Par La Izoudine Youssef | lementor.net
C’est un geste hautement symbolique qui a marqué la soirée de ce lundi. À la Commission électorale indépendante (CEI), le professeur Sébastien Dano Djédjé, président exécutif du PPA-CI, a déposé le dossier de candidature de Laurent Gbagbo pour l’élection présidentielle du 25 octobre 2025. L’ancien chef de l’État, parrainé dans 27 régions du pays alors que 17 suffisaient, a ainsi vu ses soutiens validés par l’institution électorale. « Dans un pays dit démocratique, il n’y a que par les élections qu’on fait connaître ses idées », a-t-il déclaré, appelant à un scrutin apaisé et exhortant les Ivoiriens à faire leur choix dans la paix.
Ce dépôt couronne plusieurs semaines de mobilisation des militants du PPA-CI, déterminés à ramener leur leader au centre du jeu politique. Dans une ambiance mêlant discipline et ferveur, les slogans « Haut les cœurs, Gbagbo vaincra » ont résonné, comme pour rappeler que, malgré les années et les épreuves, l’ancien président reste une figure centrale de la scène nationale. Pour ses partisans, cette candidature représente un nouvel espoir, un retour attendu, et une volonté d’empêcher ce qu’ils qualifient de « quatrième mandat » du président Alassane Ouattara.
Cependant, cette démarche soulève de sérieuses interrogations juridiques et institutionnelles. Laurent Gbagbo, depuis son retour de La Haye, fait face à une décision de justice qui l’exclut de la liste électorale. Certes, il a bénéficié d’une grâce présidentielle, mais celle-ci ne lui restitue pas ses droits civiques et politiques. En théorie, cette situation l’empêche de concourir à l’élection. C’est donc au Conseil constitutionnel qu’il reviendra de trancher : valider ou non une candidature qui, au-delà du droit, pose une question politique majeure.
La candidature de Laurent Gbagbo est un pari risqué. Elle place la CEI et le Conseil constitutionnel devant une équation délicate : respecter à la lettre les textes en vigueur ou céder à la force symbolique d’une figure politique dont l’influence reste réelle. Dans un contexte où la Côte d’Ivoire aspire à des élections apaisées, l’enjeu est crucial : garantir un processus inclusif sans trahir les fondements républicains de la loi.
Quoi qu’il en soit, avec cette entrée en scène, la présidentielle de 2025 prend une tournure décisive. Entre les ambitions des nouveaux acteurs, le retour des figures historiques et les débats juridiques, le scrutin d’octobre s’annonce comme l’un des plus scrutés et les plus disputés de la décennie.
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