L’Assemblée nationale sénégalaise s’apprête à examiner une révision cruciale de la loi d’amnistie adoptée en mars 2024. Alors que cette initiative vise à exclure certains crimes graves de l’amnistie, le débat s’intensifie sur son efficacité réelle et ses motivations politiques.
Un Contexte de Crise et de Violence
Entre 2021 et 2024, le Sénégal a traversé l’une des périodes les plus sombres de son histoire récente. Les manifestations contre le régime de Macky Sall ont été violemment réprimées, causant la mort d’au moins 65 personnes et de nombreux blessés. Des accusations de violences perpétrées par les forces de l’ordre, parfois épaulées par des hommes armés en civil, ont été formulées par des ONG et des organisations de la société civile.
Pour tourner la page de cette crise, le gouvernement de l’époque avait fait adopter une loi d’amnistie en mars 2024, effaçant les poursuites contre toutes les infractions liées aux événements politiques. Mais loin de ramener la paix, cette mesure a suscité de vives critiques, accusée de garantir l’impunité aux auteurs de crimes graves.
Une Révision Qui Ne Convainc Pas Tout le Monde
Le projet de révision, porté par le gouvernement actuel, vise à exclure de l’amnistie les crimes les plus graves, tels que les meurtres, la torture et les traitements inhumains. Cette initiative a été saluée par certaines organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International, qui y voit une avancée partielle vers la justice.
« Ce projet peut permettre aux familles des victimes d’obtenir des enquêtes et des poursuites contre les responsables », a déclaré Seydi Gassama, directeur d’Amnesty International au Sénégal.
Mais cette révision ne fait pas l’unanimité. Pour l’opposition et de nombreux activistes, elle reste insuffisante et biaisée. Selon eux, elle profiterait principalement aux militants du Pastef, le parti du président Bassirou Diomaye Faye, tout en préservant d’autres auteurs de violences.
Entre Politique et Justice : Une Loi Contestée
Le mouvement citoyen Y en a marre et plusieurs figures de la société civile dénoncent une réforme « sélective », qui ne répondrait pas aux attentes des Sénégalais. Certains réclament purement et simplement l’abrogation totale de la loi d’amnistie.
Dans ce climat tendu, la question demeure : cette révision est-elle réellement un pas vers la justice, ou une manœuvre politique pour protéger certains acteurs tout en sacrifiant d’autres ?
L’Assemblée nationale tranchera bientôt, mais une chose est certaine : la quête de vérité et de justice est loin d’être terminée au Sénégal.
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