Par La Rédaction
Depuis plusieurs jours, Cissé Souleymane, président du Racing Club d’Abidjan, se présente sur les réseaux sociaux comme le porte-voix d’un « collectif » prônant un supposé renouveau du football ivoirien. Par une série de prises de parole critiques, il tente de remettre en cause les acquis de l’actuelle équipe dirigeante de la Fédération Ivoirienne de Football (FIF). Ce type de posture, récurrent à l’approche des élections, s’appuie souvent sur un mécanisme bien rodé : noircir le tableau, désigner des coupables, agiter des slogans sans contenu, et s’ériger en alternative crédible sans le moindre socle programmatique.
Mais le football ivoirien mérite mieux que cela. Il ne peut devenir l’instrument d’ambitions individuelles camouflées derrière des mots creux. Ce qui se joue ici, c’est l’avenir d’un sport qui unit les Ivoiriens, la destinée d’une jeunesse pleine de rêves et l’intégrité d’un écosystème fragile qui réclame sérieux et cohérence.
Dénoncer pour exister : une vieille recette
À chaque échéance électorale, surgissent les discours catastrophistes, les appels au “changement radical”, les collectifs “citoyens” ou “indépendants” qui surgissent de l’ombre sans vision construite. La dernière tribune du collectif pour le renouveau du football ivoirien ne déroge pas à cette règle. Dénoncer pour se rendre visible. Critiquer sans construire. Généraliser sans nuance.
Cette méthode, aussi ancienne qu’efficace dans les stratégies de communication, échoue pourtant à masquer l’absence d’alternatives claires. Or, dans un domaine aussi exigeant que le football, l’opinion publique ne se laisse plus séduire par des incantations.
La Côte d’Ivoire du football ne sombre pas
Le discours du déclin est une facilité. Pourtant, la réalité est là, éclatante : la Côte d’Ivoire a remporté la CAN 2023 sur ses terres, dans une atmosphère populaire d’une rare intensité. Cette performance, fruit d’un travail collectif, ne peut être balayée d’un trait de plume par des jugements partisans.
Nos clubs, confrontés à des défis structurels, n’en restent pas moins présents sur la scène africaine. L’ASEC Mimosas, en particulier, demeure un symbole de formation reconnu sur tout le continent. Le football ivoirien n’est pas enlisée : il évolue, il lutte, il se reconstruit. L’ignorer, c’est faire preuve soit d’aveuglement, soit de mauvaise foi.
Le procès des “mêmes visages” : un argument paresseux
La longévité des dirigeants ne signifie pas l’immobilisme. La constance peut être gage d’expérience et de stabilité. Les responsables actuels de la FIF n’ont pas été imposés : ils ont été élus démocratiquement et ont conduit plusieurs réformes majeures : revalorisation de la Ligue 1, refonte du corps arbitral, structuration des ligues régionales, professionnalisation des encadrements.
Les juger uniquement à l’aune de leur ancienneté, sans évaluer leurs actions, relève de la caricature. Pire, certains critiques actuels sont eux-mêmes des bénéficiaires du système qu’ils dénoncent, présidents de clubs, associés aux décisions fédérales. Le double discours est évident – et le public ne s’y trompera pas.
L’exode des jeunes talents : un phénomène global
Oui, nos jeunes joueurs quittent tôt vers l’Europe. Mais cela n’est ni nouveau, ni exclusivement ivoirien. Il s’agit d’une dynamique continentale, nourrie par les écarts salariaux, la visibilité médiatique des ligues européennes, et des logiques de carrière difficilement compressibles.
Pour autant, la réponse ne se fait pas attendre : les académies se multiplient, les partenariats internationaux se renforcent, les initiatives de détection sont réactivées. Le problème est connu. Des solutions sont à l’œuvre.
Le renouveau ne s’improvise pas
On ne réinvente pas le football avec des slogans. Où sont les propositions concrètes du collectif du « renouveau » ? Quels financements ? Quelles échéances ? Quels partenaires ? Le flou persiste, et l’intention réelle semble moins tournée vers l’avenir du football que vers la conquête de positions.
Avant de revendiquer une légitimité nationale, commençons par juger les capacités locales : quels résultats dans les clubs qu’ils dirigent ? Quel impact sur les jeunes formés ? Quel niveau de gouvernance ? C’est là que se construit la crédibilité.
2026 : une élection, pas un règlement de comptes
L’élection à venir à la tête de la FIF, prévue pour 2026, est une échéance cruciale. Mais elle ne doit pas devenir une foire à la démagogie ni un terrain d’affrontement personnel. Les supporters veulent des idées, des projets, de la clarté. Pas des pamphlets.
Oui, la critique est légitime. Mais elle doit être structurée, étayée, utile. Le football ivoirien a besoin de compétences, de continuité dans l’effort, d’unité et d’ambition collective. Le renouveau ne se proclame pas. Il se prouve. Il se construit.
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