C’est donc demain Lundi 16 décembre 2018, que le nouveau maire de Daloa Gbeuly Stéphane, âgé de 34 ans prêtera serment. Il aura donc la lourde responsabilité de conduire la commune des antilopes sur une période de 5 ans. Une ascension surprise qui de toutes évidences laisse un gout-amer aux supporters de Samba Coulibaly, maire sortant et porte-étendard de la liste RHDP lors des élections du 13 Novembre dernier. Une véritable surprise à l’annonce de la victoire de Gbeuly Stéphane le jeudi dernier. Lementor.net a bien voulu enquêter sur ce qui a bien pu provoquer la chute de l’ex gourou du coton ivoirien.
Pour comprendre la situation à Daloa, il faut remonter à la période de désignation des différents candidats. On se souvient que c’est le ministre Darret qui avait été choisit par le RHDP pour conduire sa liste dans le haut Sassandra pendant que le ministre Alphonse Djedje Mady devrait lui être le candidat RHDP pour les régionales. Samba Coulibaly n’avait pas été retenu comme candidat, ce qui a même valu au siège du RDR d’être assiégé lors d’une manifestation des supporters de Samba Coulibaly en guise de contestation. Par ailleurs, Samba Coulibaly, après le refus du RHDP de le copter, travaillait à mettre en place une liste indépendante afin de conserver son poste.
Le retournement de veste du ministre Alphonse Djedje Mady va changer la donne. Ainsi, l’ex secrétaire général du PDCI décline l’offre du RHDP et se porte candidat au titre du PDCI pour les régionales. Ainsi la donne change rapidement. Le ministre Darret est appelé alors à être candidat pour les régionales laissant le choix de procéder à son remplacement quant à la mairie de Daloa au RDR et ensuite au RHDP.
Faut il noter que les bases du RDR, pas toutes, mais dans une proportion significative n’étaient pas favorables à la candidature de Samba Coulibaly pour la mairie de Daloa pour un second mandat. A sa défaveur, une présence trop zélée de son entourage dans la gestion des affaires communales et son passé anti-Ouattara où l’homme n’avait pas hésité à traiter le président de « bouche penchée » jouaient contre lui.
Toutefois, ce sera sur instance du président Ouattara, intervention énergique du premier ministre Amadou Gon Coulibaly et d’un suivi constant de la secrétaire général Kandi Kamara que Samba sera accepté autour d’un consensus pour satisfaire tous les camps et les tendances à Daloa. Le deal initial prévoyait la composition suivante : 1- Samba COULIBALY (RHDP – Maire), 2- Yaya SYLLA (RHDP – deuxième adjoint au maire), 3- OUATTARA Bakary (RHDP – troisième adjoint au maire), 4- Karidja DIARRA (RHDP – quatrième adjoint au maire), 5- FOFANA Amaral (RHDP – cinquième adjoint au maire), 6- Gbeuly Stéphane Auguste (RHDP – sixième adjoint au maire) et 7- Batouo Domy (RHDP/UDPCI).
C’est donc avec ce deal scellé que Samba Coulibaly entame la campagne. Il est le chef et a lui est demandé de fédérer toutes les tendances dans l’intérêt de la ville de Daloa. Tout se passe bien aussi bien à la campagne que dans les préparatifs de l’investiture un mois avant. Et patatra…
Le nouveau maire décide de procéder à des lobbyings auprès des conseillers fraichement élus. L’objectif étant qu’il ne souhaite plus accepter cette liste d’adjoints « imposée » qu’il a cependant librement accepté bien avant les élections. La nouvelle liste que la tête de liste Samba proposait en sous-main et dans le secret aux autres conseillers est la suivante : Maire : SAMBA COULIBALY (RDR), Premier adjoint au Maire : FOFANA AMARAL (RDR), Deuxième adjoint au Maire : OUATTARA BAKARY (RDR), Troisième adjoint au Maire : FOFANA YAYA (MFA), Quatrième adjoint au Maire : INZA DIABY (RDR), Cinquième adjoint au Maire : ZUNON PIERRE BRICE (RDR), Sixième adjoint au Maire : N’DIR MAMADOU DOUDOU (RDR).
Il est aisé de noter que trois personnes sont retirées de la première liste à savoir : Yaya Sylla, Karidja DIARRA et Gbeuly Stéphane. La tension monte d’un cran. Gbeuly Stéphane et ses amis ayant appris le projet du maire, biensur à travers d’autres conseillers réticents mettent en place une stratégie pour ne pas sortir humiliés le jour de l’investiture. Ils négocient avec le PDCI qui acceptent de les accompagner, l’UDPCI étant déjà de leur côté. C’est une question de majorité.
La nouvelle de la situation tendue arrive au siège du parti le RDR. Le ministre Mamadou Toure, aussi député de Daloa, prend la route de Daloa sur ordre du Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly et de la secrétaire général Kandia Camara afin de trouver une solution au problème en se rassurant que tous les partis respectent le deal d’avant élection. En ce moment-là, Gbeuly Stéphane n’est toujours pas candidat. Il informe expressément Samba Coulibaly de son arrivée imminente le Mercredi dans la ville pour entamer les négociations afin que tout se passe bien. C’est ainsi que bien avant de faire son entrée dans la ville, la rumeur s’étend dans la ville, cette fois c’est de de façon officielle que Yaya Sylla, Karidja Diarra et Gbeuly Stéphane ne figureraient plus sur la liste des adjoints au maire que Samba Coulibaly s’apprête à proposer en conseil. (Puisque Samba Coulibaly avait publie sur son compte Facebook la liste). Une stratégie qui visait à mettre l’émissaire de la rue Lepic devant les faits purement et simplement.
Il est important de noter que la secrétaire générale Kandia Camara avait elle-même échangé sur la question avec Mr Coulibaly. Il est clair que les deux personnalités n’avaient pas trouvé le consensus sur la question. Dans la soirée, une réunion est convoquée entre le ministre Mamadou Toure, le maire sortant Samba Coulibaly, le chef – sénateur Lacine Toure doyen d’âge et chefs des communautés ainsi que le chef de la communauté senoufo. A Samba Coulibaly, la requête est faite de revenir sur la première liste de consensus bien avant les élections. Refus catégorique de Mr Coulibaly jusqu’à 03 heures du matin. Néanmoins, il promet de réfléchir et de revenir vers ses interlocuteurs avec une réponse définitive au petit matin. Le lendemain Samba Coulibaly, sur de son fait, informe ses interlocuteurs de la vieille que chacun est libre de le challenger s’il le souhaite. Il appuie lui-même et à travers certains de ses collaborateurs l’aspect légal de sa position. Samba Coulibaly à qui le vote par acclamation avait été promis, rejette tout du revers de la main, sûr de son fait et invite toutes personnes désireuses dans ses conseillers de vouloir être candidat contre lui de le faire. Il appelle lui-même à appliquer la loi N0 2012-1128 du 3 décembre 2012 portant organisation des collectivités territoriales à son article 176, relatif à la possibilité de vote entre les conseillers pour déterminer le maire. C’est presqu’à genoux que Samba Coulibaly est supplié. Poussé par son entourage à la rigidité et à la fermeté, l’homme, galvanisé pour ne pas dire pompé par ses proches, prend rendez-vous avec l’histoire le lendemain.
Toute la côte d’Ivoire est surprise de la nouvelle : un jeune inconnu de 34 ans remporte la mise face au maire Samba Coulibaly avec l’équipe suivante : Maire : GBUELY STEPHANE (RHDP), Premier adjoint au Maire : YAYA SYLLA (RHDP), Deuxième adjoint au Maire : KADY DIARRA (RHDP), Troisième adjoint au Maire : BATOUO DOMY (RHDP) Quatrième adjoint au Maire : KONE FANGAGNE MAMADOU (RHDP), Cinquième adjoint au Maire : INZA SYLLA (PDCI) et Sixième adjoint au Maire : ZRANGO DENIS (RHDP). Daloa a un nouveau maire. Séisme dans la ville. Séisme dans le pays. Personne n’y avait rien compris.
Nous pensons ici, que le nœud du problème est la faute politique que l’exmaire a commis. La théorie qui verrait l’existence d’un complot, même si elle auraitpu exister a été facilitée par la position rigide du maire en essayant d’éjecter trois personnes ayant été auparavant informées eux aussi de leur futur statut d’adjoint au maire et qui ont participé au même titre que le maire à la campagne dans la ville de Daloa. Une faute politique se paie et très chèrement.Ce n’est pas Samba Coulibaly qui nous dira le contraire.
Source : Lementor.net
