Le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire – Rassemblement Démocratique Africain (PDCI-RDA) a annoncé, ce 9 février 2025, la suspension de sa participation à l’émission politique phare NCI 360, diffusée sur la Nouvelle Chaîne Ivoirienne. Cette décision marque une nouvelle escalade dans les tensions entre le parti et certains médias nationaux, sur fond de débat explosif autour de la nationalité de son président, Tidjane Thiam.
Dans un communiqué officiel, le PDCI-RDA fustige la composition des plateaux de l’émission, dénonçant un déséquilibre structurel systématiquement en défaveur de son président. Selon le parti, la ligne éditoriale de NCI favoriserait des intervenants proches du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), le parti au pouvoir, ce qui biaiserait les débats et nuirait à l’impartialité du programme. Plus encore, le PDCI-RDA critique la présence au sein des équipes de rédaction de la chaîne de communicants ayant, selon lui, des affiliations politiques trop marquées pour garantir une neutralité journalistique. Estimant que cette situation compromet l’équité du débat public, le parti a décidé de suspendre sa participation à l’émission jusqu’à ce que des mesures correctives soient mises en place.
Ce retrait survient alors que NCI 360 prévoyait un débat sur la récente renonciation de Tidjane Thiam à sa nationalité française. Un geste à forte portée symbolique, perçu par certains comme une stratégie visant à lever tout obstacle juridique à sa candidature à l’élection présidentielle de 2025. La Constitution ivoirienne impose en effet aux candidats d’être ivoiriens de naissance, nés de parents eux-mêmes ivoiriens de naissance et de ne pas posséder une autre nationalité. En renonçant à sa nationalité française, Tidjane Thiam entendait clarifier sa position et dissiper les doutes quant à son éligibilité. Pourtant, cette démarche, loin de clore le débat, a ravivé les tensions. Ses adversaires politiques l’accusent d’opportunisme, tandis que ses partisans dénoncent une manipulation de la question identitaire à des fins électorales.
La décision du PDCI-RDA de boycotter NCI 360 ne relève pas seulement d’un refus ponctuel de débattre, mais s’inscrit dans une stratégie plus large visant à dénoncer un traitement médiatique jugé inéquitable. En contestant la neutralité de l’émission, le parti cherche à attirer l’attention sur une problématique plus large, celle de l’équilibre dans la couverture médiatique des forces politiques en présence. Il espère ainsi forcer la chaîne à revoir la composition de ses panels et l’orientation de ses débats. En parallèle, ce retrait constitue un moyen de mobiliser ses militants en leur demandant de ne plus accorder de crédit à un programme perçu comme hostile à leur camp.
Ce bras de fer comporte néanmoins des risques pour le PDCI-RDA. En se retirant de l’un des plateaux politiques les plus suivis du pays, il pourrait se priver d’une tribune essentielle pour faire entendre sa voix et défendre ses positions face à l’opinion publique. À l’inverse, cette suspension pourrait aussi renforcer son discours sur un traitement médiatique biaisé, lui permettant de se positionner en victime d’un système qui favoriserait ses adversaires.
La direction de NCI ne s’est pas encore exprimée sur cette décision, mais cette affaire met en lumière les tensions persistantes entre opposition et médias à l’approche des élections. Cette suspension va-t-elle contraindre NCI à modifier sa ligne éditoriale, ou bien risque-t-elle de durcir encore davantage le clivage médiatique en Côte d’Ivoire ? La réponse à cette question aura un impact sur le rapport de force entre les partis et sur la perception de l’équité démocratique dans le pays. À quelques mois des élections, chaque prise de parole et chaque stratégie de communication revêtent une importance capitale. En suspendant sa participation à NCI 360, le PDCI-RDA espère influer sur le débat public. Reste à savoir si ce choix sera payant ou s’il le privera d’un espace d’expression essentiel.
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