Par Jean Pierre Assa
Le 14 mai 2025 marquera une date charnière dans l’histoire énergétique de la Côte d’Ivoire. Ce jour-là, la Société Ivoirienne de Raffinage (SIR) a signé un accord historique avec l’entreprise américaine Yaatra Ventures pour la construction d’une nouvelle raffinerie de pétrole, un projet pharaonique estimé à plus de 3 000 milliards de FCFA, soit environ 5,1 milliards de dollars. Une ambition industrielle assumée, qui place désormais Abidjan sur la carte stratégique du raffinage pétrolier en Afrique de l’Ouest.
Une deuxième raffinerie pour doubler la capacité nationale
Actuellement, la SIR traite environ 100 000 barils de pétrole brut par jour. Avec ce nouvel investissement, la capacité nationale devrait atteindre les 170 000 barils/jour, renforçant non seulement l’autonomie énergétique du pays, mais également sa vocation exportatrice vers les marchés sous-régionaux.
Ce projet survient dans un contexte de forte croissance de la demande énergétique, au moment où la Côte d’Ivoire cherche à affirmer son leadership économique face aux mastodontes que sont le Nigeria ou l’Angola.
Une offensive diplomatique et économique américaine
Derrière l’aspect technique du projet, c’est une véritable offensive économique des États-Unis qui se dessine. Washington, à travers ses entreprises comme Yaatra Ventures et Sun Africa, affiche un intérêt stratégique croissant pour le golfe de Guinée. Outre la raffinerie, 700 milliards de FCFA supplémentaires seront injectés dans les énergies renouvelables, avec pour objectif de moderniser le réseau électrique national et d’installer des infrastructures solaires de grande envergure.
Un choix géopolitique fort, qui permet à la Côte d’Ivoire de diversifier ses partenaires, tout en attirant des financements privés massifs dans des secteurs structurants.
Une souveraineté énergétique renforcée
Au-delà du symbole, ce projet consolide la souveraineté énergétique du pays. En raffinant davantage sur place, la Côte d’Ivoire réduira sa dépendance aux importations de produits pétroliers finis et augmentera ses marges bénéficiaires. Le pays pourra ainsi offrir des prix plus compétitifs aux ménages et aux industries, tout en sécurisant ses réserves stratégiques.
Le projet pourrait aussi générer plusieurs milliers d’emplois directs et indirects, notamment dans le BTP, la logistique, et la maintenance industrielle. C’est un levier puissant de croissance, à condition que les retombées bénéficient équitablement aux populations.
Un signal fort en direction du marché régional
Avec cette nouvelle raffinerie, Abidjan ambitionne de devenir le hub énergétique de l’Afrique de l’Ouest francophone. Une stratégie logique au regard de sa stabilité politique, de ses infrastructures portuaires modernes, et de son climat favorable aux affaires.
Le défi, désormais, sera de garantir la bonne gouvernance du projet, d’assurer sa transparence, et d’en faire un modèle de partenariat public-privé réussi.
Car cette raffinerie ne sera pas seulement une usine de transformation. Elle sera l’image de la Côte d’Ivoire qui avance, investit, transforme, et prépare déjà son avenir post-pétrole en diversifiant ses sources d’énergie.
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