Abidjan, 9 juin 2025 – À moins de cinq mois de la présidentielle ivoirienne, les lignes commencent à bouger au sein des grandes formations politiques. L’ancien ministre du Commerce, Jean-Louis Billon, a officiellement déclaré son intention de briguer l’investiture du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) pour la course à la magistrature suprême. Une annonce attendue, qui ouvre une nouvelle phase dans les débats internes au sein de l’ex-parti unique.
Une candidature ancrée dans l’histoire du parti
Jean-Louis Billon n’est pas un inconnu au sein du PDCI. Ancien président de la Chambre de Commerce et d’Industrie, ex-ministre du Commerce sous la présidence d’Alassane Ouattara, et figure influente dans le milieu économique, il se revendique d’une tradition de réformisme modéré et d’ouverture. Depuis plusieurs années, il n’a cessé d’appeler à un rajeunissement du leadership politique ivoirien, positionnant sa candidature comme celle d’un « renouveau dans la continuité », en harmonie avec les valeurs historiques du PDCI.
Dans sa déclaration, Billon a affirmé vouloir « incarner une alternative crédible face aux fractures politiques persistantes », ajoutant que le moment était venu pour le PDCI de proposer un visage « moderne, rassembleur et tourné vers l’avenir ».
Une compétition ouverte au sein du parti
Si la déclaration de Jean-Louis Billon confirme son engagement de longue date pour une candidature présidentielle, elle intervient dans un climat particulier. Le président actuel du parti, Tidjane Thiam, fraîchement réélu à la tête du PDCI après une courte démission, n’a pas encore officialisé sa position sur une éventuelle candidature. De nombreux militants voient en lui un prétendant naturel, fort de son rayonnement international et de son aura technocratique.
D’autres figures, plus discrètes mais influentes, sont également évoquées dans les cercles internes du parti. Cette pluralité de candidatures possibles témoigne d’une certaine vitalité démocratique au sein du PDCI, mais aussi d’une tension latente entre générations, lignes idéologiques et ambitions personnelles.
Un enjeu stratégique dans la recomposition de l’opposition
La décision du PDCI sur son candidat pourrait jouer un rôle central dans la reconfiguration de l’opposition. Alors que le RHDP poursuit sa dynamique de terrain en attendant de désigner officiellement son candidat, et que le PPA-CI de Laurent Gbagbo tente de consolider son socle électoral, le choix du PDCI pourrait influencer les alliances futures, notamment dans l’optique d’un second tour où aucun parti ne semble, pour l’heure, en mesure de s’imposer seul.
Jean-Louis Billon, par son profil économique, son discours modéré et sa capacité à dialoguer avec divers courants, pourrait constituer un pont entre les sensibilités politiques. Mais cela suppose qu’il parvienne d’abord à rallier à sa cause l’appareil du parti, dont certaines franges restent méfiantes face à son style direct et sa posture parfois critique vis-à-vis des traditions politiques établies.
Vers un congrès de clarification ?
La question d’un congrès extraordinaire pour trancher la question de la candidature reste en suspens. Des voix internes appellent à une procédure transparente et ouverte, tandis que d’autres plaident pour une désignation consensuelle au sein du bureau politique. Dans tous les cas, la prise de parole de Jean-Louis Billon pousse le parti à clarifier rapidement sa ligne stratégique.
D’ici là, la campagne interne s’intensifie, dans un climat d’incertitude politique générale où chaque positionnement compte. La candidature Billon, qu’on l’appuie ou qu’on la conteste, vient relancer un débat essentiel : celui de l’alternance, du renouvellement et du rôle que le PDCI souhaite jouer dans la future architecture politique ivoirienne.
La Rédaction
Leave a comment