Depuis lundi 14 novembre dernier, la liste des candidats retenus pour porter la bannière des deux grands et puissants partis du RHDP, le PDCI-RDA et le RDR, est connue. Le plus vieux parti de Côte d’Ivoire avec à sa tête le Président Aimé Henry Konan Bédié, présente 101 candidats dont six (06) ministres sur 255 sièges disponibles. Quant à son presque frère siamois le RDR, il aligne 135 mousquetaires conduits par 23 ministres (aux dernières nouvelles, le Ministre Amon Tanoh aurait retiré sa candidature à Aboisso). Cela, suite à une attente qui fut longue, stressante et insupportable et à seulement trois (03) jours du délai de dépôt des candidatures. Pourquoi attendre à 72 h de la clôture du dépôt des candidatures pour informer les candidats ? Est-ce pour empêcher certains (ceux qui n’ont pas prévu le double de leur dossier) d’avoir le temps de se porter candidat directement à la CEI ? Ceux qui n’ont pas eu l’honneur d’être parrainés par leur parti, les rejetés, les oubliés, les écartés, donc les frustrés et aigris, sont nombreux dans les deux grands partis. Cependant, nous n’allons-nous appesantir que sur la situation au RDR, le parti logé à la rue Lepic.
Le sursaut des indépendants
Il y a eu beaucoup de remous dans les bases. A Aboisso, les militants ont manifesté bruyamment contre le choix de la Direction du RDR. Ayant pris le pouls de la situation, le Ministre Amon Tanoh, sagement, a retiré sa candidature. Ce qui n’est pas le cas dans de nombreuses bases, des plus anonymes et éloignées aux plus connues comme Abobo Gare, Daloa, etc. Entre autres, sont dans cette mouvance de velléité de candidature indépendante, Kanigui Mamadou Soro de Sirasso, Bamba Yacouba de Daloa, Dame Madjara à Minignan sans oublier la reconduction de Toungara Adama au détriment du jeune député sortant, Karamoko Yayoro. A part les menaces, les responsables du RDR ont-ils les arguments nécessaires pour convaincre ces éventuels candidats indépendants à respecter la discipline de leur parti ? Rien n’est moins sur. A observer la farouche détermination de ces candidats indépendants gonflés à bloc, il y aura ‘’ matchs dans le match’’. En dehors des candidats de l’opposition, FPI tendance Affi N’guessan, des indépendants non issus du RDR, les candidats investis du RDR auront aussi face à eux, les frustrés du RDR qui sont déterminés à leur livrer une bataille sans merci. Car pour ces indépendants, ils sont les adversaires à battre à tout prix. Car derrière cette épique bataille, se livre par candidats interposés, la BATAILLE entre LA BASE et La DIRECTION du RDR. Afin de montrer à la face de la Côte d’Ivoire et du monde, qui a raison dans son choix. En perspective, la campagne bien que brève, sera palpitante. Pour ceux qui ont l’habitude d’être en permanence en contact avec les militants, la campagne de proximité qui s’impose en ces circonstances, ne devrait pas être un handicap insurmontable. La présence humaine ne va-t-elle pas prendre le dessus sur le pouvoir attrayant, ô combien éphémère des billets de banque ? Les résultats du soir du 18 décembre 2016 situeront chacun. Car ces résultats seront une indication qui marquera à jamais, la crédibilité des dirigeants actuels et le fonctionnement même du RDR (qui a une sainte horreur des primaires que la base a toujours demandé à chaque élection), ce parti si cher au Président Alassane Ouattara. Deux (02) cas de figure s’imposeraient donc à la Direction du RDR.
La mise en garde du SG par intérim
Après la publication de la liste, Amadou Soumahoro a apporté des justificatifs accompagnés de menaces. « Contrairement à ce que les uns et les autres disent, nous avons tenu compte de l’avis de la base. Nous avons consulté la base. (…) Nous n’allons pas accepter les indépendants dans nos rangs. Ceux qui iront en indépendants, doivent assumer ». A-t-il convaincu plus d’un et sera-t-il entendu ? La situation sur le terrain donnera réponse à cette interrogation.
1- En cas de victoire sans bavure des candidats investis par le RDR
En effet, la Direction du RDR avec à sa tête le SG par intérim, Amadou Soumahoro, se croise les doigts et prie pour une victoire éclatante de leurs poulains. Ainsi, ils pousseraient un gros ouf de soulagement, ce qui leur permettra de se gonfler la poitrine devant la base. Alors, ne sera pas vendue chère, la peau de ceux qui ont osé défier le ‘’Tchomba’’ pour se porter candidats indépendants malgré ses mises en garde. Quel sort sera réservé à ces gladiateurs qui ont perdu la bataille dans l’arène ?
2- En cas de victoire d’un grand nombre de candidats indépendants
Ce serait le déluge à la rue Lepic. Un bouleversant sans précédent va voir le jour dans la case verte. Les candidats indépendants, ces frustrés indisciplinés qui ont pourtant eu raison, pourraient aller jusqu’à demander la démission de celui qui les avait jugés inaptes et écartés de la course, d’une part. D’autre part, le RDR va revoir sa copie à l’avenir, si ce n’est tard, pour écouter réellement sa base et organiser des primaires chaque fois que cette base le sollicite.
a) – La Direction du parti doit-elle demeurer sur sa position de sanctionner les indisciplinés ?
Malgré la victoire des indisciplinés, ces récalcitrants qui n’écoutent pas leur Direction, cette Direction va-t-elle maintenir sa position de sanctionner ces députés indépendants ? Une fois encore, la base accepterait-elle cette sanction ? Pas si sûr. Sinon ce serait un nouveau bras de fer qui s’engagerait. Ce qui n’est pas fait pour une consolidation du RDR dont de nombreux militants se posent de nombreuses questions, car à la croisée des chemins.
b) – La Direction va-t-elle ravaler ses menaces et tendre la main aux indisciplinés ?
« Reconnaitre son erreur grandit l’homme », dit le sage. Pour la survie et le bonheur retrouvé au sein de la grande famille RDR, la Direction du parti doit tendre humblement la main à ces militants qui s’étaient ‘’rebellés’’ juste pour une situation donnée. Il est bon de rappeler que les élections législatives sont une occasion pour tout parti, surtout le RDR pour démontrer sa force et sa puissance sur le terrain. Donc sur l’échiquier politique ivoirien. Ce qui serait l’occasion d’offrir au chef de l’Etat, SEM Alassane Ouattara, une confortable majorité au parlement, pour son second mandat.
Khalil Ben Sory
Lementor.net
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