L’officialisation par Tidjane Thiam de sa renonciation à la nationalité française marque un tournant décisif dans la préparation du PDCI à l’élection présidentielle de 2025. Si cette démarche tardive vient clore un débat houleux, elle soulève en revanche de multiples interrogations quant à la stratégie du parti et à la sincérité de l’engagement de son candidat déclaré.
Une vérité tardivement admise
Malgré les dénégations initiales des communicants du PDCI, force est de constater que ceux qui exigeaient que Tidjane Thiam renonce à sa nationalité française avaient vu juste. La question de la double nationalité était une véritable épée de Damoclès suspendue au-dessus du parti, risquant de le priver de candidat éligible.
Jean-Louis Billon, fervent opposant de Thiam au sein du PDCI et lui-même candidat déclaré à l’élection présidentielle, avait publiquement soulevé ce point, mettant en lumière une incohérence majeure dans la stratégie du parti. Toutefois, c’est Arthur Banga, en portant le débat sur la place publique, qui a contraint Tidjane Thiam à agir, évitant ainsi au PDCI une crise majeure.
Une communication désastreuse et une stratégie vacillante
Ce revirement met en exergue la déconnexion entre les partisans de Thiam et leur leader. Nombre de ses soutiens, engagés dans une défense acharnée du statu quo, se retrouvent aujourd’hui discrédités aux yeux de l’opinion publique. L’incohérence de leur discours et leur manque de transparence ont mis à mal la crédibilité du PDCI, alimentant un climat de suspicion sur la véritable préparation de son candidat.
Pourquoi Tidjane Thiam a-t-il tant tardé à régulariser sa situation ? Si son engagement envers la reconquête du pouvoir par le PDCI était sincère, pourquoi n’avoir pas pris les devants immédiatement après son élection à la tête du parti ? Cette procrastination interroge sur sa réelle volonté de se lancer dans la bataille politique.
La confiance et la transparence entre Thiam et son staff sont également mises à rude épreuve. La crédibilité du candidat est en jeu, car il a attendu des pressions de l’opinion publique pour aller déposer sa demande de renonciation, alors que ses partisans affirmaient déjà que cette procédure était actée. Comment, dès lors, l’opinion publique peut-elle encore accorder sa confiance aux porte-paroles du PDCI, sachant qu’ils ne disposent pas d’informations fiables sur leur mentor ? Cet épisode met en lumière un manque de coordination et de cohérence au sein du parti, ce qui risque de fragiliser davantage sa position dans la préparation à l’élection.
Une confrontation inévitable avec le RHDP
En outre, la déclaration de Thiam selon laquelle il attend la désignation du candidat du RHDP avant de convoquer la convention du PDCI soulève une autre question cruciale : craint-il un adversaire en particulier ?
Face à un RHDP solidement implanté sur l’ensemble du territoire national et détenant une majorité absolue dans les institutions locales et nationales, la lutte s’annonce ardue. L’histoire politique ivoirienne enseigne que la compétition électorale est rude, coûteuse et impitoyable. Alassane Ouattara lui-même en est l’illustration vivante, ayant surmonté les pires adversités avant d’accéder au pouvoir.
La présence de Thiam dans l’arène politique soulève ainsi une interrogation existentielle pour le PDCI : son candidat déclaré est-il prêt à mener un combat de longue haleine contre une machine politique bien rodée ?
Un retour marqué par l’hésitation et l’incertitude
Le parcours de Tidjane Thiam est marqué par un long exil, fruit du coup d’État de 1999 qui a évincé Henri Konan Bédié du pouvoir. Depuis, pendant 23 ans, il a été absent du terrain ivoirien. Son retour tardif et ses tergiversations récentes nourrissent le doute sur sa capacité à s’imposer dans une arène politique aussi impitoyable que celle de la Côte d’Ivoire.
La question de sa double nationalité n’était-elle pas, in fine, un prétexte commode pour éviter une épreuve politique redoutable ? Ce débat, loin d’être anecdotique, révèle les limites d’une candidature qui semble naviguer entre ambition politique et réticence à se confronter aux dures réalités du combat électoral.
Conclusion : une équation encore irrésolue
Si la démarche de renonciation à la nationalité française de Tidjane Thiam permet au PDCI de conserver une option pour 2025, elle ne dissipe pas pour autant les interrogations sur sa détermination et sa stratégie.
L’opinion publique et les militants du PDCI seront attentifs aux prochaines étapes : la convocation de la convention, la clarification de la stratégie électorale et la capacité de Thiam à incarner un leadership fort face à un RHDP omniprésent.
L’heure n’est plus aux calculs incertains mais à la démonstration d’une volonté ferme et inébranlable de porter les espoirs du PDCI à la reconquête du pouvoir d’État.
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