Par AN | Lementor.net
La Côte d’Ivoire vient de refermer une page électorale décisive. Dans un climat maîtrisé et sans tension majeure, les électeurs ont renouvelé leur confiance au président Alassane Ouattara lors du scrutin du 25 octobre, largement salué pour son bon déroulement par la communauté internationale. Beaucoup s’attendaient à une élection sous pression. Il n’en a rien été : d’Abidjan à Korhogo, les files d’attente et l’organisation fluide dans les bureaux ont donné le ton d’une journée apaisée.
Dans une déclaration publiée le 2 novembre, la CEDEAO a d’ailleurs mis en avant « l’atmosphère sereine et apaisée » du vote, soulignant la maturité démocratique du pays.
Cette stabilité doit aussi à la préparation sécuritaire opérée en amont. Le Conseil national de sécurité a déployé l’opération Espérance, mobilisant 44 000 hommes, soit 9 000 de plus qu’en 2020. Une présence dissuasive, mais non contraignante : ni couvre-feu, ni restrictions majeures de circulation.
La bataille s’est également jouée en ligne. Les services de cybersécurité ont travaillé avec les régulateurs pour contrer rumeurs et intox, permettant de limiter les incidents et de maintenir un climat apaisé pendant le scrutin.
Le débat sur une supposée « baisse » de participation (50,1 %) a été nuancé par les chiffres. En réalité, le nombre d’électeurs n’a jamais été aussi élevé : 4,29 millions de votants, soit un million de plus qu’en 2020. En voix, le président sortant gagne plus de 700 000 suffrages supplémentaires et l’emporte nettement avec 89,77 % des bulletins exprimés. Une progression qui conforte sa légitimité.
Avec ce nouveau mandat, le pays ouvre une séquence dédiée à la consolidation. Depuis 2011, la trajectoire est marquée par une croissance robuste, un cadre macroéconomique stable et des réformes structurelles continues. En 2024, la Côte d’Ivoire a attiré 3,8 milliards de dollars d’investissements directs étrangers, se hissant au troisième rang africain. Fitch a maintenu la notation souveraine à BB-, signe que les fondamentaux restent solides.
Sur le terrain, les transformations sont visibles : 94 % des localités électrifiées fin 2024, revenu par habitant passé à 2 700 dollars, essor de filières porteuses (cacao transformé, anacarde, or, énergie). Parallèlement, des mesures sociales revalorisation du SMIG, treizième mois pour les fonctionnaires, gel de produits essentiels, Couverture maladie universelle visent à faire bénéficier les populations de cette croissance.
Le programme 2025-2030 affiche des ambitions claires : faire passer le PIB par habitant de 2 947 à 4 500 dollars, réduire la dette publique à 54,8 % du PIB, et porter l’investissement à plus de 32 %. L’objectif est d’accélérer la montée en valeur de l’économie, en misant sur un secteur privé pesant jusqu’à 23 % du PIB.
Cette feuille de route repose sur six axes principaux : renforcement de la sécurité et de la gouvernance, investissements massifs dans le capital humain, modernisation agricole, industrialisation accrue, dynamisation du secteur privé et création de pôles économiques régionaux. S’y ajoutent une réforme de l’administration pour plus d’efficacité et de transparence.
Les ambitions sociales sont précises : faire passer la pauvreté de 37,5 % en 2021 à 20 % en 2030, et augmenter l’espérance de vie de 62 à 65 ans. Autant d’objectifs qui traduisent une volonté d’étendre les fruits de la stabilité politique à l’ensemble de la population.
Les défis demeurent emploi des jeunes, cohésion territoriale, gouvernance mais la direction est tracée. La décennie qui s’ouvre pourrait être celle de la consolidation du modèle ivoirien : une croissance soutenue, plus inclusive et tournée vers la modernisation.
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