Sénégal : le jeu dangereux de Macky Sall.

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Le président sénégalais a reporté sine die l’élection présidentielle prévue le 25 février, provoquant une crise institutionnelle et politique sans précédent dans le pays. Cette décision, qui viole la Constitution et le calendrier électoral, est perçue comme une tentative de se maintenir au pouvoir au-delà de son mandat, qui s’achève le 2 avril. Elle suscite la colère et l’indignation de l’opposition, de la société civile et d’une partie de la population, qui craignent pour la démocratie et la stabilité du Sénégal.

Le Sénégal, qui a connu deux alternances pacifiques en 2000 et 2012, était considéré comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest, une région secouée par les coups d’État, le djihadisme et les ingérences étrangères. Mais depuis son élection en 2012, Macky Sall a multiplié les manœuvres pour affaiblir ses adversaires politiques et verrouiller le système électoral. Il a notamment fait condamner et emprisonner Ousmane Sonko, le leader d’un parti anticorruption et anti-français, qui était donné favori pour la présidentielle. Il a également interdit la candidature de Bassirou Diomaye Faye, le remplaçant de Sonko, qui bénéficiait d’un fort soutien populaire. Enfin, il a laissé planer le doute sur sa volonté de briguer un troisième mandat, en contradiction avec la limite constitutionnelle de deux mandats.

Face à ces dérives autoritaires, l’opposition et la société civile se sont mobilisées pour défendre la démocratie et l’État de droit. Des manifestations massives ont eu lieu en juin 2023, réprimées dans le sang par les forces de sécurité. Des appels au boycott et à la désobéissance civile ont été lancés pour contester la légitimité du président et de son gouvernement. Des personnalités religieuses, culturelles et intellectuelles ont exprimé leur inquiétude et leur désapprobation face à la situation politique. Des organisations internationales, comme l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Ouest africains (CEDEAO) et l’Union européenne, ont appelé au respect de la Constitution et du processus électoral.

Mais Macky Sall n’a pas cédé à la pression. Il a invoqué la mise en cause de l’intégrité des juges constitutionnels par des députés proches de son prédécesseur Abdoulaye Wade, pour justifier le report de la présidentielle. Il a affirmé vouloir éviter des troubles qu’occasionnerait une élection contestée, tout en ne fixant aucune nouvelle date pour le scrutin. Il a ainsi créé une situation de vide juridique et politique, qui menace la cohésion nationale et la paix sociale. Il a également envoyé un signal négatif à la communauté internationale, qui pourrait remettre en cause son soutien au Sénégal, notamment dans la lutte contre le terrorisme et le développement économique.

Le jeu dangereux de Macky Sall met en péril le « modèle sénégalais » de démocratie, qui était une source de fierté et d’inspiration pour le pays et pour le continent. Il risque de provoquer une escalade de la violence et de la contestation, qui pourrait dégénérer en un conflit majeur. Il est urgent que le président revienne à la raison et respecte la volonté du peuple sénégalais, qui aspire à choisir librement et pacifiquement son dirigeant. Il est temps que le Sénégal retrouve sa place de phare de la démocratie en Afrique.

Auteur : CB

Source : Lementor.net

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