La question de la radiation du nom de Laurent Gbagbo de la liste électorale par le président de la Commission Électorale Indépendante (CEI), Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, est complexe et soulève d’importants enjeux légaux et politiques en Côte d’Ivoire.
D’un point de vue strictement juridique, la radiation d’un citoyen de la liste électorale doit se baser sur des critères précis définis par la loi électorale ivoirienne. L’article 5 du Code électoral stipule qu’une personne perd son droit de vote si elle est condamnée pour des crimes graves. Or, Laurent Gbagbo, ancien président de la République, a été condamné par contumace en 2018 à 20 ans de prison en Côte d’Ivoire dans l’affaire du “casse de la BCEAO”, alors qu’il était acquitté par la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité. Ce jugement national, non purgé en raison de son exil, pourrait légalement justifier une radiation.
Cependant, la question dépasse le cadre légal pour devenir éminemment politique. Laurent Gbagbo, figure incontournable de la scène politique ivoirienne, reste une personnalité influente et largement soutenue. Enlever son nom de la liste électorale pourrait apparaître comme une manœuvre politique visant à affaiblir l’opposition et risquerait d’entraîner des tensions sociales et politiques. En 2020, cette décision avait déjà provoqué un tollé et Gbagbo avait été réintégré in extremis grâce à une ordonnance présidentielle.
L’enjeu pour Ibrahime Coulibaly-Kuibiert et la CEI est de trouver un équilibre entre le respect des lois électorales et la préservation de la paix sociale. La radiation de Gbagbo risquerait de diviser encore plus la société ivoirienne à l’approche des élections de 2025, où la question de la transparence et de la crédibilité du processus électoral sera centrale.
Un tel acte, bien que légalement justifiable sous certaines conditions, pourrait avoir des répercussions bien au-delà du cadre juridique, ravivant les tensions politiques du passé et mettant à l’épreuve la stabilité démocratique du pays.
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