Zokora Didier (Ex-Capitaine Des Eléphants): « Pourquoi Les Eléphants Ne Gagnent Pas De CAN.. »

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De l’Asec Mimosas à Akhisar Belediyespor (D1 Turquie), son nouveau club où il a signé pour 2 ans cette année, en passant par l’As St Etienne, Tottenham, FC Seville et Trabzonspor, Zokora Didier a fait son petit bonhomme de chemin. Et une carrière remarquable qui lui a permis de disputer cinq phases finales de coupe d’Afrique avec la Côte d’Ivoire, trois de coupe monde. Le tout basé sur 121 sélections avec les Eléphants. Le plus capé de sa génération. A 33 ans, il décide de prendre sa retraite internationale.

Un mot après le tournoi que vous venez d’organiser ?

C’est avec beaucoup de plaisir et d’émotion que j’ai vu les enfants évoluer. Je l’ai vécu étant jeune. J’ai eu la chance de connaitre Jean Marc Guilloux qui a créé l’une des meilleures écoles d’Afrique avec l’Asec Mimosas. Pour moi c’était un devoir d’apporter mon soutien aux jeunes joueurs évoluant en Côte d’Ivoire avec mes amis de «Foot ‘Attitude ». Ce fut une belle cérémonie.

Quel est l’objectif de ce tournoi ?

C’est un challenge qui va permettre de sélectionner chaque année, les trois ou quatre meilleurs joueurs à qui on va donner la chance d’effectuer des essais en Europe. L’autre but, c’est de créer mon école de football baptisée «Académie Zokora». Ce challenge va ouvrir des portes, à mon avis, à plusieurs jeunes dont l’ambition est d’embrasser une carrière internationale. On espère viser les clubs comme Séville, Tottenham, Real de Madrid. C’est sur le long terme.

Vous avez déjà échangé avec ses clubs dans ce sens ?

Oui, j’en ai déjà parlé avec des clubs comme Séville. Parce que j’ai gardé de bonnes relations avec le manager. On aura aussi des pistes en France. C’est un début. Et, pour une première édition ce n’est pas mal.

C’est vrai que votre tournoi a été une réalité et a enchanté tout le monde. Après la première sélection d’Hervé Renard dont vous ne faites pas partie, nous avons lu votre retraite internationale sur les réseaux sociaux. Qu’en est-il exactement ?

Ce n’est pas pour cette non sélection. J’avais résigné mon contrat avec Trabzonspor, et j’étais en pourparler avec deux clubs dont un au Qatar. Quand Hervé Renard est arrivé en sélection, il a essayé de me joindre par téléphone, il est passé par mes parents, mes proches, mes amis. Il n’a pas pu me joindre. J’avais aussi déjà ma petite idée par rapport à la sélection. Je pense que quand on a passé 15 ans à porter les couleurs de son pays, quand on a fait cinq coupes d’Afrique et trois coupes de monde, il faut savoir arrêter. A la finale de mon challenge j’ai voulu faire un discours dans ce sens. Je suis passé voir les dirigeants de la Fif avant le match. Ils m’ont fait comprendre que je peux toujours apporter beaucoup à l’équipe nationale de Côte d’Ivoire. Et, les joueurs ont soutenu la même chose. Mais, moi, j’estime qu’il faut savoir arrêter. Je pense avoir apporté beaucoup à mon pays. En toute chose, il y a une fin. Ma décision est prise. Je n’ai plus les mêmes envies et la même motivation. Il faut laisser la place aux jeunes. J’ai vu le match contre la Sierra Leone. J’ai vu le jeune Kessié. Pour sa première sélection, il est un peu à mon image. C’est un très bon jeune joueur rigoureux qui a une bonne relance et qui assure les passes. A ces jeunes, nous devons apporter notre soutien. Gervinho a été magnifique, tout comme Serge Aurier. Je pense avoir fait mon devoir.

Quelle est la raison profonde de votre départ précipité parce qu’on sait que vous vouliez encore disputer la Can 2015 au Maroc avant de raccrocher?

Vous savez, la gestion d’un groupe est très importante, voire délicate. Je vais vous dire une chose, les pays qui ont gagné les coupes d’Afrique des nations plusieurs fois ne sont pas forcément les meilleurs du moment, mais ce sont les sélections dont les groupes vivent le mieux ensemble. On n’est pas obligé d’être des amis, mais quand il s’agit de défendre les couleurs du pays, on doit y aller ensemble et à fond surtout. Et puis, même quand on veut reconstruire une équipe, à mon avis, ça doit se faire par pallier. Laisser certains anciens, par exemple, pour guider les plus jeunes.

Mais on ne vous pas chassé, c’est vous qui avez décidé de partir. Est-ce par dépit comme Didier Drogba ou alors parce que vous vous êtes senti frustré quelque part?

Frustré ? C’est trop dire. Comme je l’ai dit plus haut, je n’ai plus la même motivation que par le passé. C’est vrai le Mondial et la déception qui en a découlé, on avait voulu, nous les anciens, disputer la Can2015 et partir en beauté. Mais, quand on vous pousse à la porte avec des mots blessants voire insultants, ça fait fondre le peu de motivation qui reste. Les Pirlo (Italie), Yepess (Colombie) ont disputé la coupe à respectivement 37 et 38 ans. Drogba, Kolo et moi sommes les plus capés de la sélection. On a contribué, à notre manière, à hisser la Côte d’Ivoire au niveau mondial du football. On a apporté de la joie mais aussi de la peine aux Ivoiriens. Ce n’est pas rien. Mais, quoi qu’on dise, je pars heureux et fier d’avoir donné quelque chose à mon pays, même si je n’ai pas remporté de trophée. On va aider nos jeunes frères à le faire pour notre pays. Parce que je veux rendre au football ce que cette discipline m’a donné. Raison pour laquelle je me projette sur quatre ans pour voir ce qu’il y a à faire quand je ne serai plus sur les stades.

Si aujourd’hui le président de la République vous appelle et vous demande de rester…

J’ai eu beaucoup d’appels. Notamment, le président de l’Assemblée nationale, Soro Guillaume, qui m’a appelé quand j’étais en Turquie. C’est difficile. Maintenant, si le Président de la République m’appelle et me demande de continuer à jouer pour mon pays, je n’ai pas le choix. S’il estime que je peux apporter un plus à l’équipe, ce sera mon devoir. Mais, en tant que joueur, je pense avoir joué ma partition, j’ai tout donné. J’ai commencé à 19 ans en sélection, 15 ans après de sacrifices ponctués de moments de joies et de déceptions, il faut savoir s’arrêter.

Vous n’avez jamais parlé de votre grosse colère à l’hôtel Ivoire en 2013lors d’un regroupement des Eléphants. Que s’est-il passé ce jour- là pour que vous quittiez vos camarades pour aller en ville?

En tant que joueur on a des egos et de l’orgueil. Il faut savoir aussi assumer ses actes. Je n’ai pas voulu parler sur cette question de brassard. Il y a eu beaucoup de polémique. Mais, quand les choses sont blanches, il faut le dire. Il y a eu un manque de communication entre les dirigeants et les joueurs présents. On a fait tous les matchs pendant 8 mois et c’était moi le capitaine. Et, au moment de couper le gâteau, on me demande de laisser la place à qui de droit. On finit de jouer contre la  Tanzanie, la Gambie, et au moment où on vient à Abidjan pour célébrer le match important, on me met sur la touche. Je suis humain, mon instinct d’homme a pris le pas sur ma raison. Je me suis excusé, et c’est passé.

Dans votre position actuelle, vous pouvez dire certaines vérités. Qu’en est-il de la division dans le groupe ? Est-ce réel?

Je ne veux pas avoir la langue de bois ou être diplomate. Il ya des leaders nés. La France a eu Zidane, le Cameroun, Eto’o Fils, le Togo a Adebayor. En Côte d’Ivoire, c’est Didier Drogba et c’est indiscutable. Mais, à un moment donné, il fallait savoir gérer la tête d’affiche, Drogba, sans froisser les autres, parce qu’il y avait lui et les autres. Mais, le problème, c’est que le fossé était trop grand entre les autres et lui. Et c’est ce tact-là que les dirigeants n’ont pas eu. Comment vont-ils gérer Yaya aujourd’hui sans blesser les autres. Et, comme les autres sont des êtres humains, ça crée de petites frustrations et la vie ensemble devient difficile. Voilà le vrai problème de la sélection. En somme, c’est un manque de communication.

De Jacques Anouma à Sidy Diallo, qui a géré cette communication au mieux selon vous?

Sans vraiment me prononcer sur leur gestion des ressources humaines, je dis cependant que chacun a donné ce qu’il a pu au football ivoirien. Mais, il faut dire qu’ils ne sont pas toujours là, ce sont leurs collaborateurs qui gèrent au quotidien. Après l’environnement fait la différence.

Selon nos informations, c’est Lamouchi qui vous avait promis le brassard et une fois à Abidjan il a fait autre chose…

Ce n’est pas lui seul qui m’a fait la promesse. Les dirigeants aussi. J’ai assumé pleinement mon rôle et conduit les jeunes joueurs au bout de la qualification. On sait que je fais partie des leaders dans le groupe, quelqu’un qui rassemble. A mon humble avis, c’est certainement pour cela que l’on me réclame aujourd’hui. Sans prétention aucune.

Qui vous réclame ? Les joueurs ? …

Oui, sans prétention.

Pensez-vous être encore utile dans ce secteur défensif des Eléphants?

Ce n’est pas à moi de m’auto juger. Pendant 15 ans, ceux qui ont la qualité de jugement d’un footballeur de haut niveau ont pu le faire, je crois. J’ai prima décision, et je l’assume.

Et si le sélectionneur venait à vous demander devenir aider votre pays pour la Can 2015…

Il faut savoir partir. J’aime mon pays, il faut laisser la place aux jeunes. Il y a de très bons jeunes joueurs en pleine émulation, il faut les soutenir et leur faire confiance, surtout.

Que pensez-vous du nouveau sélectionneur, Hervé Renard ?

C’est un monsieur qui a l’expérience et qui connait le football africain. On espère qu’il apportera sa rigueur. Et qu’avec lui, la sélection puisse gagner ce que nous n’avons pas eu la chance d’avoir, je veux parler d’une Coupe d’Afrique des Nations.

Un mot sur le départ de Didier Drogba ?

Chacun assume ses actes. Il sait pourquoi il a arrêté, moi aussi, donc je ne peux pas le juger.

Pour votre reconversion, resterez-vous uniquement dans le football ?

J’ai beaucoup d’ambitions. Et, parmi tant d’autres, je compte, un jour, diriger la Fédération ivoirienne de football. C’est un rêve que je caresse. A part Emmanuel Ezan, ancien joueur qui a dirigé la fédération en un temps très bref, je n’en connais pas d’autres. Ce sera une bénédiction si Dieu me le permet. C’est en rêvant qu’Obama est devenu président des Etats Unis.

Si vous le permettez, on va parler de votre côté jardin. Après une miss marocaine, c’est une autre miss ivoirienne, Sery Dorcace, que vous épousez. Zokora, un ‘‘croqueur’’ de miss ?

(Rires…) Vous allez me tuer vous, mais j’aime ça tout même. Ecoutez, c’est mon destin peut-être. Je suis fier d’être l’époux de Sery Dorcace. Une femme qui m’apporte beaucoup à tous les niveaux. Pour moi, chacun doit être l’architecte de son propre destin. C’est une femme qui a du caractère et une personne de qualité. Elle et moi, on se soutient mutuellement, on s’écoute, même, si ce n’est pas facile. Surtout que nous sommes tous les deux des personnalités publiques. On peut nous juger sans vraiment nous connaître, mais on essaie de faire avec. Et nous faisons surtout ce qui est bon pour nous. Elle m’a permis de retrouver mon équilibre. Après votre divorce qui vous a coûté 1.2 milliard F Cfa (un milliard deux cent millions)…. Que voulez-vous ? Effectivement, c’est le prix d’un divorce à l’amiable en plus. Après 15 ans de vie commune avec une femme et quatre enfants. C’est la loi en Europe, là-bas nul n’est au dessus de la loi. A mon avis, ça été un divorce réussi.

Quel rapport avez-vous gardé avec votre ex épouse qui vit avec vos quatre enfants en Espagne?

Nous restons liés pour nos enfants, pas liés sentimentalement, non, mais nous sommes quelque fois obligés de se voir à cause des enfants. Mais, cela se fait de façon raisonnable parce que je suis remarié.

Vos rapports ne gênent ils pas Dorcace ?

(Rires…) Non…Elle est trop mature et intelligente pour ça. Je suis allée avec elle en Espagne chez les enfants, quand mes filles l’ont vue, elles l’ont beaucoup appréciée. Elles m’ont tout de suite demandé si elle mannequin, je leur ai dit non. Entre maman et filles, elles se sont toute suite familiarisées, elles se sont appréciées mutuellement et voilà quoi…

Tibet Kipre

L’expression

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