cette dynamique régionale. Il a insisté sur le besoin de restaurer la confiance entre États voisins, de mutualiser les capacités militaires, mais aussi de traiter les causes profondes de l’instabilité, telles que le chômage des jeunes, l’accès inégal aux services de base et la fragilité des institutions locales.
Cette nouvelle impulsion diplomatique intervient alors que les grandes organisations régionales, telles que la CEDEAO, traversent une période délicate, marquée par des divergences internes et le retrait de certains États membres. En relançant l’Union du fleuve Mano, la Côte d’Ivoire et la Guinée cherchent à offrir un cadre plus souple et pragmatique, fondé sur la proximité géographique, les liens historiques et des intérêts partagés.
Ce tournant stratégique pourrait marquer le début d’une nouvelle approche de la gouvernance régionale, centrée sur l’action concrète, la coopération horizontale et le leadership africain face à ses propres défis. Dans un monde multipolaire et instable, la réponse à la crise sahélienne pourrait bien commencer au cœur du fleuve Mano.
La Rédaction
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