La crise migratoire : Hypocrisie européenne ou complicité des dirigeants africains ?

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Telle est la question que nous sommes amenés à nous poser face à ce qui est abusivement appelé « crise migratoire » par les Hommes politiques et Médiatiques Européens et Africains.

Depuis ces derniers jours suite à la découverte de plusieurs dizaines de corps de « migrants » d’origine d’Afrique Noire dans l’enclave de Melilla au Maroc, des organisations « humanitaires » africaines et européennes ainsi que des acteurs politiques du continent africain se mobilisent pour dit-on chercher à mettre fin à cette crise ou à apporter leur soutien aux migrants (refugiés). Dans cette mobilisation sans une véritable condamnation de ce qui pourrait être considéré comme un carnage et un désastre humanitaire avec une dose de gestion catastrophique, raciale et raciste des politiques migratoires notamment à l’endroit des migrants d’Afrique Noire, certaines ONG Marocaines et Espagnoles ont exigé « l’ouverture immédiate d’une enquête judicaire indépendante. » Quant à l’Organisation Internationale pour les Migrations et au Haut-Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés, ces deux institutions se sont contentées du simple rappel de principe général de respect de la sécurité et du droit fondamental des migrants. Elles ont donc souligné « la nécessité en toutes circonstances de prioriser la sécurité des migrants et des réfugiés, d’éviter un usage excessif de la force ainsi que de respecter leurs droits fondamentaux. » Tout porterait à croire que les vies des populations d’Afrique Noire ne valent rien même face à celles d’un animal de compagnie en Europe ou ailleurs dans le monde au regard de la persistance des violences que subissent les migrants.

Par ailleurs, on attend par ci et par là, les mêmes refrains de toujours à savoir que l’une des meilleures solutions serait d’instaurer de « quotas obligatoires » par pays européen et conduire par la force certains migrants vers leur pays d’origine.

Du point de vue de la conscience humaine, chacun pourrait saluer cette mobilisation relative de soutien aux migrants même si elle est molle. Mais, au-delà de cette mobilisation internationale salutaire et à soutenir, force est de constater la mauvaise foi des autorités africaines, des occidentaux et particulièrement des européens face à cette « crise migratoire » au point de nous poser la question de savoir si cette mobilisation répond-elle réellement à une aide ou à un soutien aux migrants. En d’autres termes, la mobilisation de la communauté européenne ne répond-elle pas à la satisfaction d’intérêt politique politicien et à des enjeux électoraux nationaux et des guerres géopolitiques et géostratégiques dans un contexte de montée de l’extrême droite ?

En tout état de cause, cette mobilisation européenne pourrait être appréhendée comme la suite logique du long projet de domination et de déshumanisation des populations des pays du sud. Sinon comment comprendre que c’est seulement maintenant que cette communauté européenne se mobilise quand on sait que ce Drame ne date pas de maintenant.

Au titre d’un bref rappel des faits :

Le phénomène des nombreux naufrages dans les eaux méditerranées remonte en 1992 dans le triangle formé par la Sicile, la Malte et Lampedusa en Italie. A l’aube de Noël 1996, l’île de Lampedusa a enregistré environ 283 morts, en Octobre 2013, cette même Île enregistrait 366 morts et de 2014 à 2021 l’on pourrait compter plusieurs dizaines de morts. Il faut rappeler qu’entre 2002 et 2021, selon certaines estimations d’organisation humanitaires l’Île de Lampedusa en Italie et certaines enclaves Espagnoles notamment l’Enclave de Melilla où a lieu l’actuel drame ont enregistré officiellement plus de 3500 migrants morts. Le dernier naufrage de 2013 avait même entrainé une cérémonie d’hommage le 21 Octobre 2013 à Agrigente en Sicile (Italie). L’ampleur de ce que le Pape François a nommé « Honte pour l’Humanité » avait également causé l’indignation de Madame la Maire GIUSI Nicolini première citoyenne de Lampedusa et les autorités italiennes dont le Président Giorgio NAPOLITANO, le Premier Ministre Enrico LETTA et le Vice Premier Ministre Angelino ALFANO.  La Maire de Lampedusa avait invité à cette occasion les européens à prendre leur responsabilité face à ce « drame humanitaire » d’une autre époque. C’est dans cette même dynamique, le Pape François en visite à Lampedusa lançait « c’est une honte. Unissons nos efforts pour qu’une pareille tragédie ne se renouvelle pas. » Il a de son côté invité le monde entier et particulièrement les européens à prendre leur responsabilité pour ne plus que ces gens de drame ne se reproduisent.  Toutes les initiatives même les plus minimalistes sont portées par les occidentaux notamment Européens dans un profond silence total et incompréhensibles des autorités africaines. Mais, malgré ces nombreuses initiatives, indignations, force est de constater aujourd’hui en 2022 que cette tragédie continue dans l’indifférence totale de l’Europe et aussi des dirigeants des Etats africains qui sont en partie Responsables de ce qui se passe dans les pays d’origine desdits migrants. Ces dirigeants préfèrent se mobiliser pour être et pleurer Charlie à Parisn, s’indigner dans la crise ukrainienne qui doit être condamnée et rester complètement muets avec indifférence dans cette crise humanitaire qui touche leur ressortissant.

Lors du Conseil Européen du 24 Octobre 2014 suite au nombreux drame de l’Île de Lampedusa, le Président du Parlement d’alors Martin SCHULZ pour qui ce naufrage était « une tragédie qui doit marquer un tournant dans la politique européenne » avait demandé le renforcement du contrôle des frontières par l’augmentation du financement de l’Agence Européenne de Contrôle des Frontières(Frontex). Aussi, il aavit demandé l’assouplissement de la réglementation du Dublin II et la création d’un système d’immigration légale.  Tous ces dispositifs jusqu’à ce jour sauf le renforcement des contrôles frontaliers sont malheureusement restés lettre morte dans l’espace européen. Autrement dit, cette tragédie a connu l’Indifférence de l’Europe, notamment des dirigeants de ses Etats qui sont en partie responsables de ce qui se passe dans les pays du sud avec des politiques de paupérisation desdits pays. Aujourd’hui, poser la condition de la marchandisation des migrants par l’instauration de quotas ne montre quelque pas la mauvaise foi de ses auteurs et confirme la responsabilité de ceux-ci avec une certaine responsabilité des autorités africaines qui sont toujours restés indifférents et muets.

Au titre des responsabilités de l’Europe dans la migration des populations du Sud

Extorsions des fonds en bande organisée dans les pays du sud, pillage méthodique et systématique des matières premières, Terreur militaro politique pour chasser ou installer des « Hommes de mains » au Pouvoir en Afrique et au Moyen Orient pourraient être entre autres critiques formulées à l’endroit des acteurs politiques européens.  Utilisation abusive des médias à leur solde pour soutenir et légitimer des Guerres, des Coups d’Etat en Afrique et au Moyen Orient, telles pourraient être également quelques raisons et méthodes peu glorieuses de l’Occident particulièrement de l’Europe en Afrique et au Moyen Orient. Ces différentes politiques d’appauvrissement, d’exploitation, d’extermination et du soutien aux fondamentalistes radicaux ont entrainé l’assassinat de plusieurs dirigeants politiques, la désorganisation de certaines Institutions et le fonctionnement dans certains Etats entre autres le Mali de Moussa TRAORE, la Lybie de KADAFI qui reste un point central de passage pour les migrants, la Syrie de BAHAR, l’Irak de SADAM, la RCA de BOGANDA. Ces disfonctionnements accentués, les faillites de certains Etats dans ces espaces du monde ont entrainé le départ massif et souvent forcé de certaines populations de ces localités vers plusieurs zones dont l’Europe à la recherche d’une hypothétique eldorado. Cette vague migratoire est au cœur de tous les débats partout dans le monde et particulièrement en Europe surtout dans un contexte de montée de l’extrême droite. Elle fait débat parce que l’Europe se sent dit-on « menacée » par l’affût massif des « migrants » ou encore de ces « indésirables » comme certains européens s’adonnent à cœur joie de les nommer.

Face à ce débat, de ce que l’on devait faire des « migrants » ou des « refugiés », l’Europe entend instaurer de plus en plus un système de marchandisation avec d’autres pays notamment africains. Dans ce processus de marchandisation a pour seuls principes et objectifs l’attribution de « Quota de migrants » à chaque pays européen et certains pays africains notamment le Rwanda afin de dissuader les éventuels intéressés au dépar apprend on dans les chancelleries et dans les medias.

Ces questions sont posées dans les chancelleries sans jamais évoquer la lancinante question du maintien de l’ordre politique, militaire et de l’Etat dans ces pays concernés.  Bien au contraire les dirigeants occidentaux particulièrement européens envisagent de plonger davantage les pays du sud dans le chao pour justifier leur politique de « civilisation démocratique » Pire, ils soutiennent quand le jeu des intérêts les arrange comme c’est le cas de l’accord entre le Royaume Unie et le Rwanda. Et si c’est le contraire, le tenant du pouvoir est « mal barré » comme on le dirait à la Gare routière d’Abobo. En effet, de Lybie en Syrie en passant par l’Egypte, la RCA, le Mali, l’Ukraine, etc des groupes armés ont été soutenus par ces mêmes occidentaux contre des régimes souvent démocratiquement élu et en place. Et aujourd’hui, ces mêmes groupes soutenus hier devraient être combattus par leur ancien soutien afin d’instaurer et accentuer le Chao général, les plaies et les désolations des populations dans ces différentes zones. En tout état de cause, la réaction fanfaronnade des occidentaux de ces derniers jours face à cette crise migratoire, cette crise « humanitaire » qui remonte à des années en arrière des dirigeants occidentaux sembleraient être une prise de « conscience » du danger de cette crise migratoire pour la stabilité de la zone de l’Union Européenne. Cette mobilisation de ces derniers temps répond-elle réellement à une prise de conscience des politiques européens ?  

La mondialisation des intérêts et des luttes géopolitiques et géostratégiques d’aujourd’hui font que les européens sont obligés de se pencher sur la question de l’immigration. Autrement dit, sachant que nul ne saurait vivre en autarcie, les européens ont compris les nombreuses menaces de cette migration pour leur pays respectif et se sont sentis obligés de s’impliquer. Rappelons-nous des nombreuses tentatives crises humaines et d’attentats déjouées ces dernières années en Europe (Grande Bretagne, Belgique, France, Espagne, Italie, etc.) sans compter ceux qui furent réalisés avec son cortège de morts et de désolations. Cette flambée de la violence extrême et de la montée de la radicalisation des populations particulièrement des jeunes souvent en rapport avec les fondamentalistes radicaux de l’Etat Islamique Daesh dit-on ont certainement été le catalyseur de cette prise de conscience des politiques européens. Se sentant de plus en plus exposés à toute sorte de menaces, la solution pour les européens résiderait selon certains Hommes politiques dans cette main tendue aux migrants dont ils ont refusé de recevoir il y a peu. Cette mobilisation  est loin de repondre aux mêmes enjeux chez les européens. Longtemps hostiles et refusant que ceux qui sont abusivement appelés « migrants de Calais » ne se rendent en Grande Bretagne, la France s’est alignée sur la décision de la protectrice Allemagne. Cette Allemagne qui sous le règne de son ancienne Chancelière Angela MERKEL a feinté tous les acteurs politiques européens en acceptant de recevoir les migrants. Pour l’Allemagne, c’était un moyen de lutter contre le déficit de mains d’œuvres qui s’annonçait pour les années à venir. En effet, l’Allemagne est l’un des pays européens de plus en plus vieillissant qui a besoin de se faire une peau neuve professionnelle pour garder sa position de leader en Europe, c’est donc pour une opportunité qu’elle avait saisie en son temps et non pour des raisons humanitaires comme les médias ont fait entendre.

Cette prise de conscience intéressée par chaque pays européen sous différentes formes semble être une méprise pour les populations migrantes africaines. En tout état de cause, le monde entier avec à sa tête les Organisation onusiennes fait tristement face à une situation de crise « humanitaire » qui ne devrait pas être politisée et médiatisée comme c’est fait par les occidentaux. Cette crise qui devrait mobiliser tous les acteurs occidentaux « défenseurs » et « promoteurs » de droit de l’Homme passe sous silence à part quelques sorties médiatiques pour se donner bonne conscience face à ce drame humain.  Aussi, force est de constater que les critères de choix de sélection des « migrants » par les pays européens restent à désirer. Certains seraient disent-ils des « mauvais » migrants essentiellement d’Afrique Noire et d’autres les privilégiés c’est-à-dire les « bons » migrants essentiellement ukrainiens après l’épisode des Syriens. Ce double langage et de traitement partisan des populations en détresse sont la manifestation de la mauvaise foi des politiques européens, ce qui est contraire à l’esprit et au texte de la convention de Genèse(1951) relative aux réfugiés.

Le mal est fait, le chao est généralisé dans tous les pays d’origine et les flux migratoires vont continuer à s’accentuer d’avantage les jours à venir comme il a été donné de constater malheureusement dans l’enclave Melilla de l’Espagne. Le double langage des autorités européennes face à cette crise montre le niveau d’hypocrisie de ces dernières. Certains pays africains et européens notamment le Maroc, la Lybie, l’Espagne et l’Italie ferment leur frontière à ces populations migrantes souvent désespérées, déboussolées et qui ne savent que faire. En d’autres termes, cette hypocrisie afro-européenne est loin de trouver un écho favorable chez tous les africains et des européens notamment des pays de transit en Afrique et en Europe. Pour ces derniers, il faut une réelle prise de conscience humaine, humaniste, spirituelle afin de permettre un équilibre géostratégique dans le respect de la souveraineté de chaque pays du sud fut-il « dictatorial ».

L’Europe refuse aussi de tirer les leçons de son passé récent notamment pendant la seconde guerre mondiale. A cette occasion, les populations européennes ont été valablement soutenues, aidées et assistées par les pays du sud particulièrement africains. Ce qui est appelé aujourd’hui « crise migratoire » est quelque part un retour sur l’histoire des peuples ou simplement le retour à l’envoyeur. Cette nouvelle hypocrisie ne saurait durée, car, les pays européens dans son ensemble s’opposeront à cet accueil dit-on massif des migrants pour repondre à des exigences de politique nationale.  Ils vont tous remettre en cause cette nouvelle mobilisation et elle risque de remettre en cause le principe même de l’espace Schengen.

En tout état de cause, chacun fait son analyse et retrient ce qui pourrait lui être utile pour la compréhension de la situation migratoire actuelle. Une chose est sure, c’est que les flux migratoires vont s’accentuer de plus en plus les jours, les mois et même les années à venir sous le regard indifférent des autorités et des responsables africains.

La seule vraie solution qui vaille, que les occidentaux refusent souvent d’admettre pourrait être le respect de la souveraineté, de l’Indépendance de chaque pays et développer de véritables politiques de coopérations bilatérales et multilatérales à sortir de plans de développement inclusif et de renforcement des conditions de créations d’opportunités et de possibilités d’intégration socioprofessionnelle des populations.                                                                                                           

L.B

Auteur : BL

Source : Lementor

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