Par AN | Lementor.net
La reconduction de Samuel Eto’o à la tête de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) est intervenue dans un climat institutionnel sous tension, marqué par des relations particulièrement crispées avec le ministère des Sports. Ce dernier avait contesté le processus électoral en demandant qu’il soit annulé, évoquant des irrégularités et le non-respect de procédures officielles. Malgré ces frictions, perceptibles depuis plusieurs mois, l’ancien capitaine des Lions Indomptables a bénéficié du soutien de plusieurs figures du football camerounais et international. Écarté de la sélection en février 2024, Rigobert Song a estimé que ce renouvellement de mandat traduisait la volonté collective de poursuivre les réformes engagées. À l’étranger, le président de la FIFA, Gianni Infantino, a lui aussi félicité Eto’o par téléphone, signe de l’attention accordée à la situation du football camerounais.
Un premier mandat marqué par de fortes turbulences
Si Eto’o conserve une grande influence auprès d’une partie des supporters, son premier mandat a suscité de nombreuses critiques dans les milieux sportifs. Sa méthode jugée tranchante, sa gestion des clubs et ses choix institutionnels ont souvent été contestés. Les sanctions prises par le ministère des Sports suspensions, retraits d’agréments ont alimenté un climat de mécontentement parmi certains dirigeants, qui disent ne pas se reconnaître dans la gouvernance actuelle.
L’échec de l’équipe nationale dans la course à la Coupe du monde 2026 a également fragilisé le bilan du président fédéral. Ne pas décrocher une qualification dans une édition élargie à 48 équipes a été ressenti comme un choc pour un pays habitué à viser les sommets continentaux. Dans le même temps, le bras de fer persistant entre la Fecafoot et le ministère des Sports a contribué à accentuer les tensions, chaque camp défendant sa lecture des prérogatives institutionnelles.
Une contestation qui s’est invitée jusqu’aux portes du scrutin
À quelques heures de l’ouverture de l’Assemblée générale élective, des dizaines d’acteurs du football se sont rassemblés devant le Centre d’excellence de la CAF à Mbankomo pour exprimer leur désaccord. Clubs locaux, dirigeants et membres d’associations sportives ont porté des pancartes fustigeant une gestion jugée centralisée et peu participative. On pouvait lire notamment : « Quatre ans de dérives, ça suffit ! », « La FIFA doit sauver le football camerounais », ou encore « Libérez la Fecafoot ! ».
Ces protestations illustrent le malaise qui traverse le football camerounais depuis plusieurs mois. Les relations fragilisées entre la fédération, les ligues régionales et certains clubs ont terni l’image d’un système longtemps présenté comme un modèle d’organisation en Afrique.
Un second mandat attendu au tournant
Juste après sa réélection, Samuel Eto’o s’est adressé aux membres de l’assemblée en mettant en avant les priorités de sa nouvelle feuille de route. L’un de ses chantiers majeurs concerne la relance des championnats locaux, confrontés à une perte d’intérêt et de compétitivité. Le président de la fédération veut renforcer la structuration des clubs, stabiliser les ligues et améliorer les conditions générales des compétitions.
L’ancien attaquant a également évoqué l’avenir de la sélection nationale, encore marquée par la désillusion du Mondial 2026. Il a insisté sur la nécessité de revoir plusieurs aspects techniques et de renforcer l’encadrement afin de bâtir une équipe capable de porter de nouvelles ambitions. « Nous devons poser des actes forts pour retrouver une équipe performante », a-t-il souligné.
La CAN 2025 comme première ligne d’horizon
Au cœur des priorités figure désormais la prochaine Coupe d’Afrique des nations. Pour un Cameroun privé de Coupe du monde, la CAN 2025 représente une occasion de rebond et un test déterminant pour la nouvelle équipe dirigeante. Une prestation solide pourrait contribuer à restaurer la confiance des supporters et à apaiser les tensions internes.
Dans l’intervalle, Eto’o devra renouer un dialogue apaisé avec l’ensemble des acteurs du football afin de stabiliser un environnement encore fragilisé. Le football camerounais aborde ce nouveau cycle dans un contexte sensible, où attentes, frustrations et espoirs se mêlent.
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