Ce matin, les engins de démolition ont rasé une vaste zone commerçante à Adjamé Liberté, où plusieurs vendeurs tenaient leurs étals depuis des années. L’intervention du District d’Abidjan, motivée par le besoin de réorganiser l’espace et réduire les nuisances sonores, laisse des centaines de commerçants dans l’incertitude la plus totale quant à leur avenir.
Pour Mariam Bakayoko, vendeuse de friperie, l’expulsion est un coup dur. « C’est grâce à cette activité que je paie la scolarité de mon fils. Aujourd’hui, je n’ai plus rien. Je ne sais pas quoi faire », dit-elle, les larmes aux yeux, tandis qu’elle observe les débris de son petit commerce. Comme elle, beaucoup d’autres dépendent de leur activité pour subvenir aux besoins de leur famille et n’ont aujourd’hui aucune solution de repli.
Une promesse de relocalisation qui tarde à se concrétiser
Face à la détresse des commerçants, le District d’Abidjan a annoncé que des pourparlers sont en cours avec la mairie d’Adjamé pour identifier un espace où les commerçants pourraient être relocalisés. Cependant, aucun site précis n’a encore été désigné, laissant planer le doute et l’inquiétude parmi les vendeurs. « Nous entendons parler de relocalisation depuis des années, mais rien de concret ne s’est encore matérialisé », déplore Koffi André, vendeur de fruits et légumes, qui craint de perdre tous ses clients.
Les précédents déguerpissements à Adjamé Liberté n’ont en effet jamais abouti à des solutions durables pour les commerçants, qui finissent souvent par revenir sur les lieux. En l’absence d’un espace dédié et organisé, la précarité des conditions de travail persiste, alimentant un cycle d’expulsions répétées.
Quel avenir pour les petits commerçants ?
Cette situation soulève la question du devenir des petits commerçants dans une ville en pleine modernisation. Le manque d’espaces formels pour le commerce de proximité pousse de nombreux vendeurs à s’installer de manière informelle, souvent au risque de se retrouver expulsés à tout moment. Pour Mamadou Diakité, membre d’une association de commerçants à Adjamé, il est urgent que les autorités proposent des espaces adaptés. « Nous avons besoin de stabilité pour pouvoir travailler et subvenir aux besoins de nos familles. La mairie et le District doivent trouver des solutions pérennes », plaide-t-il.
En attendant une réponse concrète des autorités, de nombreux commerçants se retrouvent livrés à eux-mêmes, sans revenu et sans assurance sur leur avenir. Pour eux, l’incertitude demeure, alors que leur principale source de revenus vient de disparaître en quelques heures, emportée par les machines.
Pour beaucoup, la seule alternative reste de reconstruire un espace d’activité dans une autre zone informelle, au risque d’un nouveau déguerpissement à l’avenir.
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