Par CB
Dans un climat politique de plus en plus tendu à l’approche du scrutin présidentiel d’octobre 2025, l’annonce d’Ahou Don Mello ce mardi 22 juillet vient ajouter une nouvelle pièce à un échiquier déjà complexe. L’ancien directeur général du BNETD, ex-porte-parole du gouvernement Gbagbo et figure intellectuelle du camp souverainiste, a déclaré sa candidature à la magistrature suprême, affirmant qu’elle est le fruit d’une « longue réflexion » et d’échanges soutenus avec plusieurs leaders de l’opposition. À travers cette décision, Don Mello entend porter une vision technocratique et panafricaniste, dans un paysage dominé par les figures historiques et les querelles partisanes.
Ce positionnement, s’il suscite des soutiens dans les cercles alternatifs, révèle aussi une ligne de fracture au sein de la mouvance héritée du Front populaire ivoirien. Officiellement sans parti, Ahou Don Mello reste associé idéologiquement au PPA-CI, formation de Laurent Gbagbo, qui n’a pas encore tranché sur sa stratégie électorale. En agissant en solitaire, le candidat défie donc implicitement la hiérarchie militante et impose un débat sur la méthode, la stratégie et le profil capable d’incarner une alternance crédible face au RHDP.
Avant de se prononcer publiquement, Don Mello a consulté plusieurs figures de poids de l’opposition, parmi lesquelles Simone Ehivet Gbagbo, Pascal Affi N’Guessan et Mamadou Koulibaly. Ces échanges, selon ses propos, visaient à rechercher des synergies en vue d’un front républicain unifié. Mais si l’intention d’unité est affichée, la réalité demeure plus fragmentée que jamais. Chaque camp affûte ses armes, parfois en silence, parfois dans la confusion, et les alliances paraissent encore largement théoriques.
À 67 ans, Ahou Don Mello fait le pari d’un discours à la fois souverainiste et pragmatique, misant sur son réseau international – notamment en Russie, au Venezuela et en Chine – et sur sa capacité à tenir tête aux exigences des bailleurs sans renier les intérêts nationaux. Il entend incarner une génération de dirigeants formés à l’intérieur du système mais non corrompus par ses dérives, avec une promesse claire : gouverner autrement, de manière responsable et souveraine.
Reste à savoir si cette candidature trouvera un écho dans une population lasse des divisions, soucieuse d’emplois, de stabilité et de réconciliation. Dans un paysage électoral marqué par l’attente, l’incrédulité et parfois la résignation, la parole de Don Mello ouvre une voie, mais soulève aussi une question centrale : l’opposition ivoirienne saura-t-elle se hisser à la hauteur du moment, ou continuera-t-elle de s’enliser dans ses rivalités internes ?
Leave a comment