Ce que le peuple veut.

Mon ami Lassina Koulibaly de Korhogo a parfois de ces idées ! Je ne sais vraiment pas où il va les chercher. Le jeudi soir, tard dans la nuit, sans doute parce qu’il avait de l’insomnie, il m’a envoyé ce message : « cette nuit, c’est le troisième concert gratuit organisé à Korhogo par nos politiciens locaux. Si j’ajoute les concerts organisés pendant la semaine culturelle, on sera au sixième ou septième concert gratuit. Et c’est toujours avec les artistes en vogue. Pour cette nuit, c’est Oumou Sangaré en vedette. Ce qui me gêne dans l’affaire, c’est que le CHR de Korhogo n’a toujours pas de scanner. En outre, nous n’avons que deux gynécologue pour le CHR de Korhogo. Le problème dure depuis. Je vous épargne les autres problèmes. A retenir que ces deux gynécologues reçoivent les évacuations de Ferké, Boundiali, Sinématiali, Dianra, Kong, Niellé, Mbengué…bref. Bon, il semble que je réfléchis parfois trop. Si le peuple préfère danser, où est le problème ? PS : certains problèmes sont pourtant simples à régler, tels que le manque de personnel. Je pense qu’il faut parfois obliger le personnel médical à servir dans nos villes à l’intérieur du pays au lieu de leur permettre de rester concentrés sur Abidjan. »
Que veux-tu que je te dise, mon cher Lassina, si le peuple préfère Oumou Sangaré ou DJ Congélateur à un scanner ? J’ai déjà exprimé dans ces colonnes ma gêne, chaque fois que j’assiste à une cérémonie lorsque, à la fin, on distribue parfois plusieurs millions de francs « au corps préfectoral, aux forces de sécurité, aux chefs traditionnels et religieux, aux jeunes, aux femmes, au comité d’organisation, aux hôtesses, à la fanfare, aux artistes, aux journalistes, etc. », pendant que dans le centre de santé d’à côté, il n’y a pas d’aspirine ou de seringue, quand l’école dans la cour de laquelle la cérémonie s’est tenue n’a pas de toiture ou de bancs. Mais va empêcher les préfets, les policiers, gendarmes, les chefs ou les journalistes, de toucher leurs enveloppes ! Ils te tueraient. Aucune personnalité politique, surtout en campagne comme c’est le cas actuellement, ne se risquerait à ne pas donner au peuple ce qu’il demande. Lassina, tu sais bien que nous sommes dans un pays ou c’est le superficiel, le clinquant, le bruyant, qui comptent. Mais, à bien y réfléchir, est-ce vraiment ce que le peuple attend de ceux qui aspirent à le guider ? N’est-ce pas parce que c’est ce que ces derniers lui proposent ? Un candidat qui ferait savoir qu’il a offert un scanner au CHR de Korhogo n’aurait-il pas plus de suffrages que celui qui n’aura offert qu’un ou plusieurs concerts ? Je n’ai pas de réponse, et je suppose qu’aucun candidat n’a envie de prendre ce risque. Mais je pense, peut-être naïvement, peut-être parce que je ne suis plus dans la course aux suffrages, que nos populations seront plus reconnaissantes envers celui qui leur aura offert de quoi les soigner ou boire de l’eau potable.
Lassina, pour ce qui est du déploiement du personnel médical, je suppose que l’Etat en a conscience. C’est le même problème au niveau de l’enseignement. La balle est dans son camp. Et comme tu le dis, il peut effectivement affecter d’autorité le personnel médical ou enseignant là où cela est nécessaire.
Mon cher Lassina, terminons par cette bonne nouvelle mais qui n’est plus si nouvelle, concernant notre Woudy de Mama, et que tu as certainement déjà reçue. Korhogo n’est plus aussi loin. Laurent Gbagbo a obtenu le divorce avec Simone. Le divorce a été prononcé à ses torts exclusifs, pour adultère caractérisé et notoire, abandon de domicile conjugal et injures graves à l’encontre de Simone. Je crois que tout ça, il s’en fout complètement ; l’important pour lui est que plus personne ne parlera désormais lorsqu’il dira que Nady est sa femme. Pas sa petite femme, mais la vraie. Peut-on lui souhaiter un joyeux divorce ? En tout cas, Woudy, profites-en bien.