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samedi , 18 octobre 2025
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La jeunesse au cœur du discours révolutionnaire : mythe ou moteur réel ?

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Dans les pays de la Zone AES, la jeunesse occupe une place centrale dans la rhétorique des pouvoirs militaires. Chaque discours officiel ou presque la désigne comme la colonne vertébrale de la nouvelle dynamique souverainiste, l’actrice principale de la refondation nationale et la gardienne des intérêts du peuple. Mais au-delà des slogans et des mobilisations ponctuelles, la jeunesse bénéficie-t-elle réellement d’un rôle moteur dans les transformations politiques et sociales à l’œuvre

Le premier facteur qui justifie ce discours est démographique. Dans les trois pays, plus de 60 % de la population a moins de 25 ans. Cette jeunesse, souvent marginalisée dans les processus décisionnels classiques, représente un enjeu politique, social et économique majeur. En l’intégrant dans le récit national de rupture, les autorités tentent de mobiliser une force vive souvent frustrée par l’inaction des anciens régimes. Les jeunes sont appelés à s’engager, à se former, à défendre la patrie, à incarner un nouveau modèle de citoyenneté.

Les manifestations de soutien aux juntes militaires ont souvent été portées par des organisations de jeunesse. Dans les rues de Ouagadougou, Bamako ou Niamey, on retrouve des groupes organisés qui scandent des slogans, diffusent des messages sur les réseaux sociaux et se constituent parfois en mouvements de défense du régime. Ces acteurs se veulent le relais du pouvoir auprès des populations, notamment dans les quartiers populaires. Certains ont même intégré des structures officielles de mobilisation, devenant des interlocuteurs de l’État.

Cependant, cette mise en avant de la jeunesse ne se traduit pas toujours par une participation effective aux décisions. Peu de jeunes siègent dans les instances de transition, dans les commissions de rédaction constitutionnelle ou dans les cercles de concertation stratégique. Le pouvoir réel reste largement concentré entre les mains des militaires et de leurs proches collaborateurs. La jeunesse est donc davantage célébrée que véritablement impliquée, avec un rôle parfois plus symbolique que fonctionnel.

Sur le plan socio-économique, les jeunes continuent de faire face à des réalités difficiles. Le chômage reste élevé, les opportunités d’emploi formel sont rares et l’accès à la formation technique ou universitaire demeure inégal. Malgré des promesses d’investissement dans l’éducation, les infrastructures scolaires et les dispositifs d’insertion, peu de changements structurels ont été observés jusqu’ici. Dans certaines zones rurales, la jeunesse est davantage perçue comme une main-d’œuvre de mobilisation que comme une catégorie à autonomiser durablement.

Enfin, une partie de cette jeunesse exprime aussi des voix dissidentes. Sur les réseaux sociaux, dans certains milieux universitaires ou à travers la diaspora, des jeunes critiquent la concentration du pouvoir, le report des élections et l’instrumentalisation politique de leur génération. Ces voix restent minoritaires, mais elles rappellent que la jeunesse n’est pas un bloc homogène et que son adhésion aux régimes militaires ne doit pas être considérée comme acquise.

La jeunesse est donc au cœur du discours politique de la Zone AES, mais ce positionnement mérite d’être interrogé. Est-elle réellement le moteur du changement ou sert-elle de caution à des régimes qui peinent encore à proposer un projet inclusif ? L’avenir de la Zone AES dépendra en partie de la réponse à cette question, car aucune refondation durable ne saurait se faire sans une jeunesse réellement associée, formée et responsabilisée.

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