Interdiction D’utiliser Les Sachets Plastiques : Un Changement D’habitude S’impose

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En Conseil des Ministres extraordinaire tenu le mardi 25 novembre 2014, il a été adopté une communication relative à la mise en œuvre de la mesure d’interdiction des sachets plastiques en Côte d’Ivoire. C’est cette journée de mardi que des opérateurs de la filière des sachets plastiques ont choisi pour manifester au Plateau, quartier des affaires de la capitale économique, Abidjan. A la suite, des journaux ont titré : « Sachets plastiques/Chasse à l’homme au Plateau – Des manifestants gazés et arrêtés – Plusieurs personnes blessées » et « Affaire Sachets plastiques/Des têtes vont tomber – La police charge les marcheurs – Le front social en ébullition – Ouattara et Duncan interpellés ». Et à l’un de ces confrères de s’interroger : « Comment comprendre que depuis plus d’un an que la décision d’interdire les sachets plastiques polluants est prise, il n’existe pas encore à ce jour sur toute l’étendue du territoire, les sachets dits biodégradables susceptibles de remplacer les précédents ? C’est ce qu’on appelle le manque de compétence et de professionnalisme ».

La désobéissance civile est-elle la solution ?

Bien avant et encore aujourd’hui, comme s’ils s’étaient passé le mot, des gérants de grandes surfaces tels les supermarchés, aux boutiquiers de quartiers en passant par des vendeuses de vivriers sur le marché et des bouchers, font de la désobéissance civile, quant à l’observation de la loi interdisant l’utilisation des sachets plastiques. Cette défiance s’observe sous diverses formes. La première que nous qualifions de ‘’désobéissance civile active’’, est celle consistant à faire fi de la loi et de continuer à emballer les produits dans les sachets plastiques. Cette pratique s’observe le plus chez les bouchers, les commerçantes de vivriers et chez un grand nombre de boutiquiers de quartiers. « Nous n’avons pas d’emballage de remplacement des sachets plastiques. En attendant on fait comment alors que nous devons vendre nos produits pour vivre ? », Se justifient-ils. Même dans de grandes pâtisseries de la place, on vous sert le croissant et autres petites douceurs dans des emballages de sachets dégradables en papier et lorsque c’est une grande quantité de produits à emporter, le tout est emballé dans un sachet plastique. La seconde forme de défiance que nous avons baptisé ‘’désobéissance civile passive’’, est absurde tant dans la forme que dans le fond. Dans certains supermarchés et boutiques, malgré la valeur et la quantité de marchandises achetées, la caissière ou le commerçant vous dit qu’il n’y a pas d’emballage. Que vous devez vous arranger pour emporter vos achats. Provoquant du coup la colère du client qui abandonne le tout sur le comptoir pour poursuivre sa route. « Je voulais faire un achat de plus de sept (07) mille francs dans un supermarché. Après que la caissière est fini son calcul, elle me demande d’emporter ma commande et qu’elle n’a pas d’emballage. J’ai remis mon argent dans ma poche, dépassé, et je suis parti sans rien dire », nous a confié un fonctionnaire. Un autre nous relate sa mésaventure : « Je suis entré dans une boutique de quartier où j’ai commandé deux petites bouteilles d’eau minérale et une bouteille de sucrerie. Le commerçant me rend ma monnaie en me disant qu’il n’a pas d’emballage. Je lui ai retourné sa monnaie et repris mon billet ». Faut-il laisser perdurer cette forme de désobéissance civile ?

Des interrogations

Question : dans ce ‘’masochisme commerciale’’, qui du commerçant ou du client,sort perdant ? Par cette pratique saugrenue, bien qu’écoulant moins de produits, ces commerçants espèrent-ils avoir le soutien de la population pour s’opposer à cette loi ? Les propriétaires et actionnaires de ces grandes surfaces sont-ils informés du comportement de leurs employés ? Comportement qui ne favorise pas les affaires en matière commerciale où il faut écouler le maximum de produits afin de faire des bénéfices conséquents ? En nous mettant du côté des commerçants, on est amené à demander si les emballages de remplacement sont disponibles ? Si oui, comment les commerçants doivent-ils s’en procurer et à quelles conditions ? En attendant, l’on assiste à une forme d’anarchisme qui ne dit pas son nom, autour de la loi interdisant l’utilisation des sachets plastiques.

Savoir raison gardée et penser aux générations futures

Il faut rappeler que la Côte d’Ivoire produit 200 000 tonnes de sachets plastiques par an dont 145 000 tonnes destinées à l’exportation et qu’elle a adhéré au mouvement mondial qui vise à éliminer les sachets plastiques. C’est dans ce cadre que le décret n°2013-327 du 22 mai 2013 a été pris, portant interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation, de la détention et de l’utilisation des sachets plastiques. Depuis le 8 novembre 2014, l’application de ces mesures d’interdiction des sachets plastiques est devenue effective. Très souvent, les bonnes mesures sont taxées d’impopulaires. Alors que cette mesure avait été retardée de 18 mois pour permettre aux mécontents du jour, d’écouler leurs stocks. Des gens qui pensent que c’est une mesure spécifique à la Côte d’Ivoire. Les sachets plastiques sont un véritable fléau contre l’environnement et la santé des hommes et la majorité des pays du monde cherchent à l’éradiquer. Le développement passe aussi par là mais en Afrique comme toujours on ne pense pas aux générations futures. Pour éviter les confrontations avec les populations, il serait bon pour le gouvernement de ne s’attaquer qu’aux unités de production des sachets plastiques. Fermer toutes les sociétés qui continuent d’en produire étant donné que les industriels ne pensent qu’à leur argent et non à la santé de la population. Si à la longue, la population ne voit pas de sachets plastiques, elle va obligatoirement s’adapter à l’existant. En définitive, l’application de ce décret va passer tranquillement et ainsi assurer la protection de notre environnement pour les générations à venir. Il est temps de changer d’habitude.

 Khalil Ben Sory

 Lementor.net

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