Par CB
Le 29 mai 2025, lors des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) tenues à Abidjan, Akinwumi Adesina a officiellement mis fin à ses dix années de présidence. Ce départ marque l’achèvement d’une décennie axée sur la transformation structurelle du continent africain. Ingénieur agronome de formation, Adesina aura durablement marqué l’institution panafricaine par une série d’initiatives audacieuses, au premier rang desquelles figure le programme des « High 5s » : électrifier, nourrir, industrialiser, intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie. Sous sa direction, la BAD a également connu une modernisation stratégique notable, avec une montée en puissance sur les grands enjeux de développement durable, d’accès au financement et de lutte contre la pauvreté.
Son mandat n’a toutefois pas été exempt de critiques. Des voix se sont élevées à plusieurs reprises sur la gestion interne de l’institution, pointant un manque de transparence dans certains processus et des orientations parfois jugées éloignées des besoins immédiats des populations africaines. Malgré ces réserves, Akinwumi Adesina laisse une banque renforcée, avec une influence accrue sur la scène financière mondiale.
C’est dans ce contexte de transition que les regards se sont tournés vers l’avenir. Et c’est finalement le Mauritanien Sidi Ould Tah qui a été élu pour lui succéder à la tête de la BAD. Économiste de 60 ans, ancien ministre de l’Économie et des Finances de la Mauritanie, Ould Tah était depuis 2015 à la tête de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA). Durant son mandat à la BADEA, il a été salué pour avoir quadruplé le bilan de la banque et obtenu une notation AAA, positionnant ainsi l’institution comme un acteur incontournable du financement africain. Son élection à Abidjan a été bien accueillie, notamment en raison de son profil technique et de sa connaissance approfondie des mécanismes de financement du développement.
Sidi Ould Tah prendra officiellement ses fonctions le 1er septembre 2025, pour un mandat de cinq ans. Son défi principal sera de maintenir le cap tout en adaptant la BAD aux réalités nouvelles : urgence climatique, pressions démographiques, instabilité sécuritaire, mais aussi retrait de certains financements internationaux comme celui annoncé par les États-Unis. Ould Tah a d’ores et déjà annoncé son intention de renforcer les partenariats avec les États du Golfe et de promouvoir l’investissement dans les infrastructures à fort impact sur le développement.
Ainsi s’ouvre une nouvelle ère pour la Banque africaine de développement, entre continuité et renouvellement. La page Adesina se tourne, non sans fierté ni controverse, pour laisser place à une présidence attendue avec espoir dans un contexte africain où les défis économiques, sociaux et climatiques n’ont jamais été aussi pressants.
Leave a comment