Par Dohtani Yeo
Le gouvernement ivoirien vient de lancer deux grandes initiatives simultanées dans les domaines de la santé publique et de l’éducation nationale, confirmant sa volonté de renforcer les services sociaux de base. Du 15 au 30 mai 2025, une vaste campagne nationale de vaccination contre la rougeole et la fièvre jaune est déployée sur l’ensemble du territoire, avec pour objectif d’atteindre au moins deux millions d’enfants. Parallèlement, le ministre de l’Éducation nationale a annoncé le recrutement imminent de 5 000 enseignants supplémentaires pour la rentrée scolaire de septembre.
Sur le front de la santé, la campagne de vaccination cible en priorité les enfants de 9 mois à 10 ans, notamment dans les zones rurales, les quartiers précaires des grandes villes, et les régions frontalières, où les taux de couverture vaccinale restent encore faibles. Le ministère de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture maladie universelle, en partenariat avec l’OMS et l’UNICEF, mobilise plus de 7 000 agents de santé, répartis dans 2 500 postes fixes et mobiles.
Le ministre Pierre Dimba a rappelé que la rougeole reste l’une des principales causes de mortalité infantile évitable dans le pays. Quant à la fièvre jaune, la recrudescence de cas en zone forestière et dans certains districts urbains inquiète les autorités sanitaires. « Cette campagne vise à éviter une épidémie de grande ampleur à l’approche de la saison des pluies, tout en renforçant l’immunité collective », a-t-il souligné lors d’une visite à Gagnoa.
Les parents sont appelés à faire vacciner gratuitement leurs enfants dans les centres désignés, et une large sensibilisation est en cours via les médias, les leaders communautaires et les écoles. Des incitations comme la remise de kits d’hygiène ou de fournitures scolaires sont prévues pour stimuler la participation.
Du côté de l’éducation, la rentrée de septembre 2025 verra l’intégration de 5 000 nouveaux enseignants dans le système public, toutes disciplines confondues. Ce recrutement fait suite à une série d’audits internes qui ont révélé un déficit important d’enseignants, en particulier dans les cycles primaire et secondaire en zones rurales. Dans certaines écoles, un seul instituteur gérait jusqu’à quatre niveaux simultanément.
Selon Mariatou Koné, ministre de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation, ces nouveaux enseignants bénéficieront d’une formation pédagogique accélérée et d’un accompagnement à leur prise de poste. « Nous voulons garantir non seulement la quantité, mais aussi la qualité de l’enseignement, pour offrir une chance équitable à tous les enfants, où qu’ils se trouvent », a-t-elle déclaré.
Les syndicats d’enseignants et les associations de parents d’élèves saluent ces annonces, mais appellent à aller plus loin : revalorisation des salaires, amélioration des conditions de travail, renforcement des infrastructures scolaires, notamment en milieu rural. À ce sujet, un programme de construction de 1 000 classes et de réhabilitation de 500 écoles est en préparation, selon une source proche du ministère.
L’engagement conjoint du gouvernement dans les secteurs de la santé et de l’éducation rappelle l’importance du capital humain dans la stratégie de développement national. Alors que la Côte d’Ivoire aspire à rejoindre le cercle des pays émergents, garantir une enfance protégée et une scolarisation de qualité demeure un impératif de justice sociale et d’efficacité économique.
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