Pour Une Nouvelle Approche Des Militants

0
4

Beaucoup dʼobservateurs pensaient, il y a encore quelques mois, quʼil nʼy aurait pas dʼenjeu véritable pour la présidentielle de 2015. Pour certains, ce serait une simple formalité pour le Président Alassane Ouattara, candidat à sa propre succession. Et cela, au regard de son bilan, il est vrai, très probant qui lui vaut lʼadmiration dʼune bonne majorité de ses compatriotes et de la communauté internationale. Mais aussi, à cause des dissensions qui minent, de lʼintérieur, le Front populaire ivoirien (FPI), principal parti dʼopposition. Mais, à mesure que lʼéchéance électorale de 2015approche à grands pas, les intentions se dévoilent. De potentiels candidats, qui affûtaient leurs armes dans lʼombre, sortent à la lumière. Face à Alassane Ouattara, lʼadversité pourrait venir de deux endroits où lʼon regarde le moins : à savoir chez lʼallié PDCI-RDA ou dans les rangs du RDR. Certes, Henri Konan Bédié est un homme sincère. Il a déjà fait son choix en appelant ouvertement à soutenir la candidature de Ouattara. Il nʼya même aucun doute sur son engagement aux côtés de son jeune «frère». Mais, il sʼagit dʼune lutte politique qui peut créer des surprises. Où tout est aléatoire. Si Charles Konan Banny, Essy Amara et Kouadio Konan Bertin ont déposé leurs candidatures auprès de la Direction du PDCI-RDA afin dʼêtre le choix de ce parti pour la présidentielle de 2015, cʼest quʼils bénéficient au sein de leur formation politique de soutiens et surtout, comme on le dit prosaïquement ici, « ils comptent sur quelque chose ». Ce quʼil ne faut pas oublier, cʼest que même si le PDCI-RDA ne retient pas leur candidature, comme on peut le présumer, ils pourront toutefois aller en indépendants contre Ouattara. Et là, il faudra les affronter sur le terrain.
Cʼest donc le lieu de tirer la sonnette dʼalarme au RDR afin que la Direction se réveille et élabore une nouvelle stratégie dʼapproche. Dans la «Case », il y a même lieu de sʼinquiéter, au regard de ce qui sʼest passé à Bouaké, il y a quelques jours, à lʼoccasion de la célébration du vingtième anniversaire de la création du parti. Le désamour entre les cadres et la base semble si profond quʼil faut rapidement tirer les leçons de Bouaké. Se poser les vraies questions et y apporter des réponses concrètes. Il ne sʼagit plus là de dire quʼon a compris la leçon pour, ensuite, faire du saupoudrage et se donner la fausse conviction que tout va bien, alors que ce nʼest pas le cas. Pourquoi ne pas simplement changer de stratégie pour reconquérir les militants ? Parce que jusque-là, en dépit de toutes les réformes faites au sein du Secrétariat général et du renouvellement de toutes les structures du RDR, la base nʼest vraiment pas rassurée. Le fossé semble encore grand entre la Direction du parti et les militants qui ne répondent plus à ses mots dʼordre. Le RDR, depuis la conquête du pouvoir, est resté beaucoup absent du débat national. Les militants se sont sentis abandonnés, délaissés. Leur flamme est restée vive juste pour leur champion, Alassane Ouattara. Pour preuve, lʼextraordinaire mobilisation des Ivoiriens lors de lʼinauguration du pont Henri Konan Bédié. Comme quoi, lʼoccupation du terrain peut être la solution pour renouer le fil rompu. Ouattara est une chance pour le RDR, car ce ne sont pas les arguments qui manqueront à ses soldats sur le terrain pour expliquer aux populations ses réalisations sur lʼensemble du territoire national. Maintenant que la mode de « lʼappel de Daoukro » est derrière nous, il faut passer à autre chose pour éviter que lʼadversaire de Ouattara auprès de ses partisans ne soit lʼabstention. Pourquoi ne donne-t-on pas les moyens aux Secrétaires départementaux avec des feuilles de routes claires pour quʼils puissent, enfin, mettre à profit leur mandat, aller à la rencontre des militants, savoir vraiment ce quʼils veulent ? Il faut entamer une stratégie de proximité avec les militants, entendre leurs cris, leur colère, afin de les rassurer.
Si le RDR veut la réélection dʼAlassane Ouattara en 2015, ce dont personne ne doute, il doit dʼabord compter sur ses propres forces, avant dʼespérer le jeu des alliances. Il ne faut pas se voiler la face. A la lueur des velléités de candidature que lʼon voit ici et là au PDCI-RDA, il y aura forcément un adversaire peu ou prou crédible face à Ouattara. Et dans un contexte, où il y a beaucoup de manipulations ethniques, les risques que la bataille soit moins facile que prévue ne sont pas à écarter. Souvenons nous quʼen 2010, quand le président Bédié a appelé à voter le candidat Ouattara, des militants du PDCI, il est vrai, une infime minorité, nʼont pas suivi cette consigne. Certains ont choisi délibérément de donner leur voix à Laurent Gbagbo, quand dʼautres se sont simplement abstenus dʼaccomplir leur droit civique. En 2015, ils pourraient encore faire fi de lʼAppel de Daoukro. De toute façon, Bédié ne sera pas derrière chaque votant dans lʼisoloir pour sʼassurer quʼil respecte effectivement le mot dʼordre quʼil a donné. Pour un plébiscite de Ouattara lʼan prochain, le RDR doit puiser au fond de lui-même, les ressources pour atteindre cet objectif.

Charles Sanga
Le Patriote

Auteur :

Source :

Commentaires facebook

Mettez votre commentaire

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here