Par La Rédaction
Ce mercredi 16 juillet 2025 à Abidjan, le siège du MGC a accueilli une rencontre politique très attendue entre la Coalition pour l’Alternance Pacifique en Côte d’Ivoire (CAP‑CI), emmenée par Simone Ehivet Gbagbo, et une délégation du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), conduite par Ibrahim Cissé Bacongo. Une première entre les deux camps depuis des mois de crispation politique. Si les poignées de main ont été chaleureuses, les enjeux derrière cette initiative dépassent la seule symbolique du dialogue. Il s’agit, dans les faits, de redonner une chance à un processus électoral apaisé à quelques mois de l’élection présidentielle d’octobre prochain.
La rencontre intervient dans un climat électoral tendu, marqué par la radiation de plusieurs figures majeures de l’opposition des listes électorales – Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Charles Blé Goudé, Tidjane Thiam – et par la méfiance croissante à l’égard de la Commission Électorale Indépendante (CEI). La CAP‑CI, qui rassemble diverses sensibilités politiques et civiles, réclame une réforme en profondeur du processus électoral : audit indépendant du fichier, recomposition de la CEI, accès équitable aux médias publics, et garanties claires sur la sécurité du scrutin. C’est dans cet esprit qu’elle a entamé une tournée de sensibilisation nationale et internationale, mobilisant leaders religieux, organisations de la société civile, missions diplomatiques et opinion publique.
Face à elle, le RHDP cherche à maintenir son image de parti ouvert au dialogue, tout en défendant la légalité des institutions existantes. Le report de la rencontre initialement prévue en mai, pour cause de congrès du parti présidentiel, avait été perçu comme une esquive. Mais en tenant enfin cette réunion, le pouvoir envoie un signal d’ouverture – à condition toutefois que ce geste soit suivi d’engagements concrets. Car dialoguer ne suffit pas. Ce sont les décisions qui en sortiront, ou non, qui donneront du sens à cette initiative.
Les échanges ont permis, selon des sources proches des deux camps, de « clarifier les positions » et de « poser les bases d’un canal permanent ». Pour autant, aucun accord n’a été annoncé à l’issue de la rencontre. Ce flou maintient la pression sur les semaines à venir. L’élection présidentielle d’octobre est encore loin d’être totalement balisée, et les risques de crise post-électorale ne sont pas à exclure si le dialogue n’aboutit pas à des avancées réelles sur les réformes demandées.
Dans ce contexte, cette reprise de contact ne doit pas être instrumentalisée comme un simple outil de communication politique. Elle doit être l’amorce d’une dynamique de confiance, fondée sur des actes, des délais précis et une volonté partagée de faire primer la démocratie sur les calculs partisans. La Côte d’Ivoire a trop souvent payé le prix de dialogues inaboutis ou vidés de leur contenu. À l’heure où la jeunesse scrute avec attention les conditions du prochain scrutin, où les partenaires internationaux appellent à la vigilance, et où les plaies du passé ne sont pas totalement refermées, il est urgent de redonner au mot « dialogue » sa pleine valeur.
Ce 16 juillet, le contact a été renoué. Reste à savoir si cette main tendue débouchera sur des avancées concrètes, ou si elle ne sera qu’un geste de façade dans une campagne qui s’annonce disputée. Le pays, lui, observe – et attend plus qu’un simple échange de courtoisie. Il attend des garanties, des réformes, et une élection à la hauteur de ses aspirations démocratiques.
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