Composition Du Bureau De La Cei : Pourquoi Le FPI Fuit Les Elections

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Le parti fondé par Laurent Gbagbo n’a pris part vendredi au vote du président et des autres membres du bureau de la nouvelle Commission électorale indépendante. Mais pourquoi les enfants des élections n’aiment pas au juste les élections.

Le Front populaire ivoirien est véritablement un parti aime les frasques. Après l’auto-attaque de son siège pour détourner les regards sur la crise profonde qu’il traverse et attirer sur soi l’indignation et la compassion collective, le parti fondé par Laurent Gbagbo vient de servir aux Ivoiriens une énième pirouette politique en claquant avec fracas la porte des délibérations de la nouvelle Commission électorale indépendante. Mais pour qui connait le parcours de ce parti depuis sa création, ce boycott ou cette reculade est un épiphénomène qui n’ira pas loin. A la vérité, le Fpi se comporte comme une jeune fille que l’on courtise qui finit toujours par accepter les avances qu’elle refuse dès le premier abord de son courtisan. Ainsi, après le cinéma d’Alain Dogou et Bertin Ganin qui ont eu l’onction du père Boni Boni Joseph, la question qui mérite d’être posée est la suivante :

Pourquoi le Fpi qui s’est toujours proclamé comme l’enfant des élections refuse d’aller à des élections ? Violente question comme le dirait l’artiste. Mais à la vérité le roi est nu. Les mandants du Fpi ont claqué la porte juste faire monter les enchères et espérer obtenir autre chose dans les négociations. Sinon l’argument de la promesse non tenue ou du non respect des engagements pris est un artefact quine saurait prospérer. L’ancien parti au pouvoir est un abandonné de ce type de volte-face. Quand les frontistes veulent avoir gros ou veulent se donner de la contenance, ils commencent par toujours récuser ce qu’ils savent pertinemment qu’ils vont accepter. Et les exemples sont légion. Premier cas. Au lendemain du coup d’Etat du 24 décembre 1999 qui a déposé le président Henri Konan Bédié et qui a été jugé «salutaire » par Laurent Gbagbo, le Fpi avait décrété une fatwa contre le premier gouvernement du Comité national de salut public du général Robert Gueï. L’on a encore en mémoire ce bout de phrase mémorable de Laurent Gbagbo qui, après avoir sorti ses cadres du gouvernement a affirmé ceci : « Si c’est un coup d’Etat du Rdr, qu’on nous le dise». Ceci pour obtenir les départements les plus juteux.

Mais au finish, le Fpi et Laurent Gbagbo a fini par se ruer sur les portefeuilles ministériels. Certains ministres comme Léon Emmanuel Monnet et Michel Amani N’Guessan, depuis cette date, ne sont plus jamais sortis du gouvernement jusqu’à ce que Laurent Gbagbo soit débusqué de son palais le 11 avril 2011. Autre indice qui atteste que l’ancien parti au pouvoir n’a jamais été prêt pour les élections, c’est la présidentielle de 2010. Après l’éclatement de la rébellion de2002, le Fpi a toujours louvoyé avec les élections.

Pourquoi ‘‘suspension’’ et non ‘‘démission’’ ? Ainsi Laurent Gbagbo et ses ouailles ont continuellement froissé les plans de sortie de crise de la communauté internationale. De fait, les élections qui étaient sensées se tenir en 2005 depuis la table ronde de Linas Marcoussis ont été reportées aux calendes grecques par le seul fait du Fpi.

Même pour la présidentielle de2010, Gbagbo a usé de tous les subterfuges pour refuser d’y aller. Ainsi devant les cameras, Laurent Gbagbo donnait l’impression de vouloir aller à ces élections à travers une autre phrase célèbre, « Allons aux élections vite, vite ».Mais en off, il opérait un curieux rétropédalage juste pour retarder le processus. A chaque étape de l’évolution de la situation, ses hommes ont toujours trouvé des astuces pour ramener les Ivoiriens en arrière.

Il en a été ainsi pour l’identification, les inscriptions sur la liste électorale et aussi la présidentielle de 2010 qui lui a été arraché aux forceps. Et même après le vote des populations, Laurent Gbagbo et les siens ont voulu encore se jouer des Ivoiriens. Là encore, après avoir épuisé toutes les voies de recours, il a fallu une crise postélectorale qui s’est terminée par une guerre pour faire partir le faux enfant des élections du pouvoir. Aujourd’hui encore, c’est la nouvelle Cei qui est sous le feu des projecteurs.

Mais cela n’est pas nouveau. Même dans la Cei version Robert Beugré Mambé, le Fpi a eu à adopter la même attitude. Comme le cinéma du vendredi passé, les représentants du Fpi qui voulaient prendre vaille que vaille la tête de l’institution avaient claqué après l’élection de Robert Beugré Mambé avant d’y revenir, un plus tard sur la pointe des pieds, occuper ses sièges. Ce qui s’est passé vendredi à la Cei n’est donc pas nouveau pour qui connait les méthodes des socialistes des lagunes. Mais la vraie raison de cette fuite en avant réside de ce que pèse réellement cette formation sur l’échiquier. Les enfants des élections ont peur des élections parce qu’ils ne peuvent pas être élus quand il y a des élections. Sinon le Fpi quia toujours revendiqué « une transition pacifique vers la démocratie » comme sa doctrine devrait être la première force politique qui doit soutenir ou encourager un vote qui est l’expression achevée de cette démocratie qu’il recherche tant. Comment peut-on se réclamer enfant des élections et puis ne pas aimer des élections ? Le consensus, en tant que tel n’est pas une mauvaise démarche. Mais si l’on se réfère à l’histoire récente de la Côte d’Ivoire, aucun groupement ou formation politique ne doit légitimement s’opposer à une élection parce que quelque soit le cas de figure, c’est le vote qui permet de prendre en compte les aspirations de la majorité. Laurent Gbagbo aimait bien l’expression latine ‘‘Vox populi, vox dei’’. Mais ses successeurs, au lieu de soumettre à l’épreuve de la démocratie, préfèrent des arrangements. Et quand on leurs demande de se soumettre au meilleur exercice de la démocratie qui est le vote, ils estiment que l’on refuse de respecter des compromis ou des engagements. Mais pour sait lire entre les lignes, le Fpi sait utiliser ses mots pour pouvoir toujours récupérer ce qu’il refuse dès le départ. C’est pourquoi en lieu et place du mot « démission », ils utilisent toujours « suspension ».

Dans l’après midi d’hier, la direction du Fpi a confirmé cette pratique. Comme on peut donc le voir, le cinéma du vendredi passé est une autre mise en scène du Fpi. D’une manière ou d’une autre, les frontistes vont toujours revenir à la Cei.

Kra Bernard

L’expression

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