La transformation digitale de la Côte d’Ivoire franchit un nouveau cap. Après avoir dynamisé plusieurs pans de l’économie, les technologies numériques s’attaquent désormais au secteur de la santé. C’est dans ce contexte que l’École Supérieure Africaine des Technologies de l’Information et de la Communication (ESATIC) a ouvert, le jeudi 15 mai 2025, un séminaire scientifique de deux jours axé sur le thème : « Industrie 4.0 au service de la santé ».
Cet événement a rassemblé des spécialistes nationaux et internationaux autour d’un objectif central : faire des technologies émergentes un moteur de souveraineté sanitaire et de progrès durable. Intelligence artificielle, objets connectés, télémédecine… autant d’outils qui, demain, pourraient améliorer significativement l’accès aux soins et renforcer l’efficacité du système de santé.
Une approche globale de la santé de demain
Dans son intervention d’ouverture, le professeur Aliou Bamba, président du comité scientifique, a souligné la nécessité d’intégrer les technologies numériques de manière transversale dans les politiques de santé publique. Il a mis en avant la vision d’une santé « intelligente, systémique et holistique », s’inspirant du concept « One Health » qui considère l’interdépendance entre la santé humaine, animale et environnementale.
Parmi les innovations présentées : la robotique appliquée à la chirurgie, le diagnostic médical assisté par IA, les consultations à distance pour les zones enclavées ou encore la surveillance sanitaire via drones. Ces exemples illustrent parfaitement le potentiel de l’industrie 4.0 bien au-delà de son champ d’origine, notamment industriel.
Le professeur Adama Konaté, directeur général de l’ESATIC, a affirmé sa volonté de faire de son établissement un centre d’innovation numérique capable d’apporter des réponses concrètes aux problématiques sanitaires. Il a notamment cité les recherches en cours sur l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la détection précoce du cancer et du diabète.
Une dynamique soutenue par l’État
L’intégration du numérique dans le secteur de la santé s’inscrit dans une stratégie nationale plus large. Comme l’a indiqué Olivier Avoa, représentant du ministère de la Transition numérique, cette approche multisectorielle s’appuie sur la récente adoption de la stratégie nationale Industrie 4.0, déjà amorcée dans le secteur agricole.
M. Bléhiri Franck Simon, directeur de l’informatique et de la santé, a pour sa part salué cette initiative au nom du ministre de la Santé. Il a rappelé que cette transition vient appuyer la réforme hospitalière engagée depuis 2019, notamment à travers la numérisation des dossiers médicaux, la mise en place d’hôpitaux dits « intelligents » et le déploiement progressif de systèmes d’information hospitaliers.
Un espace d’innovation et de collaboration
Pendant deux jours, les participants assistent à des conférences, panels et démonstrations de startups locales, afin d’identifier des pistes d’action concrètes pour un système de santé plus moderne, plus inclusif et plus performant. L’ambition affichée est de poser les fondations d’un réseau de recherche appliquée et de proposer des recommandations pour orienter les politiques publiques.
Comme l’a justement résumé le professeur Aliou Bamba :
« Le système de santé de demain dépend de ce que nous décidons de construire aujourd’hui ».
Et l’industrie 4.0 pourrait bien être le socle de cette construction.
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