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La polémique autour des tirailleurs sénégalais : nuance et révision historique.

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La récente polémique suscitée par les propos du ministre sénégalais Checkh Oumar Diagne, qualifiant les tirailleurs sénégalais de « traîtres », a mis en lumière une question complexe qui mérite une réflexion plus approfondie. Si cette déclaration a provoqué un tollé, menant à son limogeage par le président Diomaye Faye, qui, en parallèle, rendait hommage aux tirailleurs morts lors du massacre de Tiaroye, il est nécessaire d’aborder ce sujet avec nuance et une perspective historique plus large.

Les tirailleurs sénégalais ont effectivement été des acteurs clés des deux guerres mondiales, et leur contribution au sein des armées coloniales françaises mérite d’être saluée. Nombre d’entre eux ont fait preuve d’un courage exemplaire, souvent dans des conditions de vie et de combat abominables, et plusieurs ont payé de leur vie dans les champs de bataille. C’est ainsi que l’on peut comprendre leur hommage posthume, leur sacrifice ayant été immortalisé dans la mémoire collective du Sénégal et de la France.

Cependant, qualifier tous les tirailleurs de héros ne prend pas en compte la réalité complexe de leur engagement. Certes, certains se sont battus pour défendre des idéaux de liberté et de solidarité, mais d’autres ont agi en soutien aux intérêts coloniaux français, souvent dans des contextes où les motivations n’étaient pas exclusivement patriotiques ou humanitaires. L’histoire nous montre que des tirailleurs ont été impliqués dans des campagnes coloniales d’expansion, notamment en Afrique centrale, au Congo, ou en Indochine. Il n’est pas rare que des figures comme Malamine Camara aient été des témoins de ces réalités de complicité avec le colonisateur, en servant l’empire français et contribuant, parfois malgré eux, à l’oppression des peuples colonisés.

Ainsi, la figure du tirailleur sénégalais n’est pas monolithique, et il serait réducteur de considérer tous ces hommes comme des « héros » sans questionnement. Leur situation était souvent plus complexe qu’une simple opposition entre « bons » et « méchants ». Nombre d’entre eux ont été recrutés de manière coercitive, parfois face à une pauvreté accablante, ou contraints par la promesse d’une vie meilleure. Ils se sont engagés sous pression, dans un contexte où la notion de loyauté à la nation coloniale était imposée par la force des armes et des structures coloniales.

Cela n’enlève en rien la grandeur de certains actes héroïques, mais cela nous invite à ne pas tomber dans une célébration aveugle d’un passé qui était également fait de violences et de compromis. En ce sens, les critiques de Oumar Bachir Diagne, bien que mal formulées et peut-être malvenues dans un contexte politique tendu, soulèvent un débat légitime sur l’héritage de ces hommes qui ont servi sous le drapeau français, parfois contre leur propre peuple. Ils ont, en effet, joué un rôle dans l’expansion de l’empire colonial et dans des conflits où les intérêts de l’Empire prévalaient sur ceux des populations locales.

L’histoire des tirailleurs sénégalais, comme celle des autres soldats coloniaux, doit donc être revisitée avec un regard critique, sans occulter ni leur sacrifice, ni les dérives de l’impérialisme qu’ils ont parfois soutenu. Il n’est pas question de les réduire à une simple catégorie de « traîtres » ou de « héros », mais de reconnaître leur complexité historique. Ainsi, le ministre limogé aurait peut-être gagné à formuler ses propos différemment, tout en ouvrant un espace de réflexion nécessaire sur la façon dont le Sénégal, et au-delà l’Afrique, se souvient de son histoire coloniale. C’est un débat essentiel pour la construction de mémoires partagées, qui ne doivent pas être figées dans un discours simplificateur, mais, au contraire, enrichies par la diversité des vécus et des perspectives.

Le rôle des tirailleurs dans l’histoire coloniale et postcoloniale du Sénégal mérite d’être un sujet de réconciliation, certes, mais aussi de réflexion critique sur les ambiguïtés d’un passé complexe.

MK

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