Les Attaques De l’Agnéby, La Mission De Paix De Guillaume Soro Et Le Radicalisme Du FPI

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La fausse paix a ses amis. Elle se nourrit de la normalisation de l’injustice. La vraie paix a également les siens.  Elle requiert le courage d’entreprendre sans cesse de faire reculer l’injustice, l’incompréhension et l’ignorance. Telle est la paix qui mobilise dans ce que Paul-Aarons Ngomo appelle si bien « la réconciliation au cœur du pays réel »,  les hommes de mission, par-delà les miasmes des hommes d’ambition. Or il n’est un secret pour personne que dans un pays comme la Côte d’Ivoire, autrefois meurtri par la haine ethniciste de l’Autre Homme, la traque de l’Etranger et le mépris de l’Africain par l’Africain, ceux qui incarnent le changement qualitatif se font indiscutablement des ennemis parmi les réactionnaires de la pensée identitaire.  Ceux qui ont à cœur de réconcilier le pays ne doivent-ils pas se méfier utilement de ceux qui veulent atteindre le processus de réconciliation en son cœur même ? La  fin de la descente aux enfers de la Côte d’Ivoire ne fait pas que des heureux.   Comment nier que Guillaume Soro, en prenant son bâton du pèlerin depuis de longs mois à travers la Côte d’Ivoire, soulève tant d’espoirs parmi les populations longtemps captives du chauvinisme des Refondateurs, que ces derniers, pris de peur-panique devant le siphonage de ce qu’ils croyaient être leurs bastions imprenables, n’hésitent pas à mobiliser l’arme de la terreur pour sauver in extremis leurs dernières chances ? Je voudrais souligner dans la présente tribune, une étrange coïncidence entre trois séries de faits qui devraient s’avérer convergents au regard de l’analyse : les attaques armées de l’Agnéby, l’œuvre de paix de Guillaume Soro annoncée dans ladite région, et le regain de radicalisme du FPI. Le diable se cachant dans les détails, comment une telle congruence de faits échapperait-elle à l’analyste qui veut comprendre pourquoi les chantres du « Asseyons-nous et discutons » d’autrefois se sont mués en véritables partisans incurables du chantage à la réconciliation nationale ?

L’observation des actes publics du Front Populaire Ivoirien, notamment depuis la libération provisoire de son Président Pascal Affi N’guessan,  révèle trois constantes : 1) Le refus ouvert par le FPI du dialogue direct  avec le gouvernement, sous toutes sortes de motivations fallacieuses ; 2) La volonté farouche du FPI de voir le PDCI-RDA divisé et le RDR affaibli par une implosion activement recherchée du RHDP ; 3) la concomitance des tournées de réconciliation des hautes personnalités  et des menaces de mort  plus ou moins voilées des officines nationales et internationales du FPI. On ne comprendra rien à ce qui se passe sans s’arrêter sur ces constantes.

Le FPI ne refuse pas par hasard le dialogue direct avec le gouvernement démocratiquement élu de Côte d’Ivoire. Dans son âme, le FPI a l’opportunisme comme quintessence. Il ne croit pas en la démocratie comme mode de dévolution du pouvoir. Le FPI ne croit qu’au coup de force déguisé en insurrection populaire. En doutez-vous ? Voici des raisons évidentes de changer d’avis : le FPI n’a jamais voulu affronter démocratiquement ses adversaires, et quand il y a été contraint, c’est avec mauvaise foi qu’il s’est démarqué des résultats réels des consultations démocratiques. En 1999, le leader du FPI, Laurent Gbagbo, en plein délire devant la répartition des postes issus du coup d’Etat de 1999 par le général Guéi, revendique la part du lion dans le partage exceptionnel du pouvoir post-PDCI, sous les modalités d’un chantage pervers : « Si c’est un coup d’Etat-RDR, qu’on nous le dise ! », tonne le chef des frontistes. Traduction : « S’il y a coup d’Etat, il faut que le FPI en profite au moins autant que les autres, voire plus ! » N’est-ce pas de l’opportunisme ? En octobre 2000, le général Guéi invite le FPI de Gbagbo dans une parodie d’élection, où la haine de l’Ivoirien et le mépris de la démocratie sont poussés à leur summum. Réaction du FPI ? Course aveugle vers la curée barbare qui débouchera sur le Charnier de Yopougon, où l’on trouvera ces « marginaux qui meurent » dans l’indifférence de Gbagbo, selon ses propres termes. Qui a oublié qu’en octobre 2000, c’est dans la rue que Gbagbo s’autoproclame Chef de l’Etat de Côte d’Ivoire ? «  A partir de cet instant, je suis le Chef de l’Etat de Côte d’Ivoire », osera-t-il, du haut de son boubou trempé de sœur. Enfin, en novembre 2004, sous le nom immérité d’Opération Dignité, le FPI tente de résoudre le conflit ivoirien par une campagne de bombardements stupides. Réduit en cendres par son inconséquence, le parti à la presse bleue se ravise sous la voix de son Chef : « Je n’ai pas gagné la guerre ». S’ensuivent alors de longues et sanglantes années qui aboutiront heureusement, grâce notamment à la pugnacité de Guillaume Soro, à l’Accord de Paix de Ouagadougou, en 2007. Ne croit-on pas alors le FPI définitivement converti aux vertus du dialogue réel et direct ? L’élection présidentielle de 2010, dérivant dans un duel sanglant entre ce qu’on a appelé les républiques du Bunkerland et du Golf, s’achèvera aux détriments du Boulanger d’Abidjan, et verra le premier président légitime de Côte d’Ivoire après Félix Houphouët-Boigny, accéder courageusement au pouvoir. La république aura ainsi triomphé d’une bataille, mais nullement du cœur endurci des frontistes qui lui mèneront sans cesse la vie dure depuis lors… Cette brève fresque historique devrait donc nous convaincre d’une constante : le FPI ne dialoguera jamais sincèrement avec le régime Ouattara, sauf si le FPI, par impossible, venait à être débarrassé de ses faucons téméraires qui jurèrent dès le soir du 11 avril 2011, de travailler à la perte du pouvoir RHDP par tous les moyens réels et possibles…

L’autre fait remarquable de cette séquence de radicalisation nouvelle du discours du FPI s’est notamment manifesté par le dévolu jeté par les officines frontistes dans la fragilisation recherchée du PDCI-RDA d’une part, et l’implosion espérée de l’alliance gouvernementale du RHDP d’autre part. On n’insistera pas inutilement ici sur la sempiternelle prétention du FPI à nier les réalisations de terrain de plus en plus nombreuses et tangibles du régime Ouattara sur les plans économiques, sociaux et culturels. La dénégation est l’autre nom de ce parti. On se focalisera cependant sur le camouflet infligé par Nzuéba aux espérances frontistes, véritable fait politique marquant de cette fin d’année 2013 en Côte d’Ivoire. C’est un secret de polichinelle, la réélection du président Henri Konan Bédié à la tête du PDCI-RDA aura été une couleuvre très longue à avaler pour les partisans de la rhétorique identitaire dans ce parti, comme leurs souteneurs du FPI, avec lesquels nombre des anti-Bédié de 2013 sont réputés avoir honteusement fricoté dès octobre 2000 au moins, par dépendance obsessionnelle aux ors et lambris du pouvoir d’Etat. Ce n’est ni la morgue, ni le rire jaune d’un Gnamien Yao ou d’un KKB après leurs défaites d’octobre 2013 qui nous démentiront.

 Or, mieux encore, le FPI a résolument choisi de reprendre le vieux refrain de l’invasion étrangère, non seulement à l’occasion des débats parlementaires sur l’apatridie et le foncier rural en juillet-août 2013, mais aussi à travers la littérature téméraire de ses officines de propagande dans le pays comme à l’extérieur, notamment à partir de ses nébuleuses d’Accra et de sa cellule de plumitifs logée chez L’Harmattan à Paris sous la direction d’un certain Claude Koudou. Pis encore, en faisant du cas Laurent Gbagbo, la pierre de touche de l’implication éventuelle du FPI dans le processus de réconciliation en Côte d’Ivoire, les camarades du pensionnaire de La Haye ont indiqué leur voie : poursuivre dans le sentier de la politique de la chaise vide et de la terre brûlée, le serment de renversement du pouvoir Ouattara qu’ils se sont imposés au soir honteux du 11 avril 2011. Car dans une négociation cruciale pour la pleine réconciliation d’une nation meurtrie comme la Côte d’Ivoire, poser une condition imaginaire, n’est-ce pas clairement affirmer qu’on reste sur le pied de guerre ? On comprendra, dans une telle orientation tragique de la politique frontiste, la résurgence des coups de feu dans l’Agnéby…

 Car enfin, ce que le FPI ne gobe surtout pas, c’est la poursuite victorieuse de l’œuvre de paix entamée par Guillaume Soro à travers une diplomatie parlementaire et une diplomatie coutumière merveilleusement articulées l’une à l’autre à travers la Côte d’Ivoire. Artisan majeur du dialogue direct qui aura conduit, à partir de 2007 notamment,  son pays aux élections démocratiques de 2010, Guillaume Soro semble en avoir tiré une leçon politique majeure : rien ne saurait remplacer le débat franc et ouvert entre ceux qui, en politique, ne s’entendent point. C’est ainsi que les pays Adjoukrou, Agni, Bété, et bientôt Abbey et Cie, auront connu le branle-bas provoqué par le discours de vérité du Chef du Parlement Ivoirien, véritable éclaireur attitré de l’œuvre d’intégration républicaine que le FPI voulait confisquer et occulter par son chantage à la réconciliation hypocrite. En particulier, ce qui s’est passé dans le Gôh a laissé le FPI aphone et quasi atone de colère. Comment Guillaume Soro osait-il mettre les pieds dans le sacro-saint Gbagboland, avec en plus un discours libre, sans fards ni gants, mais en même temps une action politique si inclusive qu’elle a conquis les cœurs les plus endurcis par la haine qu’inoculèrent les frontistes dans cette région ? Les Odette Lorougnon, Dano Djédjé, Abiet, et compagnie, ont promis ni plus ni moins qu’un attentat en bonne et due forme contre la deuxième personnalité de l’Etat. Peine perdue.

Quand donc, de plus, Guillaume Soro a annoncé la libération prochaine d’un autre bastion imaginaire du FPI, à savoir l’Agnéby-Tiassa, comment oublier que le FPI ne pouvait plus nous jouer le coup des « Cadres de la région » contre la visite du Chef du Parlement ? Sans crier gare, des hommes armés, comme par hasard, se sont remis à harceler les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire dans l’Agnéby-Tiassa, en guise de mot explicite d’hostilité au passage prochain de la caravane de la paix de Guillaume Soro. Qui ne voit pas la congruence, la coïncidence et l’approvisionnement du discours de haine du FPI par ces actes de violence militaire entrepris tambours battants par les ennemis de la démocratie ivoirienne en ce mois d’octobre 2013 ? L’Agnéby-Tiassa représente la dernier rêve de grandeur nationale du FPI. Il trouvera sa mort politique dans l’affranchissement de cette région de son joug de haine, de mensonge et d’hypocrisie. D’où le baroud d’honneur des frontistes devant l’agonie de leurs hypothèses de reconquête du pouvoir avant 2015, voire au plus tard en 2015…

La vérité de cette affaire émerge donc clairement : tel un défi lancé au Président de l’Assemblée Nationale Guillaume Soro, dont la détermination à œuvrer pour la paix en Côte d’Ivoire est inébranlable, les attaques renouvelées dans l’Agnéby sont une manière pour les terroristes au service du radicalisme frontiste, de vouloir faire reporter sine die l’œuvre de réconciliation directe envisagée par le Chef du Parlement pour toutes les régions de Côte d’Ivoire, sans exclusive. Nul doute, j’en suis convaincu, que ces attaques, outre la réponse sécuritaire appropriée qu’elles méritent de la part du régime légitime de Côte d’Ivoire, seront une occasion supplémentaire pour ceux qui en doutent de vérifier le théorème suivant : Guillaume Soro, de sa naissance politique à ce jour, a toujours dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit. Aux sceptiques de le vérifier de nouveau…

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