Le ton est solennel, le message limpide : « Nous voici ! ». Ce samedi 12 juillet 2025 à Treichville, c’est par ce cri d’identité – Wobélé en tagbana et tchébingué – que s’est ouvert le lancement officiel de la 4ᵉ édition du WOBÉLÉ FESTIVAL, l’un des événements culturels les plus ambitieux du nord ivoirien.
Avec pour thème « Culture et Paix : Bâtissons un avenir commun », les organisateurs entendent faire de ce rendez-vous bien plus qu’un festival : un projet de société.
« Le Wobélé Festival est pour nous un instrument de cohésion. Il fédère toutes les communautés, autochtones comme allochtones. C’est notre manière d’apporter notre part à la construction nationale », a déclaré le commissaire général Ouolo Coulibaly.
Un rendez-vous de mémoire et de transmission
Cette édition 2025 mettra en compétition plus de 40 troupes de danse traditionnelle, avec à l’affiche des rythmes enracinés : Sita, Nangbogo, Sitchala. Et comme chaque année, un peuple frère est mis à l’honneur. Après le Boloyé de Lataha et le Kroubi de Kong, c’est le N’Goron de Boundiali qui fera vibrer les planches.
Mais cette 4e édition franchit un cap. Elle proposera, pour la première fois, des exhibitions sacrées : les danses Tchépor et Tchara, réservées à des rituels exceptionnels, seront présentées au public dans leur dimension symbolique.
« Ce que nous voulons, c’est aller chercher notre culture dans ses profondeurs. C’est elle notre boussole », a affirmé Ouolo Coulibaly, visiblement ému.
Côté scène, l’entrée du théâtre est annoncée comme une innovation majeure, avec des troupes intergénérationnelles racontant la vie locale en langue tagbana.
Balafon, patrimoine et numérique : une culture en mouvement
Le balafon aura droit à une nuit spéciale, avec à l’affiche le virtuose Néba Solo.
« Nous voulons un concert traditionnel à la hauteur de notre héritage. Le balafon est notre langage commun. C’est lui qui parle pour nous », a expliqué le commissaire général.
Sur le volet patrimonial, une monographie historique des peuples Tafihé et Tchébingué sera lancée, accompagnée d’une exposition de 300 photos d’archives, retraçant les grands moments de la région : patriarches, écoles, chantiers, traditions.
« Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir. Cette monographie va enlever la rosée du matin, pour tracer le sentier de notre marche collective », a déclaré avec poésie Mme Coulibaly Mawa, présidente du comité scientifique.
Un festival au service du progrès
Le Wobélé Festival, c’est aussi l’anticipation des défis de demain. Sur le plan écologique, une campagne de sensibilisation sur les dangers des pesticides et des formations à l’agriculture durable seront organisées.
« Aujourd’hui, le climat change, nos habitudes doivent suivre. Si le maïs ne tient plus, il faut trouver des alternatives. Nous devons former nos planteurs », a plaidé Ouolo Coulibaly.
Côté numérique, le projet “Case Numérique”, en partenariat avec Bridge for Inclusive Africa, entend ouvrir l’accès au digital dans les zones rurales. Les femmes y apprendront le e-commerce, les enfants bénéficieront de séances de soutien scolaire et d’alphabétisation numérique.
« Nous avons les téléphones, mais pas encore les outils. Il faut apprendre à vendre, à communiquer, à exister dans le monde connecté », a-t-il insisté.
Les enfants et les jeunes au cœur du dispositif
Le WOBÉLÉ KIDS – espace Piléh se positionne comme un véritable laboratoire d’éveil, entre piscines à balles, jeux sensoriels, ateliers créatifs et contes vivants.
Et pour détecter les champions de demain, un stage de basketball de 10 jours sera organisé pour les jeunes de 12 à 16 ans, en partenariat avec la Fédération Ivoirienne de Basketball, suivi d’un tournoi de détection.
Une ambition ancrée, une histoire en marche
Du 9 au 17 août 2025, la ville de Tafire deviendra le carrefour de la culture ivoirienne, entre traditions et modernité, spiritualité et innovation.
« En 2018, nous n’aurions jamais imaginé en arriver là. Mais aujourd’hui, avec l’engagement de tous, nous lançons une édition historique », a confié Ouolo Coulibaly, dans un moment d’émotion, saluant le soutien indéfectible de son entourage.
Et de conclure :
« Wobélé, ça veut dire “Nous voici”. Nous voici, debout. Fiers. Portés par notre histoire, inspirés par nos ancêtres, et tournés vers un avenir de paix. »
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