Ce mardi 14 mai 2025, Tidjane Thiam a été réélu président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) avec un score sans appel de 99,77 % des voix exprimées par les délégués lors d’un congrès extraordinaire tenu à Abidjan. Cette réélection intervient dans un contexte particulièrement sensible, alors que l’ancien patron du Crédit Suisse fait face à des critiques nourries, à des allusions judiciaires persistantes et à une contestation sourde, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de sa formation politique.
Un geste fort après une démission surprise
Quelques heures avant sa réélection, Tidjane Thiam avait remis sa démission, un geste inattendu qui a provoqué un moment de flottement dans la classe politique ivoirienne. Officiellement, il s’agissait d’un respect strict des textes du parti, imposant une validation par le congrès extraordinaire. Mais pour beaucoup, cette démission suivie d’un plébiscite quasi total est à lire comme une opération politique de légitimation interne, dans un moment où son leadership était contesté et son image fragilisée.
Une réponse calculée face aux attaques judiciaires et médiatiques
Depuis plusieurs semaines, Tidjane Thiam est la cible d’attaques à peine voilées dans certains médias et sur les réseaux sociaux, évoquant des procédures judiciaires en préparation, notamment à l’international. Aucun document officiel ne vient confirmer ces rumeurs, mais l’insistance des allégations finit par nourrir le doute dans l’opinion. Dans ce contexte, sa réélection apparaît comme un rempart symbolique : une manière pour le PDCI de resserrer les rangs autour de son chef et de dire clairement qu’il demeure le porteur légitime de l’espoir d’alternance pour 2025.
Une nationalité française en toile de fond
Le débat sur la nationalité française de Tidjane Thiam continue d’alimenter certaines critiques, notamment parmi ses adversaires politiques. Bien que cette double nationalité ne constitue pas un obstacle légal à une éventuelle candidature présidentielle, elle est utilisée pour interroger son enracinement local, son engagement patriotique et son rapport à la réalité ivoirienne. Sa réélection par les structures du parti vise aussi à clore ce procès en illégitimité, du moins dans l’espace partisan.
Un parti réorganisé, mais encore en attente d’un électrochoc populaire
Malgré le large soutien exprimé par les délégués, le PDCI reste confronté à un défi plus large : celui de reconquérir une base populaire fragmentée, marquée par les départs successifs, les frustrations de militants historiques et la montée en puissance de nouveaux pôles d’opposition. La victoire statutaire de Thiam devra donc s’accompagner d’un travail de terrain plus visible et d’un discours fédérateur pour espérer faire du PDCI un véritable prétendant à la présidentielle de 2025.
Une étape cruciale, mais pas décisive
Cette journée du 14 mai marque sans doute un tournant pour Tidjane Thiam. Elle confirme sa mainmise sur l’appareil du parti, mais elle ne garantit pas encore son envol présidentiel. Le climat politico-judiciaire reste imprévisible, les interrogations sur ses soutiens réels dans la sphère électorale demeurent, et le jeu ivoirien est encore loin d’avoir livré tous ses secrets. Le PDCI, en se rangeant massivement derrière son président, prend une position de fermeté. Il reste à voir si cette posture tiendra face aux vents contraires.
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