Par AN | Lementor.net
Le rejet des candidatures de Laurent Gbagbo et de Tidjane Thiam par le Conseil constitutionnel redessine brutalement la scène politique ivoirienne à moins de deux mois de la présidentielle. En une décision, deux figures majeures de l’opposition se retrouvent écartées, laissant planer une question centrale : Alassane Ouattara s’avance-t-il désormais sans véritable rival à sa mesure ?
L’équation semblait claire : Gbagbo incarnait la mémoire et la ferveur militante, Thiam la modernité et l’ouverture internationale. Leur absence rebat les cartes, mais d’autres candidatures validées créent des dynamiques inattendues. Simone Gbagbo, par exemple, réactive le capital historique et émotionnel de son mari, mobilisant un électorat fidèle et déterminé.
Jean-Louis Billon, avec son socle régional solide et son discours économique ciblé, demeure une alternative crédible pour la jeunesse et les classes moyennes urbaines en quête de perspectives nouvelles. Ahoua Don Mello, de son côté, pourrait incarner un vote de contestation ou d’appoint. Quant à Henriette Lagou, candidate du Groupement des partenaires politiques pour la paix (GP-PAIX), elle symbolise une voie centrée sur le dialogue et la réconciliation, offrant une tonalité différente dans la compétition.
Cependant, faut-il pour autant conclure à une victoire assurée d’Alassane Ouattara ? Rien n’est moins sûr. Dans un contexte où la décision du Conseil constitutionnel est perçue par certains comme partiale, le président sortant court le risque d’être vu davantage comme un candidat favorisé par les institutions que comme un leader triomphant grâce au vote populaire.
L’histoire récente de la Côte d’Ivoire rappelle que la légitimité politique se gagne dans les urnes et non par la seule décision des institutions. En écartant des figures emblématiques, le pouvoir ouvre un autre front : celui du doute populaire. Reste à savoir si ce doute se traduira dans la rue, dans les urnes… ou dans une abstention massive.
Et si, paradoxalement, la plus grande menace pour Ouattara n’était pas un rival déclaré, mais le poison silencieux de la contestation et du désenchantement ?
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