Par La Rédaction
Abidjan, le 5 juin 2025 – En confirmant le retrait de Tidjane Thiam, Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro de la liste électorale, la Commission électorale indépendante (CEI) recompose en profondeur l’équation politique ivoirienne. Derrière la décision juridique, c’est toute la dynamique du scrutin présidentiel d’octobre 2025 qui bascule, avec des incertitudes nouvelles, des recompositions en vue, et un paysage électoral désormais privé de certains de ses opposants les plus en vue.
Un duel sans adversaires naturels ?
Avec la mise à l’écart de ces quatre personnalités, le RHDP, parti au pouvoir, pourrait se retrouver face à un champ d’opposition fragmenté et affaibli. Mais cette apparente facilité cache un autre risque : un déficit de légitimité perçue si le scrutin venait à manquer de compétitivité. Une élection à faible intensité politique pourrait susciter l’abstention dans certaines régions, voire une contestation de son issue.
Vers une recomposition accélérée de l’opposition
La grande inconnue reste la capacité des partis concernés à faire émerger de nouveaux visages capables d’incarner leurs idéaux tout en rassemblant un électorat diversifié. Le PDCI, par exemple, devra arbitrer entre un retour aux cadres traditionnels ou un saut générationnel. Au PPACI, les regards se tournent vers Damana Pickass, Stéphane Kipré ou Dano Djédjé. Du côté de GPS, le mouvement de Guillaume Soro, la désignation d’un candidat par délégation pourrait faire figure de stratégie alternative.
Les semaines à venir seront décisives. Alliances inattendues, candidatures de rupture ou figures indépendantes pourraient apparaître, bouleversant l’ordre établi. La compétition pourrait ainsi basculer d’une logique d’héritage politique vers une logique d’offre programmatique, axée sur des projets de société et la proximité avec les préoccupations citoyennes.
Un test pour la maturité démocratique
Cette configuration inédite constitue un test grandeur nature pour la démocratie ivoirienne. Peut-elle organiser un scrutin ouvert, apaisé, sans les figures les plus clivantes du passé ? Ou tombera-t-elle dans une compétition de façade, minée par le ressentiment et la frustration d’une partie de l’opinion ?
La société civile et les partenaires internationaux seront attentifs aux conditions d’organisation du scrutin, à la transparence des règles du jeu, et à la capacité des institutions à garantir un processus électoral inclusif malgré les exclusions prononcées.
Et maintenant ?
Le calendrier électoral s’accélère. Les partis doivent redéfinir leurs stratégies. Les candidatures doivent être déposées. Les coalitions doivent se consolider ou se recomposer. En toile de fond, les enjeux de fond – emploi, éducation, pouvoir d’achat, sécurité – demeurent entiers.
C’est peut-être là que se jouera l’essentiel : dans la capacité des acteurs à proposer un avenir crédible, au-delà des figures charismatiques écartées. En cela, la présidentielle de 2025 pourrait, contre toute attente, ouvrir un cycle politique nouveau – à condition que le débat se recentre sur les idées plutôt que sur les seuls noms.
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