Par Dohotani Yeo
Le gouvernement ivoirien franchit un nouveau cap dans sa stratégie de lutte contre le chômage structurel. À la rentrée 2025-2026, sept nouveaux établissements de formation technique et professionnelle ouvriront leurs portes à Ebimpé (Anyama), Yamoussoukro, Diabo, Dabakala, Kong, Korhogo et Gbéléban. Un maillage géographique qui ne doit rien au hasard : ces localités, souvent éloignées des grands centres urbains, concentrent une jeunesse sous-employée, déscolarisée ou désorientée.
Cette initiative s’inscrit dans une logique à double levier. D’un côté, elle répond à l’urgence sociale de créer des débouchés pour des milliers de jeunes. De l’autre, elle anticipe les besoins d’une économie en mutation, où la transformation locale des matières premières, le bâtiment, l’agriculture moderne, l’énergie renouvelable ou encore le numérique nécessitent des compétences opérationnelles spécifiques. Les nouveaux centres seront ainsi équipés d’outils modernes, avec des filières adaptées aux réalités du marché ivoirien et ouest-africain.
Mais au-delà des bâtiments, la question de l’encadrement est cruciale. Qui formera les formateurs ? Quels liens seront établis avec les entreprises locales pour assurer l’insertion professionnelle des sortants ? Le risque serait de bâtir de belles infrastructures sans ancrage dans le tissu productif. C’est pourquoi les autorités promettent des partenariats public-privé, ainsi qu’un accompagnement technique avec des bailleurs internationaux comme l’AFD ou la BAD.
Il faut rappeler que le taux de chômage des jeunes reste élevé malgré une croissance économique soutenue ces dernières années. L’écart entre les formations dispensées et les compétences recherchées par les entreprises est souvent pointé du doigt. En créant ces centres, l’État entend combler ce fossé, et repositionner la formation professionnelle comme un choix de première intention, et non de rattrapage.
D’ores et déjà, des milliers de jeunes se disent prêts à s’y inscrire. À condition que les cursus soient certifiés, que les débouchés soient clairs, et que la qualité pédagogique suive. Car le véritable défi n’est pas d’ouvrir des centres, mais de créer un écosystème de réussite, de confiance et d’innovation autour de la formation technique.
En investissant dans ces pôles de savoir-faire, la Côte d’Ivoire pose les bases d’un futur économique plus inclusif. Il ne reste plus qu’à transformer l’essai.
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