L’affaire qui oppose le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) au journaliste Jean Paul Oro, président de l’Union des Journalistes Ivoiriens de France (UJIF), est plus qu’un simple accroc dans les relations entre un parti politique et la presse. Elle soulève des questions fondamentales sur la liberté d’informer et le respect des principes démocratiques dans une société où les journalistes sont garants de la transparence publique.
Invité à couvrir une rencontre publique du PDCI le 25 novembre en France, Jean Paul Oro a vu son outil de travail confisqué par les organisateurs, sous le prétexte que seuls des médias affiliés au parti étaient autorisés à rendre compte de l’événement. Cet acte, à la fois arbitraire et injustifiable, constitue une entrave directe au droit à l’information, pourtant un pilier fondamental de toute démocratie digne de ce nom.
En s’arrogeant le pouvoir de filtrer les médias autorisés à rapporter ses activités, le PDCI envoie un signal inquiétant : celui d’une volonté de contrôler le récit médiatique, de restreindre la pluralité des voix et, par extension, de limiter l’accès à une information libre et indépendante. Cette attitude soulève un problème majeur : comment un parti qui se réclame de la démocratie peut-il justifier de tels comportements ?
Au-delà de l’incident en lui-même, c’est une tendance plus large qui émerge. La manipulation de l’information, la sélection partisane des médias et l’intimidation des journalistes s’inscrivent dans une logique dangereuse, celle de la restriction progressive des libertés publiques. Ces méthodes ne sont pas seulement contraires aux valeurs démocratiques ; elles rappellent les prémices des régimes autoritaires, où l’opposition et la presse libre sont systématiquement muselées pour préserver un narratif unique.
La confiscation des outils de travail de Jean Paul Oro doit donc être vue comme un avertissement. Si de telles pratiques se normalisent, elles risquent de saper les fondements mêmes de la démocratie ivoirienne, déjà fragile. Le rôle d’un parti politique, qu’il soit au pouvoir ou dans l’opposition, n’est pas de contrôler l’information, mais de garantir un espace de débat et de transparence.
Le PDCI, qui aspire à revenir au pouvoir, gagnerait à revoir ses pratiques. En adoptant une posture d’ouverture envers la presse, il prouverait son engagement envers la démocratie et le pluralisme. À défaut, il risque de perdre en crédibilité, non seulement auprès des journalistes, mais aussi auprès des citoyens qui aspirent à une gouvernance plus respectueuse des droits fondamentaux.
La liberté de la presse n’est pas une faveur octroyée par les puissants. Elle est un droit inaliénable, indispensable à l’équilibre de toute société démocratique. Les Ivoiriens, où qu’ils soient, doivent rester vigilants face à toute dérive qui pourrait menacer cet équilibre. Aujourd’hui, il s’agit du cas de Jean Paul Oro. Demain, qui sait quelles autres libertés pourraient être remises en cause ?
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