Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire : L’Opposition Peut-elle Réussir l’Union ?

À quelques mois de la présidentielle prévue en octobre 2025, l’opposition ivoirienne se retrouve à un moment décisif. Après la défaite écrasante subie lors des élections municipales et régionales de mars 2023, remportées en grande partie par le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Paix et la Démocratie (RHDP), les partis d’opposition se demandent comment renverser un parti qui domine la scène politique depuis près de 15 ans. Cependant, les divisions internes et les querelles de leadership menacent de compromettre leurs chances de succès.
Des Divisions Intestines Handicapantes
L’opposition ivoirienne est dominée par deux forces principales : le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPACI). Ces deux partis, qui auraient pu constituer un front uni contre le RHDP, semblent malheureusement plus enclins à se disputer le leadership qu’à s’unir. Le PPACI, dirigé par l’ancien président Laurent Gbagbo, estime que ce dernier, malgré son retrait de la liste électorale, est le mieux placé pour rassembler l’opposition. Mais cette prétention se heurte à la réalité d’une opposition fragmentée et d’une famille politique profondément divisée.
L’appel lancé par Laurent Gbagbo depuis Bonoua pour une union des forces de gauche est resté largement ignoré. Le PPACI, qui aurait pu être un pilier central de cette coalition, se trouve affaibli par les conflits internes. L’influence de Gbagbo, jadis incontestable, semble diminuer à mesure que les divisions s’accentuent. Les tensions personnelles, notamment avec son ex-épouse Simone Gbagbo, et les relations conflictuelles avec d’autres figures de l’opposition, comme Charles Blé Goudé et Pascal Affi N’Guessan, compliquent encore plus les efforts de rassemblement. Ces dissensions internes minent toute possibilité de former un front uni, ce qui pourrait s’avérer fatal à l’opposition.
Le PDCI : Entre Pragmatisme et Solitude
Face à cette situation, le PDCI, dirigé par Tidiane Thiam, adopte une stratégie prudente. Conscient des risques d’une alliance précipitée, le parti préfère d’abord se concentrer sur ses propres forces. Le PDCI, qui se considère comme le pilier de l’opposition en raison de son histoire et de son influence, semble hésitant à se lier trop étroitement au PPACI. En coulisses, certains cadres du parti laissent entendre que le PDCI se sent en position de force et qu’il appartient au PPACI de se rallier à lui plutôt que l’inverse.
Cette approche pragmatique du PDCI pourrait cependant se révéler risquée. En choisissant de ne pas s’engager immédiatement dans une alliance électorale, le parti court le risque de se retrouver isolé, surtout si la dynamique politique change avant le scrutin. La stratégie du PDCI pourrait s’avérer payante si le parti parvient à mobiliser suffisamment de soutien pour se hisser en tête lors du premier tour. Dans le cas contraire, il pourrait être contraint de négocier en position de faiblesse avec un PPACI affaibli, ce qui pourrait nuire à ses chances de succès.
Le RHDP : Un Adversaire Toujours Puissant
Pendant ce temps, le RHDP, qui observe ces rivalités internes au sein de l’opposition, continue de consolider son emprise sur le pouvoir. Fort de ses succès électoraux récents, le parti au pouvoir reste confiant en ses chances de remporter la présidentielle de 2025, même face à une opposition théoriquement unie. La division de l’opposition ne fait que renforcer la position du RHDP, qui pourrait capitaliser sur cette fragmentation pour s’assurer une victoire dès le premier tour.
Le temps presse pour l’opposition ivoirienne. Si les partis d’opposition ne parviennent pas à surmonter leurs différends et à s’unir autour d’un projet commun, ils risquent de laisser la voie libre au RHDP pour prolonger sa domination. La présidentielle de 2025 pourrait être la dernière chance pour l’opposition de renverser la situation politique en Côte d’Ivoire. Mais pour cela, elle doit faire preuve de clairvoyance, de cohésion, et surtout, de volonté d’unité. Sans cela, l’opposition pourrait bien assister, impuissante, à une nouvelle victoire du RHDP.