Par AN | Lementor.net
Après une décennie de réformes profondes marquée par le rétablissement de la stabilité politique et institutionnelle, la Côte d’Ivoire aborde une nouvelle phase de son développement avec l’ambition d’accélérer sa transformation économique et sociale. Réélu le 25 octobre 2025 pour un quatrième mandat, le président Alassane Ouattara, dont l’investiture est prévue le 8 décembre, entend prolonger les politiques engagées depuis 2011 tout en inscrivant le pays dans une trajectoire d’adaptation face aux mutations régionales et mondiales.
Le programme 2025-2030 met l’accent sur le renforcement du socle sécuritaire, considérée comme une priorité depuis la sortie de crise. L’État planifie notamment l’augmentation de la présence policière, avec un ratio policiers/habitants qui passerait de 1/509 à 1/400, la mise en place d’un dispositif national d’alerte précoce et l’amélioration de l’indice de cohésion sociale de 58 % à 65 %, afin de réduire les vulnérabilités dans un contexte régional marqué par l’instabilité sahélienne.
Au niveau social, le pays revendique d’importants progrès au cours des dix dernières années, avec la multiplication par trois du nombre de collèges et lycées publics (passés de 294 en 2011 à plus de 900 en 2024) et un effort scolaire élargi avec neuf universités publiques contre trois au début de la décennie. Dans le secteur sanitaire, 82 % de la population vit désormais à moins de cinq kilomètres d’un centre de soins, contre 66 % en 2011, tandis que la Couverture maladie universelle couvre plus de 16 millions de personnes. Pour amplifier cette dynamique, l’État projette le recrutement de près de 70 000 professionnels de santé et l’extension des filets sociaux à quelque 800 000 ménages vulnérables.
Portée par une croissance moyenne d’environ 7 % par an depuis plus d’une décennie, l’économie ivoirienne entend franchir un nouveau cap en misant sur l’industrialisation. Le gouvernement prévoit de porter la part du secteur manufacturier à 20 % du PIB d’ici 2030, d’accroître la transformation locale des matières premières stratégiques, avec 50 % du cacao, 70 % de l’anacarde et 100 % de l’hévéa traités sur le territoire national, ainsi que d’augmenter la capacité énergétique installée de 3 019 MW à plus de 5 000 MW.
En parallèle, l’État poursuit un vaste chantier d’infrastructures visant à moderniser le territoire, incluant la réhabilitation ou le revêtement de 35 000 kilomètres de routes, l’achèvement de la première ligne du métro d’Abidjan, le lancement du TGV Abidjan–Yamoussoukro–Bouaké et l’extension des ports d’Abidjan et de San Pedro. La transition numérique figure également au cœur du programme avec le déploiement de la 5G, la construction de trois centres de données souverains et l’installation de bornes Wi-Fi dans les établissements scolaires et sanitaires.
Cette stratégie s’accompagne d’une volonté de moderniser l’appareil étatique, grâce à la généralisation de la dématérialisation des services publics, l’achèvement du Numéro national d’identification et le renforcement des capacités des collectivités territoriales. Le gouvernement reconnaît toutefois que la décennie qui s’ouvre sera marquée par des défis majeurs : pression démographique, demande d’emplois productifs, transformation agricole, montée en gamme industrielle et nécessité de diversifier les sources de financement dans un contexte international concurrentiel.
À l’horizon 2030, la Côte d’Ivoire vise un PIB par habitant de 4 500 dollars, une espérance de vie de 65 ans et une réduction du taux de pauvreté à 20 %. Ces objectifs, présentés comme ambitieux mais atteignables, traduisent la volonté de consolider les transformations engagées tout en préservant une stabilité désormais perçue comme indispensable. Pour le président Ouattara, il s’agit d’engager le pays dans une dynamique de long terme destinée à préparer les évolutions politiques et économiques à venir.
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